(BFM Bourse) – Le CAC 40 a débuté en repli ce lundi à l’issue du second tour des élections législatives. Si le scénario espéré par le marché, celui d’une Assemblée nationale sans majorité absolue, s’est réalisé, l’incertitude demeure élevée.
Le marché est désormais dans l’expectative. A l’issue du second tour des élections législatives, la Bourse de Paris s’est retourné à la hausse après avoir ouvert en légère baisse en début de matinée ce lundi. Le CAC 40 prend 0,45% à 7.711,16 points, peu avant 10h.
Sur le marché de la dette, pas de grande tension à signaler. L’écart entre le rendement de l’obligation française à 10 ans et celui de même maturité de l’Allemagne, thermomètre du stress sur la dette française, se creuse de deux points (0,02 point de pourcentage). Cet écart s’inscrit à 68 points de base, alors qu’il avait dépassé 84 points de base dans les semaines qui ont suivi la dissolution de l’Assemblée nationale.
Dimanche, le Nouveau Front populaire (NFP), coalition de partis de gauche, est arrivé en tête du second tour, déjouant les pronostics. Le bloc de gauche est ressorti avec plus de 180 députés, devant la coalition de la majorité présentielle Ensemble (plus de 160 élus) et le Rassemblement national (plus de 140).
Toutefois, aucun bloc n’a obtenu la majorité absolue de 289 députés. En conséquence, de nombreux scénarios sont possibles au lendemain des résultats de ces élections. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a évoqué la possibilité pour le NFP de gouverner sans majorité, avec certaines mesures qui pourraient être prises rapidement par décret.
Des craintes sur le déficit
« Dans l’ensemble, les trois groupes (le NFP, le RN et Ensemble) étant loin d’une majorité, les investisseurs peuvent estimer que les résultats ont permis d’éviter les pires conséquences possibles. Mais il existe un risque que le candidat de la gauche dure Jean-Luc Mélenchon soit nommé Premier ministre. Et même s’il ne l’est pas, l’impasse parlementaire entravera les efforts visant à assainir durablement les finances publiques », juge Capital Economics.
« Le NFP a le programme le plus agressif sur le plan budgétaire, tant en termes de dépenses que d’impôts, et le marché se méfiera de la perspective de les voir au gouvernement aujourd’hui ou plus tard, ce qui entraînera une augmentation des déficits, avec les inquiétudes qui en découlent quant à la viabilité de la dette et aux relations tendues avec l’Europe », notent de leur côté les stratégistes de Deutsche Bank.
« Si les marchés financiers devraient être soulagés dans un premier temps que les extrêmes n’obtiennent pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale, il est fort probable que la volatilité remonte d’un cran dans un deuxième temps », considère pour sa part John Plassard, conseiller en investissment chez Mirabaud.
« En effet, une Assemblée divisée en plusieurs blocs sans qu’aucun d’entre eux ne détiennent une majorité nette rend difficile la formation d’un gouvernement et la prise de décisions importantes. Aucune réforme d’envergure ne devrait voir le jour ces 3 prochaines années, ce qui signifie que les agences de notation (Moody’s en tête) vont rapidement revoir à la baisse leurs estimations sur l’hexagone… », développe-t-il.
Rappelons que l’indice parisien avait perdu environ 6,5% entre l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron et le vendredi précédent le premier tour des législatives. Le CAC 40 a ensuite nettement réduit ses pertes dans l’entre-deux tours, revenant vendredi soir à environ 4% de son niveau-pré-dissolution.