RADIO J.EN DIRECT A 14H45 EN DIRECT. EMISSION DE STEVE NEDJAR.

CHRONIQUE DE DANIEL ROUACH. Source privipale de cette chronique pour ce jour  Capital.

Alex Bouaziz dirige à 28 ans une des licornes de la Silicon Valley. Pour « abolir les frontières de l’emploi », il a créé une plateforme de portage salarial permettant aux entreprises d’embaucher partout dans le monde en respectant le droit du travail. Deel est valorisé 5,5 milliards de dollars aux Etats-Unis.

A 28 ans, ce jeune entrepreneur franco-israélien pilote une licorne américaine valorisée 5,5 milliards de dollars. Il veut « abolir les frontières de l’emploi ».

Deel.

Sous le feu des projecteurs, les licornes de la French Tech – dorénavant au nombre de 26 – éclipsent la réussite des entrepreneurs français ayant créé leur entreprise à l’étranger. Prenez Alex Bouaziz: à seulement 28 ans, le fondateur de Deel dirige une plateforme de portage salarial valorisée 5,5 milliards de dollars. Il rejoint le club très fermé des Français ayant construit des champions aux Etats-Unis, où figurent des personnalités comme Bertrand Diard (Talend), Benoît Dageville et Thierry Cruasnes (Snowflake) ou Mathilde Collin (Front).

Un surdoué, bachelier à 16 ans, ingénieur à 20 ans.

La trajectoire de ce jeune entrepreneur est celle d’une météorite. Alex Bouaziz déroule son CV avec toutefois beaucoup de simplicité. Le jeune homme a grandi dans le 13eme arrondissement de Paris. Bac à 16 ans, diplôme d’ingénieur à 20 ans (obtenu au Technion Israel Institute of Technology), master d’environnement au MIT: il est précoce. Il n’a que 21 ans lorsqu’il entre au prestigieux Imperial College de Londres pour y entreprendre une thèse sur l’ingénierie de l’eau. « Là, j’ai compris que j’allais passer trois ou quatre ans dans un laboratoire », raconte-t-il. Il décide d’abandonner la recherche et de suivre les traces de son père, Philippe Bouaziz, fondateur de Prodware.

En 2016, il retourne donc en Israël, sa deuxième patrie, pour y créer une première entreprise. « J’aimais bien les crypto. J’ai lancé un des premiers petits jeux de NFT », raconte-t-il. Cette première expérience le confronte à un problème très concret: la difficulté d’obtenir un visa pour les développeurs étrangers, souvent contraints de retourner dans leur pays d’origine. De là provient l’idée ayant donné naissance à Deel: un outil technologique qui permettrait à une entreprise de débusquer les meilleurs talents, où qu’ils se trouvent dans le monde.

Un projet incubé au Y Combinator.

Avec sa cofondatrice chinoise Shuo Wang,  il mûrit son projet au Y Combinator, l’incubateur ayant couvé entre autres Airbnb, Dropbox, Stripe, Reddit… Officiellement lancée en mai 2019, la plateforme Deel permet à des employeurs de croître et d’embaucher des talents sans se préoccuper des contraintes administratives. Elle prend à sa charge toute la complexité du recrutement d’un free-lance ou d’un salarié à plein temps: droit du travail, fiscalité, paie.  En quelques minutes, une entreprise peut ainsi signer un contrat de travail parfaitement conforme dans 150 pays.

Au préalable, Deel a accompli un travail de bénédictin: la jeune entreprise a travaillé avec pas moins de 200 avocats pour absorber les contraintes fiscales et administratives des pays où elle opère. Une des clés du succès se trouve du côté des employés, dont Deel s’emploie à faciliter la vie. « La plateforme permet aux freelance de choisir eux-mêmes la façon dont ils veulent être payés: par Revolut, en cryptomonnaies, en devises locales, détaille son fondateur.. Deel propose aussi le top du marché », en matière de mutuelles.

Biberonné aux levées de fonds, le bébé Deel grossit à une vitesse impressionnante: les premiers clients arrivent en mai 2019, les ventes accélèrent au printemps suivant et à fin 2021, Deel comptait quelque 1.000 entreprises clientes.  La troisième levée de fonds (« série C »), une augmentation de capital de 150 millions d’euros, fait entrer Andreessen Horowitz, l’un des investisseurs les plus prestigieux de la Vallée. Le tour suivant, 425 millions de dollars, voit l’arrivée d’un autre poids lourds, le fonds Coatue, pour une valorisation de 5,5 milliards de dollars. La plateforme emploie aujourd’hui 500 salariés.

Vivant à New York, Alex Bouaziz est un entrepreneur nomade – à l’image des salariés employés dans le monde entier via la technologie Deel. Il n’a, dit-il, jamais travaillé dans un bureau et peut piloter Deel, immatriculée à San Francisco, de n’importe où. « Deux choses m’animent, explique-t-il. Simplifier la vie des entreprises et abolir les frontières de l’emploi. Je veux donner à des milliers de gens la possibilité de travailler dans les meilleures sociétés au monde, indépendamment de l’endroit où ils se trouvent ». Se sent-il américain, israélien, français? Américain par ses méthodes de travail, israélien par son passeport et ses expériences, ce jeune homme au parler cool reste aussi très connecté à la France.

Texte de Delphine Dechaux.

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