Série « Kibboutz et Innovation » N°18.

Il a fallu trois ans à Rony Oved, expert en agriculture, pour convaincre les fonctionnaires de l’Ouganda que des collectifs agricoles inspirés des kibboutzim pourraient améliorer considérablement la productivité des exploitations agricoles dans le nord-est du pays.

Dans le cadre d’un partenariat entre AgroMax, la société de M. Oved, et le gouvernement ougandais, des colonies qui fonctionnent sur le principe des kibboutz permettent à la population locale d’entreprendre une agriculture mécanisée à grande échelle grâce à l’irrigation au goutte-à-goutte. Elles ont été créées sur des terres appartenant aux villages environnants et sont entièrement détenues et exploitées par la population locale, qui bénéficie également des bénéfices et dont les fermiers dégagent maintenant des revenus.

En Ouganda, Theodor Herzl est devenu source d’inspiration, ce qui est d’autant plus curieux qu’il avait envisagé en 1903 d’établir une patrie juive dans la même région.

Comme T. Herzl l’a dit « Là où une société est la plus dévastée, la plus démunie, dans un endroit où elle n’a rien, vivre ensemble et travailler ensemble est la seule option. L’option des petits agriculteurs, chacun individuellement, ne peut pas fonctionner. »

Les kibboutzim, ou initiatives de développement basées sur les colonies (SBDI), sont financés par la Banque mondiale via le bureau du premier ministre ougandais et pendant un an et demi, les kibboutzniks, ou bénéficiaires comme on les appelle, sont payés chaque jour pour mettre en place les routes d’accès, les systèmes d’irrigation et les infrastructures.

Mais une fois la production commencée, et les revenus qui l’accompagnent, les colonies deviennent indépendantes.

Outre un gestionnaire de site et au moins un professionnel de l’agriculture, chaque colonie dispose d’un facilitateur communautaire chargé de développer les mentalités. Ce rôle est essentiel pour s’assurer que la mentalité locale s’éloigne de l’élevage de bétail et s’oriente vers une entreprise à long terme de travail collectif pour le bénéfice de tous.

« Le premier et principal défi – avant l’eau, avant même la barrière de la langue – était la question de l’état d’esprit », a déclaré M. Oved.

Oved, qui vit en Ouganda depuis 15 ans après avoir passé plus de dix ans au Kenya, a déclaré : « Nous travaillons avec des bénéficiaires qui, depuis des générations, sont habitués à chasser les vaches. Ils n’ont jamais vu de leur vie l’agriculture en termes d’exploitation.

« Mon espoir pour l’avenir est de poursuivre et de développer ce que nous avons commencé, d’augmenter le nombre de colonies dans le cadre du concept de kibboutz.

« J’espère également signer un traité de jumelage entre chaque colonie et un kibboutz en Israël afin qu’il y ait un échange de connaissances, de culture et de tourisme. Nous pouvons faire de cette immense sous-région, plus grande que l’ensemble d’Israël, le panier alimentaire de la région.

« À l’instar d’Israël, qui a rendu le Néguev vert, nous pouvons le faire ici, et c’est ce que nous faisons. Les bénéficiaires n’ont pas donné leur terre à ce projet, ils l’ont donnée à leur projet. Ils se sont donné cette terre à eux-mêmes. »

Source : The Jewish Chronicle & Israël Valley

 

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