Je suis juif

Il y a quelques années nous arborions “Je suis Charlie” les yeux pleins de larmes et nos cœurs en noirs. Nous fûmes alors des millions et ce slogan se déclina partout sur les murs de nos villes en d’immenses placards publicitaires. Le 7 octobre dernier des terroristes ont atrocement massacré des centaines et des centaines d’hommes de femmes et d’enfants pour l’unique raison qu’ils étaient juifs. Plus de trente français font partie de ces victimes tandis que d’autres sont otages du Hamas.

Je cherche je cherche et je ne vois rien, pas de pancartes, pas de slogans rassembleurs, pas de cortèges immenses, de mot d’ordre, pas de concerts, rien ou si peu. Si en fait pardon: je vois des graffitis antisémites qui se peignent tout en lâcheté sur les murs de nos villes, je vois des circonvolutions langagières n’arrivant pas à dénoncer l’horreur, je vois le cynisme et le clientélisme politique d’extrême gauche bégayer, je vois la honte européenne se refaire une santé plus de 80 ans après son dernier triomphe, je vois Alzheimer déchirer les pages de nos livres d’Histoire et Parkinson nous empêcher de frapper du poing sur les pupitres bruxellois et new-yorkais. Je vois finalement un petit pays se dresser seul contre la barbarie islamiste.

Alors je le dis au nom de la France combattante et résistante qui a vu naître Zola, au nom de ces «vingt et cent» au nom de “ces milliers” que chantait Ferrat qui voulait comme je le veux aujourd’hui que ses enfants sachent qui vous étiez: je suis juif.

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Nous recevons sur nos écrans des images insoutenables de barbarie. Des images qu’on ne pensait pas revoir ou plus exactement que nous ne voulions plus revoir. Un exemple parmi des centaines? Cet enfant de 12 ans emmené de forces par les terroristes du Hamas, frappé, obligé de lever les mains pour protéger son visage, je retrouve alors ce gosse sur une photo en noir et blanc un gamin sans doute du même âge, dans le ghetto de Varsovie levant les bras face à la barbarie nazie.

L’aisance avec laquelle certains de nos concitoyens et leaders politiques renvoient Israël et le Hamas dos à dos nous montre de façon malheureusement trop évidente la ténacité de l’antisémitisme dans notre pays.

Certains ne s’en cachent même plus comme Philippe Poutou applaudissant des deux mains les “exploits” du Hamas appelant à une nouvelle intifada, pensez donc Israël est un État libéral, capitaliste…d’autres tricotent des communiqués dont l’objectivité alambiquée fleure le rance, certains faussent leur balance afin que ces atrocités s’équilibrent avec le camp d’en face, incapable de dénoncer, de vomir devant cette violence inouïe.

Certains se servent de leurs tout nouveau soutien à Israël pour assoir une respectabilité oubliant l’antisémitisme de leurs parentèles et se faisant perpétuant le cliché immonde du lobby juif qu’il faudrait avoir dans sa poche pour aller plus haut et accéder au pouvoir.

Finalement ces images monstrueuses nous dévoilent le monstrueux chez nous, la bête immonde citée par Brecht sévissant d’un bout à l’autre de l’éventail politique.

Ces ONG qui étaient si promptes à dénoncer un régime d’apartheid de l’Etat hébreu doivent penser que ce qui s’est passé samedi 7 octobre est un juste retour de bâton car aucunes déclarations dénonçant les exactions du Hamas sur le sol israélien n’est à ce jour audible.

Depuis la création de l’état d’Israël la cause Palestinienne permet à l’antisémitisme français en politique jusque dans le show-business de s’exprimer à couvert.

Ce conflit qui dure depuis des décennies n’est pas loin s’en faut le pire conflit sur la carte du monde, partout en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie sévissent des combats incessants traversant les générations, bien plus dévastateurs que ce conflit israélo palestinien, des musulmans sont en d’autres endroits attaqués, massacrés, sans soulever aucune indignation chez nous comme ailleurs, sans marches solidaires, sans convois humanitaires, sans meetings, sans concerts, rien, ailleurs le musulman peut crever en silence mais en Palestine lorsqu’un enchaînement de violences tue un palestinien c’est un scandale qu’il faut dénoncer immédiatement dans nos salles de spectacle, sur le plateau des JT, jusqu’à l’Assemblée Nationale.

Israël est un état juif. Et dans cette courte phrase le seul mot qui ne passe pas pour nombre de leaders d’opinion français est le mot Juif. La victime innocente n’a pas de pays pas de religion pas de parti politique.

 

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