Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a exhorté lundi les autres membres de l’Union européenne à répondre à la demande de son pays et de l’Irlande de suspendre l’accord de libre-échange entre le bloc et Israël en raison de ses actions à Gaza et au Liban.
Depuis des mois, l’Espagne et l’Irlande sont en pourparlers avec d’autres pays de l’UE qui souhaitent une révision de l’accord d’association UE-Israël au motif qu’Israël pourrait violer la clause relative aux droits de l’homme de l’accord. L’accord stipule que le libre-échange entre l’UE et Israël sera « fondé sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques », mais ne précise pas quelles actions seraient considérées comme des violations de l’accord.
L’Union européenne est le premier partenaire commercial d’Israël, grâce notamment à l’accord d’association Union européenne-Israël entré en vigueur en juin 2000. Malgré des campagnes anti-Israël de milieux antisionistes les accords Europe-Israël ne sont pas du tout menacés. Israël garde des relations uniques et solides avec l’Allemagne, Pologne…
À bien des égards, l’UE et Israël sont très proches. L’UE est le principal partenaire commercial d’Israël. Nous coopérons avec Israël dans un large éventail de domaines, plus d’ailleurs qu’avec n’importe quel autre pays de la région. Israël a des résultats impressionnants dans le cadre de notre programme de recherche Horizon. Israël est, par exemple, à l’avant-garde dans les domaines des technologies de l’eau et de l’agriculture dans des climats chauds, ce qui est très intéressant pour nous. Dans le domaine de l’énergie, nous avons signé récemment un accord trilatéral avec l’Égypte, qui permettra au gaz israélien d’arriver dans l’UE.
En outre, les contacts interpersonnels entre l’UE et Israël sont intensifs. De nombreux Israéliens vivent en Europe et de nombreux citoyens européens vivent en Israël. L’UE a adopté une vaste stratégie de lutte contre l’antisémitisme, question qui constitue une priorité essentielle pour l’UE et Israël ».
L’accord UE/Israël donne un accès privilégié à Israël au marché de l’UE et est soumis “au respect des droits humains et des principes démocratiques” par les parties.
Le saviez-vous? En France, les principales têtes de liste de gauche, de Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique) à Manon Aubry (La France insoumise), en passant par Marie Toussaint (Europe Ecologie-Les Verts) ont réclamé la suspension de cet accord.
La base légale des relations entre l’UE et Israël repose sur un accord d’association, signé en 1995 puis entré en vigueur en juin 2000. Celui-ci permet des échanges commerciaux dans un cadre de libre-échange dans plusieurs secteurs, notamment industriel et agricole. Les liens économiques entre les deux parties sont importants, l’UE étant le premier partenaire commercial d’Israël. En 2022, 24 % des exportations israéliennes étaient dirigées vers les Vingt-Sept, tandis que 31 % des importations provenaient de l’Union, selon un rapport français du Trésor.
Israël est intégré à la politique de voisinage de l’UE, qui vise à assurer de bonnes relations politiques et économiques avec les voisins des Etats membres. Le pays est plus précisément inclus dans le Partenariat Euromed, le volet de la politique de voisinage destiné aux pays du pourtour méditerranéen. Dans ce cadre, l’Etat hébreu fait ainsi parti du programme Erasmus+, qui permet aux jeunes Européens d’effectuer des mobilités en Israël, et inversement. Aux côtés des Vingt-Sept mais également de la Palestine et de 14 autres pays, Israël est membre de l’Union pour la Méditerranée (UpM), organisation ayant notamment pour objectif de renforcer Euromed.
La coopération entre l’UE et Israël concerne aussi le domaine scientifique. Le pays participe à Horizon Europe, programme de l’UE pour l’innovation et la recherche doté de plus de 95 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Israël est aussi partie prenante de Galileo, l’équivalent européen du GPS.
Enfin, désireuse de réduire sa dépendance aux énergies fossiles russes après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, l’UE s’est également rapprochée de l’Etat hébreu dans le but d’augmenter ses importations de gaz en provenance du pays.
LE PLUS. SELON CAIRN.
« Les Israéliens perçoivent l’Union comme un agrégat d’États sans capacité et/ou volonté politiques de peser fortement dans les affaires du Moyen-Orient – Allemagne, Italie, Danemark par exemple – et d’États plutôt hostiles tels que la France et la Belgique.
Au pire, la représentation de l’Europe est celle d’un continent autrefois massacreur de juifs, aujourd’hui vendu aux intérêts arabes, en proie à la pénétration de l’islam et conciliante avec un antisémitisme renaissant.
Même le vice-Premier ministre Shimon Péres, grand francophile et pro-européen convaincu, et dont on se souvient qu’il bâtit le processus d’Oslo avec pour modèle le couple franco-allemand et pour objectif la création d’un Marché commun du Proche-Orient à l’exemple de feu la CEE, n’a jamais réellement envisagé l’intégration future d’Israël au sein de celle-ci.
Au fond, les Israéliens se satisfont fort bien du schéma prévalant depuis la fin des années 1990; un partenariat économique et commercial fructueux – notamment par le truchement de l’accord de libreéchange économique Israël-UE – n’impliquant pas de compromis politique au sein d’une Europe dont l’inclination idéologique (antiaméricanisme, antisionisme) et démographique (poids des minorités musulmanes) la vouerait à abuser de sévérité à l’encontre de l’État hébreu. Cette situation paraît d’autant plus confortable qu’Israël bénéficie d’un accord de libre-échange tant avec l’UE qu’avec les États-Unis ».