Elections aux Etats-Unis. L’Express : La campagne de Harris vacille. L’Effet McDonald’s pour Donald Trump. Tim Walz et Kamala. 

Par |2024-10-27T13:13:31+01:0027 Oct 2024|Catégories : EDITORIAL|

Les israéliens, dans leur très grande majorité, n’ont aucune confiance en Kamala Harris. Et ils souhaitent plus que tout : la chute de la candidate démocrate. Et la victoire de Trump. L’article ci-dessous devrait leur faire très plaisir! La candidate Démocrate s’était rendue en Israël en 2017, accompagnant son époux juif au mur Occidental ; elle a dénoncé avec force les atrocités du Hamas mais affiché de la sympathie à l’égard des manifestations anti-israéliennes.

A Noter. McDonald’s : « C’est une scène qui restera, probablement, dans les annales ! À quelques jours de l’élection présidentielle américaine, le candidat républicain – et accessoirement ancien président – Donald Trump a enflammé la toile en se mettant en scène dans un établissement de chaîne de restauration rapide McDonald’s situé à Feasterville, en Pennsylvanie.

L’occasion pour lui de délivrer des déclarations visant à discréditer l’affirmation de son adversaire démocrate, Kamala Harris, selon laquelle elle aurait travaillé dans un restaurant du fast-food dans les années 1980″.

L’EXPRESS (Copyrights). Depuis sa nomination comme colistier de Kamala Harris, le gouverneur du Minnesota Tim Walz incarne l’instabilité démocrate. Entre sondages défavorables, invectives, et maladresses en meeting, la campagne de Harris vacille. Les vieilles stratégies contre Trump peinent à séduire, et l’inquiétude grandit.

Les républicains l’ont rebaptisé « Tampon Tim » pour avoir fait installer des distributeurs de protections hygiéniques dans les toilettes des écoles de son État. Depuis que le gouverneur du Minnesota est devenu le colistier de Kamala Harris, Walz tient pourtant davantage du thermomètre que de son surnom.

Quand il s’excite à multiplier les gestes de sémaphore en meeting, les mains balayant le ciel, c’est que tout va bien pour les démocrates. Quand il prend un air grave, incliné sur son micro pour dire, par exemple, que si Trump est élu, « ses opposants finiront en prison », adoptant une attitude affectée comme s’il se préparait déjà à être arrêté, c’est que ça va mal pour les démocrates. Or, en ce moment, Walz se penche beaucoup sur son pupitre. Car si rien n’est fichu, la lune de miel avec Kamala Harris appartient au passé. À dix jours du scrutin, si près du but, c’est ballot. La « joie » que promettait d’apporter la candidate à la campagne a disparu au profit d’un affolement fait d’invectives et d’accusations. Les coups bas distribués, les opérations stars en tournée : tout tourne au fiasco.

Premier symptôme de cette campagne qui prend l’eau, une série de sondages qui se sont brutalement resserrés. La voilà au mieux à égalité avec l’ancien président, au pire à quelques points derrière dans la plupart des sept États clés qui, du fait du système de scrutin indirect sous forme de collège électoral, feront l’élection.

Un sondage du Wall Street Journal, paru jeudi 24 octobre, donnait même, pour la première fois, Trump gagnant du vote populaire face à la remplaçante de Biden !

Il y a certes eu un « effet McDonald’s », visible auprès des jeunes et des minorités qui ont apprécié la visite du républicain dans un des établissements de la chaîne, il y a une semaine, dans une banlieue de Philadelphie.

Mais il y a surtout les bévues de la candidate qui a commencé à dévisser le 14 octobre (une éternité en Amérique !), après son interview ratée à Fox News, face à Bret Baier, où elle s’est montrée peu convaincante sur l’immigration, ou lorsqu’elle a accusé à demi-mot Trump d’être trop vieux pour diriger le pays, alors même que le sujet de la santé de Biden était encore tabou il y a quelques mois. Jeudi, la candidate répétait l’exercice, cette fois-ci sur CNN, une chaîne plus amicale à son égard, dans une émission où elle répondait à des électeurs indécis de Pennsylvanie. Interrogée sur l’immigration, elle a préféré s’en prendre aux républicains qui ont refusé un accord bipartisan, sans répondre aux objections du modérateur, Anderson Cooper, qui lui demandait pourquoi les mesures qu’elle prône maintenant n’avaient pas été adoptées durant les deux premières années du mandat de Biden.

Kamala Harris sur la voie de Hillary Clinton ? « Ce que les démocrates n’ont toujours pas compris… »

S’il reste optimiste quant aux chances de victoire de la candidate démocrate face à Trump, Alex Shepard, journaliste à The New Republic voit des signaux peu rassurants dans la manière dont Kamala Harris mène campagne…

Rien de tel qu’une discussion avec un journaliste américain de gauche pour mesurer la fébrilité du camp démocrate à quelques jours de la présidentielle la plus importante peut-être de l’histoire des Etats-Unis.

Dans un article publié récemment dans le magazine The New Republic et intitulé Kamala Harris commet les mêmes erreurs qu’en 2019, Alex Shepard explique pourquoi selon lui, la candidate démocrate, malgré son charisme et son talent oratoire, n’a pas vraiment comblé les lacunes qui l’ont contrainte à jeter l’éponge il y a cinq ans lors de la primaire qui l’opposait notamment à Joe Biden. S’il note que depuis trois mois, Kamala Harris, une candidate « solide », a défié les sceptiques – dont il « fait partie » – et « apaisé les inquiétudes quant à son pouvoir d’attraction », Alex Shepard juge l’ancienne sénatrice de Californie trop « prudente » et toujours aussi « floue » sur le fond. Regrettant au passage que les démocrates n’aient toujours pas compris comment combattre le redoutable Donald Trump sur le plan politique.

Si elle a au moins l’avantage de ne pas être détestée par une partie des électeurs comme l’était Hillary Clinton en 2016, Kamala Harris mène une campagne qui en bien des points reproduit les mêmes erreurs que l’ancienne candidate démocrate, constate le jeune journaliste qui couvrait déjà l’élection à l’époque. Et qui croit encore malgré tout que la victoire de Kamala Harris est possible. Un vœu pieux ? Entretien.

L’Express : Selon vous, Kamala Harris est une meilleure candidate aujourd’hui qu’elle ne l’était lors de la primaire démocrate de 2019. Mais vous estimez dans le même temps qu’elle reproduit toutefois les mêmes erreurs. C’est-à-dire ?

Alex Shepard : Il y a cinq ans, Kamala Harris était une sorte de néophyte en matière de politique à bien des égards. Comme vous le savez, elle a eu une longue carrière de procureure et ne s’est faite élire au Sénat qu’en 2017. Elle a eu aussi du mal à émerger face à une nouvelle génération de candidats démocrates comme Pete Buttigieg, le jeune maire de South Bend, dans l’Indiana.

Je pense aussi qu’à l’époque, ce n’était pas vraiment une campagne qu’elle souhaitait mener. En tant que vice-présidente, elle a généré beaucoup de mécontentement au sein de l’équipe Biden mais elle a eu à gérer des dossiers vraiment ingrats, comme assurer la liaison avec les pays d’Amérique centrale confrontés à la crise des migrants.

Et elle en est ressortie, de mon point de vue, avec une meilleure compréhension des questions politiques. Cette élection lui correspond davantage en ce qu’elle lui permet de mettre en avant ses points forts, notamment ses qualités d’oratrice et de leader charismatique. Tout cela plaide en sa faveur. Elle semble plus dans son élément à mener une campagne électorale générale qu’elle ne l’était à mener la campagne des primaires. En revanche, tout comme il y a cinq ans, ses promesses de changement restent vagues. Cela reste aujourd’hui son plus gros problème. Le fait de savoir quelle politique elle mènerait en tant que présidente des Etats-Unis, comment elle conçoit la présidence elle-même, ce qu’elle souhaite pour le Parti démocrate, toutes ces questions restent encore ouvertes alors même que le scrutin est dans seulement quelques jours…

Une des principales critiques à l’encontre de Kamala Harris porte sur son manque supposé de vision pour l’Amérique. Que veut-elle pour son pays ?

C’est vrai et je crois que cela s’explique en partie par la crise existentielle qui a émergé en 2016 chez les démocrates, avec à la fois la campagne fougueuse de Bernie Sanders et la défaite d’Hillary Clinton face à Donald Trump. Cette crise n’a jamais été vraiment résolue. En 2020, lors de la dernière primaire démocrate, Joe Biden a fait une sorte de synthèse en se présentant comme cet homme d’État qui sait faire des compromis, qui sait comment travailler avec le Congrès, avec une approche incrémentielle des dossiers. Il a cherché en quelque sorte à ramener le parti démocrate à l’époque du New Deal, en mettant l’accent sur le plein-emploi. C’était une primaire progressiste à bien des égards. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Nous avons en quelque sorte sauté cette partie du processus puisque Kamala Harris a dû remplacer au pied levé Joe Biden. Et pour sa défense, je pense qu’il n’y a que peu de candidats qui peuvent dire aujourd’hui : « Voici où en est le Parti démocrate en ce moment et quelle direction il doit prendre ». Le dernier à avoir fait cela, c’est Barack Obama. Il comprenait instinctivement quoi faire. Mais des Barack Obama, vous en voyez passer un tous les demi-siècles.

Donc pour revenir à votre question, je pense que Kamala Harris, en l’absence d’une primaire, n’a pas eu le temps de vraiment répondre à toutes ces questions. Sa priorité a été de déterminer assez vite à quelles catégories d’électeurs elle devait s’adresser pour espérer l’emporter. Ce qui a donné une campagne essentiellement micro-centrée sur la conquête des électeurs blancs âgés dans trois États : la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin, ainsi que les électeurs républicains qui avaient voté Nikki Haley lors de la primaire.

Son approche stratégique, en grande partie tournée vers les électeurs républicains modérés, nuit-elle à la lisibilité de son programme et de sa vision pour l’avenir du pays ?

Vous savez, je travaille pour un magazine classé à gauche, donc forcément, cette approche me déprime (Rires). La théorie de Kamala Harris, c’est que le centre de gravité du pays s’est considérablement déplacé vers la droite. Elle a donc vraiment essayé de micro-cibler son approche à plusieurs niveaux. D’abord, sur l’immigration. En cela, son programme se rapproche de celui des républicains en 2018 tandis que le Parti républicain s’est lui-même déporté sur la droite en matière d’immigration, Trump expliquant désormais qu’il souhaite expulser 15 à 20 millions de personnes. Sur ce sujet, il n’y a pas de véritable vision du côté de Kamala Harris. C’est comme l’économie. Elle se contente en quelque sorte de dire « Vous voulez moins d’inflation et de chômage ? Je vais réduire certaines des mesures économiques les plus progressistes qui sapent la confiance ». « Vous n’aimez pas l’immigration ? Je vais sévir contre l’immigration illégale ». Tout cela est défendable étant donné qu’il s’agit d’une élection où le fait de gagner dans ces trois Etats que j’ai mentionnés plus tôt peut lui permettre de l’emporter le 5 novembre.

La campagne de Kamala Harris me rappelle en bien des points les dernières élections au Royaume-Uni, où le parti travailliste de Keir Starmer expliquait aux électeurs : « Vous n’aimez pas le parti conservateur ? Nous sommes un peu comme eux à certains égards, mais nous ne sommes pas vraiment eux ». Les collaborateurs de Kamala Harris se sont inspirés, je pense, de la campagne des travaillistes au Royaume-Uni. Dans une certaine mesure, leur approche fonctionne comme prévu. Mais je n’ai toujours pas de réponse claire à la question de savoir comment Kamala Harris entend gouverner. Je constate simplement qu’elle adopte une approche qui ressemble essentiellement à celle d’un parti républicain version modérée.

Le spectre de la défaite d’Hillary Clinton plane sur la campagne de Kamala Harris. Voyez-vous une différence entre les deux candidates ?

La plus grande différence avec Hillary Clinton, c’est qu’en 2016, celle-ci était dans le paysage politique depuis vingt-quatre ans ! Elle était au moins dans le top 2 des personnes que les électeurs républicains détestaient littéralement depuis 1992. Kamala Harris n’affronte pas ce genre de vents contraires.

Lorsque vous parlez aux électeurs et que vous les questionnez sur ce qu’ils pensent de Kamala Harris, ce que vous entendez souvent c’est : « je ne sais pas qui elle est », « je ne lui fais pas confiance », « pourquoi dit-elle qu’elle est différente de Joe Biden alors qu’elle a été sa vice-présidente ? ». En 2016, lorsque vous discutiez d’Hillary Clinton avec des électeurs, ces derniers la méprisaient, ils disaient des choses que vous ne pourriez même pas lire dans un journal français (Rires).

Si je mets de côté la personnalité des deux candidates, la campagne menée par Kamala Harris est en revanche relativement similaire à l’approche d’Hillary Clinton en 2016, qui s’adressait principalement aux électeurs conservateurs blancs plus âgés. Ils partaient de l’idée qu’il existait une grande partie de l’ancien électorat conservateur qui détestait Donald Trump, qui avait peur de lui et qui pensait qu’il était une insulte à la tradition du Parti républicain. Or, il s’est avéré que ce n’était pas du tout le cas.

Kamala Harris, je pense, fait quelque chose d’un peu similaire en essayant de montrer qu’elle est une sorte de dure à cuire, une ancienne procureure tendance conservatrice à qui le milieu militaro-industriel fait confiance, qui a le soutien des brahmanes de l’ancien parti républicain, des gens comme Dick Cheney et Liz Cheney. Le problème avec cette approche, c’est que vos électeurs potentiels finissent par se demander, à juste titre, ce que vous représentez réellement. Vous dites « tous les républicains m’apprécient, mais n’êtes-vous pas la représente du Parti démocrate ? ». Et je pense qu’il n’y a pas beaucoup de preuves dans l’ère post-Trump qui montrent que vous gagnez des électeurs républicains sceptiques à l’égard de Trump en faisant appel à eux sur le plan politique.

Pensez-vous qu’attaquer Trump sur sa personnalité, ses excès, en le qualifiant de fasciste puisse être payant pour les démocrates ?

Utiliser le terme fasciste pour décrire la direction que prend la campagne de Trump ne me semble pas injustifié à bien des égards. Cependant, je pense que là où les démocrates se sont toujours trompés, c’est qu’ils n’ont pas compris l’attrait de Donald Trump auprès de ses électeurs.

Ce qui fait son attrait, c’est justement le fait qu’il soit une aberration. Ses électeurs l’aiment parce qu’il n’est pas comme les autres politiciens. Et qu’il promet, vous savez, de « briser la roue » de la politique américaine, pour reprendre cette expression de Game of Thrones (Rires), dans le sens où il veut tout remettre à plat.

Les gens n’aiment pas le système, ils pensent qu’il est corrompu et on ne peut pas vraiment le leur reprocher, n’est-ce pas ? Beaucoup de gens ont été laissés-pour-compte et ils n’aiment pas non plus l’idée que « des élites culturelles » les dominent. Selon moi, l’affirmation selon laquelle les électeurs de Trump sont anxieux sur le plan économique a toujours été exagérée. L’électeur typique de Trump n’est pas un pauvre gars qui vit de l’aide sociale, sur un tracteur dans le fin fond du Tennessee. C’est l’Américain moyen propriétaire d’une petite concession automobile à Akron, dans l’Ohio. Et là où les démocrates font fausse route, c’est quand ils font passer Trump pour une aberration auprès de ces électeurs. Or, Trump sort tellement des sentiers battus qu’ils ne font ainsi que renforcer cette idée qu’il n’est pas comme les autres politiciens. Sur ce plan-là, je relève toutefois que la campagne de Harris est tout de même plus habile que celle de Clinton. Son approche va plus loin et consiste en quelque sorte à dire « Vous aimez peut-être sa façon de parler, il peut sembler être un dur à cuire mais la seule réalisation législative de son premier mandat est une gigantesque réduction d’impôts pour les entreprises et les personnes les plus riches. Et sur l’immigration, il a construit un mur, mais c’est un symbole, cela n’a servi à rien ».

Kamala Harris a-t-elle passé trop de temps à critiquer Trump au lieu de parler de son propre programme ?

C’est une bonne question. Idéalement, il faut pouvoir faire les deux. Mais il faut se rendre compte du niveau de découragement qui était celui des électeurs démocrates quant à l’éventualité d’un duel Biden-Trump. Donc je pense que ce que Harris essaie de faire, c’est simplement de dire « je suis la solution pour vous sortir de ce pétrin ». Beaucoup d’électeurs sont peut-être encore curieux de Trump, mais ils sont dans le même temps fatigués de lui, fatigués de cette ère politique. L’avantage de Kamala Harris, c’est justement de ne pas être un vieil homme blanc qui est là depuis toujours. En revanche, ce qui lui manque, c’est la capacité de dire « vous en avez assez de Donald Trump ? Vous en avez assez de cette sorte d’impasse partisane et de l’état de la politique américaine ? Je ne suis pas Donald Trump. Je suis différente ». Comme je vous l’ai dit, le problème, c’est qu’elle n’arrive pas à dire en quoi le monde qu’elle propose sera différent. Et ce, contrairement à Joe Biden, dont paradoxalement, l’âge avancé a été un avantage pour lui en 2020 après le mandat de Trump parce qu’il pouvait affirmer : « Regardez, je représente une époque plus ancienne, plus civile. Nous allons y revenir ». Kamala Harris, elle, dit : « Nous ne reviendrons pas à cette époque-là ». Très bien, mais alors où allons-nous ?

Barack Obama intervient beaucoup dans la campagne. Est-ce vraiment une bonne chose pour Kamala Harris ? Cela pourrait donner l’impression qu’elle ne peut pas se débrouiller seule…

C’est parce qu’elle a des faiblesses en tant que politicienne qu’il est important pour Kamala Harris d’avoir le soutien affiché de ces poids lourds démocrates. Barack et Michelle Obama ne sont pas seulement les deux démocrates les plus populaires du pays, mais les deux personnalités politiques les plus populaires des Etats-Unis. L’ancien président est particulièrement apprécié des jeunes électeurs et des électeurs noirs, deux groupes avec lesquels Kamala Harris a du mal, du moins par rapport à la position traditionnelle des démocrates. Sans compter que l’équipe de campagne de Kamala Harris est composée en grande partie d’anciens membres de l’équipe Obama. En d’autres termes, il s’agit d’un porte-parole de poids, dont l’influence est bien plus grande que celle de Liz Cheney, par exemple. De plus, aux Etats-Unis, en tant qu’ancien président, il serait insensé qu’il ne soit pas présent. Les démocrates ont même trouvé un rôle pour Bill Clinton – une figure pourtant beaucoup moins consensuelle -, en tant qu’émissaire auprès des électeurs noirs et plus âgés en Géorgie.

Kamala Harris a aussi reçu le soutien de personnalités du showbiz. Le rappeur Eminem, notamment, était présent dernièrement lors d’un meeting dans le Michigan. Cela peut-il faire la différence ?

Kamala Harris a besoin que Détroit (ville dans laquelle a grandi le rappeur) se mobilise de manière importante (NDLR : le Michigan est l’un des Etats-clés de cette élection) mais je pense que nous avons vu les limites de l’influence des célébrités ces dernières années. Hillary Clinton a mené une campagne incroyablement axée sur la culture pop et les stars, mais cela n’a pas vraiment eu d’effet. Il est intéressant de noter que les démocrates ont eu du mal à trouver des célébrités plus jeunes ayant un fort attrait pour la classe ouvrière. Bruce Springsteen, à 75 ans, travaille encore. Eminem témoigne de leurs efforts pour trouver un remplaçant au « Boss ». Mais les démocrates auront beau disposer d’un large éventail de superstars, cela ne fonctionne pas, car tout le discours de Trump consiste à dire qu’il représente une rupture par rapport à tout cela. L’ancienne époque est révolue. Il n’y a plus que moi sur une scène.

Si Kamala Harris échoue, à quoi ressembleront les États-Unis le 6 novembre ?

Pour les Etats-Unis, ce sera un véritable pandémonium. Les résultats seront sans doute très serrés. Les retombées seront cauchemardesques. Si Harris gagne de justesse, il y aura une réponse vraiment effrayante de la part de l’équipe Trump. Si Trump gagne, on assistera à une tentative d’épuration de la main-d’œuvre fédérale, à une volonté d’expulser au moins un million de personnes, à des tentatives de déploiement de l’armée.

Pour le Parti démocrate, je pense qu’il s’agira d’un moment existentiel, du même ordre que celui qu’on a connu dans les années 1980 lorsqu’il s’est fait botter les fesses par Ronald Reagan. Après les défaites écrasantes de 1980 et de 1984, les démocrates se sont réorganisés. Ils ont constaté que le pays s’était déplacé vers la droite et qu’ils devaient changer de braquet pour gagner à nouveau des élections. Ils ont mis entre parenthèses les questions de justice économique et raciale, ils ont abandonné les syndicats et ils se sont ralliés au monde des affaires. Je pense que vous pouvez déjà observer un tel changement dans la campagne de Kamala Harris, qui a abandonné presque toutes les propositions à la Bernie Sanders qu’elle avait adoptées lors de sa course aux primaires qu’elle a perdue il y a cinq ans, et qui se présente avec une approche conservatrice de l’immigration. Si Harris l’emporte le 5 novembre, il y aura probablement un gouvernement démocrate plus favorable aux entreprises. Il y aura des efforts pour « sécuriser » la frontière et réprimer l’immigration illégale. Dans tous les cas, que ce soit Harris ou Trump, les Etats-Unis seront bien plus à droite qu’il y a quatre ans.

L’EXPRESS
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