Comment Israël contourne le boycott de la Turquie… grâce aux Palestiniens.
Confrontés à un gel total des relations commerciales décrété par la Turquie au nom de la solidarité avec le Hamas, les importateurs israéliens ont recours à des Palestiniens de Cisjordanie pour contourner l’obstacle.
C’est une sorte de ruse de l’histoire. Des hommes d’affaires israéliens exploitent une lacune du boycott total décrété en mai contre leur pays par le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Ils font appel à des intermédiaires palestiniens de Cisjordanie ou de Jérusalem-Est pour contourner cette sanction, prise par Ankara pour exprimer sa solidarité envers les Palestiniens de la bande de Gaza.
LE PLUS.
En 2023, la Turquie a été le quatrième partenaire commercial d’Israël, pour des montants de plusieurs milliards de dollars d’exportations. (Les exportations d’Israël vers la Turquie sont d’un volume bien moindre : il s’agit principalement de pétrole et de fournitures industrielles.)
En sa qualité de septième producteur alimentaire mondial, la Turquie était jusqu’alors la principale source d’approvisionnement israélienne pour certains produits de base comme les pâtes ou le chocolat. Et la proximité des deux pays – il y a 600 km à vol d’oiseau, par la mer entre Mersin, le plus grand port du sud de la Turquie, et Tel Aviv – avait fait de la Turquie une source d’approvisionnement incontournable pour la nourriture et les matériaux de construction.
« Compte tenu de la proximité géographique de la Turquie, on peut commander une chose et l’avoir en quelques jours », explique Hay Eitan Cohen Yanarocak, juif d’origine turque, spécialiste des relations turco-israéliennes à l’Université de Tel Aviv. « C’était un énorme avantage pour l’homme d’affaires israélien, qui préférait avoir affaire avec la Turquie plutôt qu’avec des horizons plus lointains. »