EDITORIAL. DR. À l’échelle internationale, Bruno Retailleau l’assume sans détours : « Il faut protéger le droit d’Israel à se défendre ». L’homme n’a pas supporté le mandat d’arrêt requis par le procureur de la CPI à l’encontre de Benjamin Netanyahu et a exprimé avec force sa solidarité avec Israël.
En Octobre 2023, Bruno Retaileau, alors le chef de file des sénateurs Les Républicains au Sénat avait annoncé, au micro de Public Sénat, « prendre une initiative parlementaire concernant la situation entre Israël et la Palestine ».
A la sortie d’une séance de questions au gouvernement marquée par une série d’hommages et de marques de solidarité envers les victimes israéliennes de l’attaque du Hamas, Bruno Retailleau a d’abord réitéré sa « solidarité absolue et totale vis-à-vis d’Israël et du peuple israélien ». « Mais on peut aller plus loin », a poursuivi le sénateur de droite, « et nous préparons avec plusieurs groupes une résolution pour condamner les choses et surtout les nommer. C’est le plus important aujourd’hui ». Chaque assemblée du Parlement a la possibilité de voter des résolutions, qui n’ont pas de valeur contraignante, mais qui marquent l’expression d’un souhait ou d’une préoccupation.
« Ce n’est pas un crime de guerre »
Dans cette optique, Bruno Retailleau a salué les termes de « crimes contre l’humanité », employés par le président du Sénat, Gérard Larcher. « Gérard Larcher utilise toujours les bons mots. Il réfléchit quand il s’exprime », a abondé le sénateur de Vendée, pointant en creux l’attitude et les mots employés par La France Insoumise. « Ce n’est pas un crime de guerre », a affirmé Bruno Retailleau, en opposition aux termes choisis par les insoumis. « Crime de guerre, cela voudrait dire que l’on considère le Hamas comme une armée régulière. C’est un groupe terroriste, ce n’est donc pas de cette catégorie dont il s’agit. Il s’agit bien d’un crime contre l’humanité. Il faut assumer cette qualification », a insisté le chef de file de la droite LR au Sénat.
Mais au-delà des termes, Bruno Retailleau attend surtout de « l’action » de la part du gouvernement. « Il faut bien vérifier dans les fonds » destinés au peuple palestinien pour « s’assurer que les fonds ne vont pas dans la poche des terroristes ».
Mobilisation de la macronie.
Outre ses engagements sécuritaires, cet ancien lieutenant de Philippe de Villiers a pris des positions particulièrement rétrogrades avec la « Manif pour Tous », contre le mariage pour tous, contre l’introduction de l’IVG dans la Constitution.
Du coup, la mobilisation contre sa promotion a été forte, à l’initiative de la gauche cela va de soi, mais aussi de nombreux macronistes tel le député Ludovic Mendès qui mettait en garde contre « cet énorme pas en arrière », ou encore Anne Genetet la nouvelle ministre de l’Education nationale qui, elle, expliquait que cette nomination exigerait « une grande vigilance » ! Ambiance au conseil des ministres… Mais cette mobilisation n’a pas permis d’empêcher la nomination de Bruno Retailleau Place Beauvau.
Garnier écartée de la famille.
Elle a toutefois permis que la complice du ministre de l’Intérieur, la sénateur de Vendée Laurence Garnier, figure parmi les plus rétrogrades, n’occupe pas le ministère de la famille. Elle aussi avait manifesté contre le mariage pour tous et voté contre l’introduction de l’IVG dans la Constitution. Mais elle n’en figure pas moins au gouvernement à la demande expresse de Bruno Retailleau et avec l’approbation de Michel Barnier, pas précisément un progressiste en matière de mœurs !
On se souvient que, député de Savoie, il avait voté en 1981 contre la dépénalisation de l’homosexualité et contre le remboursement de l’IVG. On ne s’étonnera donc pas de relever un recul de la parité dans ce gouvernement : tous les ministères régaliens sont occupés par des hommes. Le gouvernement Barnier, c’est macho land, en contradiction totale avec le macronisme qui s’est toujours affiché comme un libéralo-progressisme.
Contradictions béantes
Les contradictions sont béantes au sein du gouvernement et de la nouvelle majorité (relative) entre l’aile droitière- disons l’aile Retailleau-Barnier- et l’aile centre gauche, disons Attal–Migaud, le nouveau ministre de la justice. On peut prédire que ça va secouer, mais pas seulement en matière de mœurs où l’on voit cependant tous les jours, avec le procès Mazan qui alerte tant les Français, que l’égalité entre les femmes et les hommes demeure un combat !
Sur l’immigration, les affrontements pourraient être rudes : Michel Barnier et Bruno Retailleau ont pris des positions très dures. Ils semblent l’un et l’autre avoir renoncé à la suppression de l’aide médicale d’Etat ; mais le Premier ministre parait toujours décidé à faire voter une énième loi sur l’immigration, alors que la gauche de la majorité est à cran depuis la dernière en grande partie retoquée par le conseil constitutionnel.
A propos de la sécurité aussi, le nouveau ministre de l’Intérieur et son chef de gouvernement veulent se ménager les bonnes grâces du RN. Ils vont donc sans doute relancer les peines plancher et la double peine. Le rétablissement de l’autorité, c’est leur mantra commun. Mais pour cela, il faut être soi-même exemplaire. Or, Bruno Retailleau a toujours considéré que la justice était trop laxiste envers les populations des quartiers et trop sévère contre les… hommes politiques. Comme le dit pourtant le proverbe « sévérité bien ordonnée commence par soi-même ».