EDITORIAL.
Les dix plaies de la Bible sont le châtiment que Dieu infligea à l’Égypte afin que Pharaon laisse partir les Hébreux qu’il détenait en captivité. À l’époque, les Égyptiens pâtirent d’invasions dévastatrices, ils en redoutent aujourd’hui une autre : celle des Gazaouis. Tant et si bien qu’ils ont fermé leur frontière avec Gaza, à Rafah, pour empêcher quiconque de mettre le pied sur le sol souverain de leur pays. Craignent-ils que les Palestiniens colonisent le désert du Sinaï ? Qu’ils s’en approprient le sable brûlant et les cailloux ? Qu’ils ne retournent pas à Gaza après la guerre ?
Pour son malheur, la bande de Gaza est un territoire dont personne ne veut. Durant des siècles, elle fut une province délaissée de l’empire ottoman. En 1923, elle passe sous contrôle britannique lors du Mandat octroyé aux Anglais par la Société des Nations. Mandat qui prend fin en 1948 avec la création de l’État d’Israël. Suite à la guerre d’Indépendance de cette même année, Gaza est placée sous gouvernance militaire égyptienne, Le Caire n’envisageant aucunement d’annexer ce bout de terre aride et surpeuplé qu’il considère comme une épine dans le pied. En 1967, suite à la guerre des Six Jours, Gaza change à nouveau de maître et passe sous contrôle militaire israélien. Lorsque, en 1979, un accord de paix est finalisé entre l’Égypte et Israël, Le Caire exige la récupération de ses territoires conquis par Israël. Mais pas tous ! Juste la péninsule du Sinaï, le gouvernement égyptien s’opposant catégoriquement à ce que les Israéliens lui rendent la bande de Gaza. Jérusalem a beau insister, rien n’y fait. Ce qui confirme que ce n’est pas parce qu’Israël occupe des territoires que ses ennemis lui font la guerre. Mais l’inverse : c’est parce que ses ennemis lui ont fait la guerre qu’Israël occupe aujourd’hui des territoires.
Les craintes de l’Égypte sont-elles fondées ? De nos jours, bien des Gazaouis eux-mêmes ne veulent pas de Gaza. Le rêve de la jeunesse palestinienne est d’émigrer. Avant le 7 octobre, le prix d’un passage clandestin vers le Sinaï était de 5000 dollars, frais du passeur bédouin et bakchich pour les douaniers égyptiens inclus. Pour un jeune palestinien, 5000 dollars est une somme faramineuse. Depuis l’offensive israélienne, le tarif est passé à 15000 dollars. À cela s’ajoute la fuite des cerveaux concernant les Gazaouis plus aisés pouvant s’inscrire à des études à l’étranger ou participer à des colloques et séminaires. Et ne pas en revenir.
En temps normal, les Gazaouis, abandonnés à la tyrannie du Hamas, crèveraient de faim si n’était l’assistance économique et logistique que leur fournit Israël au quotidien. En combustibles et télécommunication, par exemple. Mais en ce moment, il y a la guerre. Il ne s’agit plus tant d’assurer le ravitaillement des populations civiles. D’un point de vue humanitaire, la priorité absolue est de les évacuer hors de la zone des combats. Or l’Égypte s’y refuse. Elle pourrait très bien accueillir ces civils dans le Sinaï où il serait aisé d’installer un camp semblable à celui que la Turquie a bâti pour recevoir les réfugiés de la guerre civile syrienne. Le Sinaï est un désert à peine habité, situé à 350 kilomètres du Caire. Ne pas y laisser entrer des familles vivant dans une zone en pleine guerre est un crime contre l’humanité. Crime dont est complice la communauté internationale, s’abstenant de faire pression sur le gouvernement égyptien.
Mais cela va bien plus loin. L’Égypte vient de refuser l’évacuation de blessés palestiniens par le passage frontalier de Rafah, alors qu’elle aurait pu établir une ‘bonne frontière’ pour leur porter assistance, comme Israël en a ouvert une avec le Liban en 1982 puis, plus récemment, la Syrie, en 2016. Mais non, Rafah reste hermétiquement fermé. Et l’Égypte obstinément opposée à toute mesure sérieuse d’aide, de peur que si elle tend la main, les Palestiniens lui prennent tout le bras. Dans le même temps, Israël accueille des enfants de Gaza atteints de maladies graves, dont le cancer, pour les soigner dans ses hôpitaux. Ces enfants transitent par le passage israélien de Kerem Shalom.
L’Égypte, qui compte plus de 113 millions de citoyens, considère deux millions de ses frères gazaouis comme une menace. Elle s’en lave les mains, laissant à Israël, comptant seulement 10 millions de citoyens, le soin de gérer des territoires palestiniens, Gaza et la Judée-Samarie, où vivent plus de 5 millions d’habitants.
Grâce à Israël et malgré le barrage égyptien, personne ne meurt aujourd’hui de faim à Gaza. Les Nations Unies, qui viennent de ‘corriger’ leurs estimations, se voient forcées de l’admettre. Il y a quinze jours, un groupe international d’experts de santé publique a publié les résultats de son enquête à Gaza et déclaré que la population y bénéficiait de 3,163 calories par personne et par jour, soit 40% de plus que la moyenne nécessaire. Le mérite en revient aux Israéliens qui gèrent cette situation en dépit de nombreux obstacles. Sans oublier que, dans le même temps, ils doivent faire face à la crise non moins pressante de près de 200.000 de leurs citoyens évacués eux aussi des zones périlleuses du sud et nord du pays.
Devant l’apathie de l’Égypte et l’inaction de la communauté internationale concernant un refuge humanitaire dans le Sinaï, Israël accomplit l’impossible. Une assistance de cette ampleur prodiguée au camp adverse alors que la bataille fait rage est sans précédent dans les annales de la guerre. Israël remporte ici une victoire plus importante qu’un succès militaire, une victoire qui la distingue des autres nations : la victoire de la rectitude morale.