Les forces israéliennes auraient piégé les bipeurs du Hezbollah avant leur livraison (média étrangers, non israéliens). Israël n’a pas revendiqué les attaques par bipeurs. Un buzzer ou bipeur est un élément électromécanique ou piézoélectrique qui produit un son caractéristique quand on lui applique une tension : le bip. Certains nécessitent une tension continue, d’autres nécessitent une tension alternative.

Ce sont les bipeurs que des militants du Hezbollah portent généralement à la ceinture, qui ont explosé, quasiment au même instant dans tout le pays, vers 15h30, blessant leurs détenteurs et parfois les gens autour d’eux. Des images de vidéosurveillance postées sur les réseaux sociaux montrent plusieurs de ces explosions, survenues là où se trouvaient les membres du Hezbollah à cet instant : au marché, dans une boutique, dans la rue.

Si l’utilisation de cet ancêtre du téléphone portable peut surprendre, elle avait été décidée par le Hezbollah pour remplacer les téléphones portables, jugés trop facilement piratables par les services secrets israéliens. Les appareils qui ont explosé, après avoir surchauffé selon certaines sources, feraient partie d’un lot récemment acheté par l’organisation. Le bipeur, qui a connu son heure de gloire dans les années 1980 et 1990, n’est plus utilisé que dans des secteurs spécifiques, comme les hôpitaux américains.

Selon un journal Libanais : « Nous avons accueilli des blessés graves, dont certains sont actuellement dans un état critique mais devraient s’en sortir. D’autres blessés sont encore hospitalisés, mais dans un état stable. C’était l’horreur, tous les blessés sont arrivés en même temps. La plupart avaient des blessures au visage et aux mains, certains au ventre. Il a fallu faire des scanners, des radios et des examens avant de les opérer en urgence absolue. »

Une opération d’une sophistication rare aurait été menée par Israël contre le Hezbollah au Liban, selon des sources citées par Sky News Arabia. Un haut responsable du Hezbollah a déclaré à Reuters que le secrétaire général Hassan Nasrallah n’a pas été atteint lors de cette vague d’explosions de bipeurs.

L’agence de renseignement israélienne aurait réussi à intercepter et modifier les appareils de communication du groupe terroriste avant même leur livraison.  D’après ces sources, les israéliens auraient placé du PETN, un explosif puissant, sur les batteries des bipeurs.

L’explosion aurait été déclenchée à distance en augmentant la température des batteries. Cette attaque d’envergure a fait plusieurs morts et des milliers de blessés.  Le Wall Street Journal rapporte que certains membres du Hezbollah, sentant leurs appareils chauffer, s’en sont débarrassés juste avant les explosions. Une source sécuritaire libanaise, citée par Al Jazeera, précise que moins de 20 grammes d’explosif ont été utilisés par appareil et que les bipeurs piégés avaient été importés il y a cinq mois.

Les dirigeants de la défense israélienne pensent  que le Hezbollah se prépare à lancer une opération militaire contre Israël. Les officiers supérieurs ont été convoqués à une réunion spécial à la Kyria, le quartier central de Tel Aviv qui abrite notamment la principale base de l’armée israélienne.

LE PLUS. Selon le Haaretz, les plus hauts responsables de la sécurité israélienne ont été convoqués à une réunion d’urgence avec le gouvernement, au cours de laquelle il leur a été demandé de présenter des options pour faire face à l’escalade de la situation sécuritaire avec le Hezbollah dans le nord du pays.

Cette réunion « a renforcé les craintes que le Hezbollah ne se prépare à une action militaire contre Israël », selon le journal israélien.

Haaretz rapporte que des rapports récents des services de renseignement israéliens ont « détecté des signes inhabituels de préparatifs militaires du Hezbollah dans le sud du Liban », ajoutant que l’armée israélienne « s’efforce de trouver un équilibre entre la retenue tout en négociant un accord de sécurité par le biais d’intermédiaires au Liban et en envisageant la nécessité d’une frappe préventive pour empêcher le Hezbollah d’obtenir un avantage militaire ou de propagande ».

LE PLUS. Hanin Ghaddar, chercheuse au Washington Institute for Near East Policy :

« C’est une opération très vaste qui met en évidence un point important : le Hezbollah est complètement exposé aux capacités de renseignement et militaires israéliennes. Les Israéliens peuvent faire ce qu’ils veulent des membres et du personnel du Hezbollah, à tout moment et en tout lieu, explique-t-elle à L’OLJ. S’il n’y a pas encore de décision de partir en guerre, cette attaque est un moyen de pression utilisé par les Israéliens pour pousser le Hezbollah à un accord qui renforce la sécurité israélienne. »

« Le contexte actuel de tout cela concerne la prochaine étape de cette guerre : où sera la zone tampon ? Sera-t-elle dans le sud du Liban ou dans le nord d’Israël ? Les Israéliens souhaitent déplacer la zone tampon au Liban et veulent s’assurer que le Hezbollah comprenne leurs capacités ». « Nous ne sommes pas sûrs que si le Hezbollah considère (cette attaque) comme une provocation sérieuse et s’il fera fera quelque chose à ce sujet. Le temps nous le dira », conclut-elle.

 LE PLUS. Dans un post sur le réseau social X, l’expert militaire et vétéran de guerre Elijah Magnier analyse le piratage, notamment en termes de préparation en amont.

1/ Intrusion technique : pour qu’Israël puisse intégrer un déclencheur explosif dans un lot de pagers, il lui aurait probablement fallu accéder à la chaîne d’approvisionnement de ces appareils. Les services de renseignement israéliens auraient donc infiltré le processus de production, ajoutant un composant explosif et un mécanisme de déclenchement à distance dans les pagers sans éveiller les soupçons.

2/ Recours à un tiers : l’implication d’un vendeur tiers pourrait être une couverture des services de renseignement ou d’un intermédiaire travaillant avec Israël et facilitant la distribution de ces dispositifs trafiqués au Hezbollah.

3/ Activation à distance : la mention d’une explosion implique un mécanisme de déclenchement à distance, éventuellement à l’aide d’une fréquence spécifique ou d’un signal codé qui active l’engin explosif à l’intérieur du récepteur. Cela nécessite à la fois une sophistication technique et un timing précis pour maximiser le nombre de victimes.

4/ Violation de la sécurité : cet incident révèle une faille importante dans les protocoles de sécurité du Hezbollah. Le fait que l’organisation n’ait pas détecté les pagers trafiqués avant leur distribution laisse penser qu’il y a une faille dans le contrôle de la chaîne d’approvisionnement et dans les mesures de sécurité internes.

 

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