Cinq familles avaient demandé à interdire «toute présence» de LFI à l’hommage national du 7 février. Manuel Bompard a dit qu’il souhaitait «également rendre hommage aux victimes». Quatre mois après l’attaque terroriste menée par le Hamas sur le sol israélien, la France va honorer ses morts. Le 7 février, un hommage national sera rendu aux 42 victimes françaises de ce massacre par le président de la République Emmanuel Macron, sur l’esplanade des Invalides. À cette occasion, tous les partis politiques ont été invités.
Mais dans une lettre adressée au chef de l’État, les représentants de cinq familles de victimes ont demandé «solennellement à ce que soit interdite toute présence de la France insoumise »
Interrogé à ce sujet sur BFMTV, dimanche 4 février, le coordinateur du parti d’extrême gauche Manuel Bompard a néanmoins indiqué que lui et sa formation politique comptaient bien s’y rendre. «Il est normal que la France leur rende hommage. C’est un hommage national, dans lequel l’ensemble des formations politiques sont invitées, et nous souhaitons également rendre hommage aux victimes du Hamas», a-t-il justifié. Et d’ajouter : «Nous comprenons la peine et le chagrin des familles de victimes et nous le partageons».
Depuis le 7 octobre, La France insoumise a condamné les actions commises par le Hamas, les qualifiant de «crimes de guerre», mais a toujours refusé de désigner publiquement le groupe comme terroriste.
Dans leur lettre, les représentants des cinq familles estiment que le parti a fait preuve d’«indécence», d’«absence de respect», de «relativisme» et de «négationnisme», l’accusant d’être devenu «très officiellement le bras armé politique ’islamo-gauchiste’ des mouvements islamistes». Ils craignent notamment que LFI profite de l’occasion de cet hommage pour en faire «une tribune politique».
En réponse, Manuel Bompard a d’abord souligné que le souhait de ne pas voir son parti à cet hommage n’émanait que de «quatre (en réalité cinq) familles de victimes, sur les 42 Français tués le 7 octobre». Il a ensuite tenu à «rassurer les familles de victimes» :
«Il n’est nullement dans nos intentions de transformer un moment d’hommage national en moment politique. Je vous rappelle qu’on rend hommage à des morts, et que la polémique politique peut donc passer sur le côté», affirme Manuel Bompard
«Il est normal que nous puissions y aller», a insisté le coordinateur national, estimant que si LFI ne s’y rend pas, «vous (les médias) allez ensuite me reprocher de ne pas partager la peine et l’émotion des familles de victimes, ce qui n’est pas le cas».
Les provocations vulgaires de Mathilde Panot
Avant la publication de la lettre à Emmanuel Macron, la patronne des députés LFI Mathilde Panot avait déjà indiqué qu’elle se rendrait à l’hommage. «Je serai présente (…) et j’ai demandé à ce qu’il soit rendu un hommage à l’ensemble des victimes françaises de cette guerre au Proche-Orient», avait-elle annoncé, en référence aux Franco-Palestiniens tués à Gaza par l’armée israélienne. Dans leur lettre, les représentants des cinq familles avaient personnellement visé Mathilde Panot. «(Sa) présence constituerait une injure à la mémoire des victimes», avaient-ils estimé.
Plusieurs personnalités politiques considèrent la présence des LFI comme honteuse
Dimanche, le chef de file des députés Les Républicains, Olivier Marleix, a expliqué dimanche sur Radio J comprendre l’«émotion» et le «malaise» des familles «tant La France insoumise a banalisé cette attaque terroriste». Mais il ne voit pas d’inconvénient à la participation de LFI «si c’est en signe de repentance». Au contraire de Xavier Bertrand, qui a estimé sur BFMTV que «moralement, ils feraient bien de ne pas venir, par respect pour les victimes et les familles». «Quelle honte de leur part», s’est indigné le président de la région Hauts-de-France, accusant les représentants du parti de «toujours, par leurs actes, favoriser la montée de l’antisémitisme en France».
L’Elysée envisage un temps mémoriel ultérieur pour les victimes françaises de Gaza
L’Élysée a dit ce matin envisagé un «temps mémoriel» à l’avenir pour les «victimes françaises des bombardements à Gaza», après l’hommage national qui sera présidé mercredi par Emmanuel Macron pour les victimes françaises de l’attaque menée le 7 octobre par le Hamas en Israël.
La cérémonie de mercredi aux Invalides «vise à rendre hommage aux victimes d’un attentat terroriste majeur commis par le Hamas», a dit la présidence française à des journalistes. «Néanmoins, il est évident que nous devons la même émotion et la même dignité aux victimes françaises des bombardements à Gaza», a-t-elle ajouté en réponse à un journaliste, expliquant que les modalités de ce «temps mémoriel» seraient fixées ultérieurement.
La France insoumise «salue» la déclaration de l’Elysée sur un possible «temps mémoriel» qui serait organisé pour les victimes françaises à Gaza, a déclaré lundi Mathilde Panot à l’AFP
«C’est une décision que nous saluons et une demande que j’avais adressée au président de la République début novembre 2023. Nous nous associerons pleinement à cet hommage. Nous devons rendre hommage à toutes les victimes des crimes de guerre au Proche-Orient et œuvrer pour la paix», a affirmé la cheffe des députés insoumis.
Michel Zerbib
RADIO J.