Benyamin Netanyahou s’est finalement rangé du côté de ses services de sécurité en ne restreignant pas l’accès à Al-Aqsa pendant le Ramadan, comme un de ses ministres avait initialement suggéré.
Après avoir, un temps, semblé y adhérer, le Premier ministre a rejeté, le 5 mars, l’idée de restreindre l’accès des citoyens arabes d’Israël à l’esplanade Al-Aqsa pendant le Ramadan, qui doit débuter le 10-11 mars prochain.
La proposition, poussée par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, visait les palestiniens âgés de moins de 70 ans, considérés comme une menace sécuritaire : « On ne peut pas prendre de risque », a-t-il lancé sur le réseau social X le 17 février, soulignant qu’aucune célébration du Hamas ne serait autorisée sur ce que les juifs nomment le « mont du Temple », site le plus sacré du judaïsme.
Les graines de la controverse plantées, Benyamin Netanyahou s’est finalement rangé du côté de ses services de sécurité, qui recommandaient un allègement des restrictions, pour éviter l’embrasement de la région. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour préserver la liberté de culte sur le mont du Temple, a déclaré Benyamin Netanyahou le 5 mars.
Les fidèles musulmans pourront entrer sur l’esplanade des mosquées dans les mêmes proportions que les années précédentes, pendant la première semaine du Ramadan. Soit l’équivalent de 50 000 à 60 000 personnes. Le Premier ministre a souligné qu’il tiendrait compte « des impératifs de sécurité » et que ceux-ci seraient réévalués au bout de 7 jours.
« Au cours de la dernière décennie, les décisions israéliennes de restreindre l’accès des fidèles au Mont certains jours du Ramadan ont alimenté une violence généralisée au lieu de servir de mesure de maintien de l’ordre public et de la sécurité », note l’ONG israélienne Ir Amim.
Parce qu’elle rassemble des dizaines de milliers de fidèles, la période du Ramadan, mois le plus saint du calendrier musulman, est toujours propice aux affrontements à Jérusalem. En effet, Israël contrôle l’accès au complexe d’Al-Aqsa depuis son annexion en 1967. Le site, saint pour les musulmans et pour les juifs, est le terrain de mobilisation favori du Hamas, qui en a fait le symbole d’une unité palestinienne à défendre.
Ces deux dernières années, la conjonction des fêtes juives et chrétiennes de Pâques avec le mois de Ramadan avait rendu la période particulièrement sensible. Ce n’est pas le cas cette année, mais un important dispositif de sécurité devrait être déployé pour contrôler les foules de pèlerins.
Après le 7 octobre, l’accès à l’esplanade a été largement restreint pour les fidèles musulmans : seuls les résidents de la vieille ville âgés de plus de 60 ans étaient autorisés. Les visites juives se sont maintenues sans restrictions. Si les limitations ont progressivement été levées, les vendredis, jour de prière, restent un parcours du combattant : le quartier musulman est quadrillé de points de contrôle.
La police aux frontières y fait le tri de manière très arbitraire. La jeunesse est un critère de refus : tapis de prière sur l’épaule, de nombreux trentenaires palestiniens errent d’une porte à une autre, frustrés de se voir refoulés à chaque tentative. « C’est injuste, c’est notre lieu saint. On sait que ça va être pire pendant le Ramadan », témoignait Eyad, habitant de Wadi Al-Joz, un quartier palestinien de Jérusalem-Est, après s’être fait refouler avec ses trois garçons le vendredi 23 février.
À Jérusalem, l’édition 2024 du Ramadan est morose : pas de décoration, pas de festivités… « Les gens n’ont pas le cœur à la fête, à cause de ce qui se passe à Gaza».
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