« Ce qui a commencé par l’obscurité, nous le finirons par la lumière »

Au début de la visite, les sénateurs ont rencontré par hasard Dodi Glazman, militaire israélien, commandant d’une des unités qui travaille à l’identification des corps et son groupe de volontaires. Beaucoup des militaires qui sont déployés sont des réservistes, d’autres des volontaires. L’homme explique, l’air grave, le regard tourné vers le sol, le travail que mène son équipe au camp de Shura depuis le 7 octobre. « Nous avons vu des choses très dures, des personnes qui sont arrivées en plusieurs morceaux et qu’il fallait remettre ensemble, comme un puzzle », détaille-t-il aux sénateurs, en hébreu ensuite traduit par une interprète de l’armée israélienne. L’unité du commandant Glazman s’est entre autres occupée des corps retrouvés sur le lieu du festival de musique Nova, et dans le kibboutz Kfar Aza. Dans ce kibboutz, c’est la partie où se trouvaient les jeunes qui a été la plus durement touchée par les massacres et les prises d’otages. Le commandant décrit des corps mutilés, brûlés. Il conclut, comme pour laisser la délégation avec une touche d’espoir : « Ce qui a commencé par l’obscurité, nous le finirons par la lumière ».

 

De Kfar Aza, on en ressort bouleversé. La délégation sénatoriale y a croisé le premier et le seul couple qui est revenu y vivre, tous les autres sont réfugiés au nord de Tel Aviv. Sur l’une des maisons, on peut voir la photo d’Alon Shamriz, jeune homme de 26 ans pris en otage par le Hamas le 7 octobre et originaire du kibboutz, abattu par erreur avec deux autres otages par l’armée israélienne le 15 décembre, alors qu’ils agitaient un drapeau blanc. Et puis le bruit des tirs sur Gaza si proche.

La délégation du Sénat en est ressortie très marquée, tant le silence qui règne dans les rues désertes est lourd. « Je ressens beaucoup d’émotion », se confie à notre journaliste sur place le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau. Pour lui, ce qui revient en voyant ces maisons abandonnées à la hâte, ce sont les images des attaques du 7 octobre, diffusées au Sénat le 21 novembre dernier. « Ces images, très impressionnantes, m’avaient bouleversé. J’en avais retenu une chose : la jouissance de ceux qui tuaient. C’est difficile à comprendre pour des êtres humains, ils étaient complètement déshumanisés et ils déshumanisaient leurs victimes », explique-t-il. Des images qui marquent encore plus, une fois sur place. « Dans ce silence, on entend seulement les oiseaux, devant les maisons brûlées, on imagine très bien la tragédie qui s’est déroulée ici », décrit le sénateur.

Une visite pour préparer le jour d’après

Une fois le choc de l’horreur passé, il faut réfléchir aux réponses et aux solutions, en particulier politiques. La visite de la délégation sénatoriale, et les rencontres organisées avec les principaux responsables politiques israéliens, de la majorité comme de l’opposition, et palestiniens, y participe. La position à tenir est périlleuse, entre soutien à l’Etat d’Israël dans sa réponse aux attaques du 7 octobre, et protection des populations gazaouies, sous les bombardements israéliens incessants depuis presque autant de temps. « On comprend qu’Israël veuille supprimer toute tentative de réédition de ce genre de chose », confie Bruno Retailleau à Public Sénat, après sa visite de Kfar Aza. Cette visite, pour Gérard Larcher, se veut comme une étape pour préparer le jour d’après, porter la voix de la France pour encourager une solution à deux Etats. Des discussions que Gérard Larcher pourra avoir avec le président de la Knesset, Amir Ohana, lors de sa visite en France, prévue en février prochain.

 

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