Bonjour Ilana Ferhadian, Bonjour chers auditeurs,
Une chronique hightech de Daniel Rouach.
La guerre technologique d’Israël présente des failles. Lesquelles?
Plusieurs failles. La puissance de la super-défense anti-attaques du cyber-israélien par des terroristes du net a des failles. « Des groupes hacktivistes, généralement affiliés à la Russie ou l’Iran, visent les sites Web gouvernementaux ou de médias, comme celui du « Jerusalem Post ». Une application servant à prévenir les citoyens d’attaques de roquettes a aussi été piratée ».
Les Echos : » A l‘ère d’Internet, la guerre sur le terrain ne manque jamais de se doubler d’attaques en ligne. Cela n’a pas manqué de se confirmer après l’offensive terroriste du Hamas en Israël. Alors que les combats font rage, une pluie de cyberattaques s’est abattue contre les sites Web israéliens.
Dès dimanche, le groupe de hackers pro-russe Killnet a attaqué un site Web du gouvernement israélien et celui du Shin Bet, le service de renseignement intérieur, les rendant indisponibles pendant plusieurs heures, selon le site de surveillance Check-host.net ». De nombreuses failles existent sur la puissance de frappe technologique d’Israël. Nous allons parler de quelques unes.
FAILLE DE IRON DOME. Selon Les Echos : « La densité de l’attaque de roquettes du Hamas a mis en lumière une faille du bouclier antimissile israélien qui, face à une offensive de plusieurs centaines de roquettes par minute, ne serait pas aussi efficace qu’il le devrait.
Le renseignement israélien n’a rien vu venir, le mur n’a pas tenu et le Dôme de fer (Iron Dome), dernier rempart contre les tirs de roquettes, a été incapable de faire face à l’offensive. Ce système de défense était pourtant réputé comme le bouclier ultime contre les roquettes qui viendraient frapper le territoire israélien.
Entre le 7 et le 8 octobre, plus de 5000 tirs ont été lancés, note Elliot Chapman, expert du Proche-Orient pour la société de renseignement britannique Janes. Un grand nombre a atteint son but. La densité de cette attaque a confirmé le talon d’Achille du système considéré comme l’un des plus efficaces de la planète: la saturation. Si le feu est trop nourri, le Dôme qui en théorie est capable de détruire 97% des projectiles, ne peut finalement pas tout intercepter.
Cette faille n’est pas une découverte. En mai 2021, le Hamas avait déjà réussi à mettre en défaut le système en tirant des milliers de roquettes, par vague de plusieurs centaines par minute. En mai dernier, un « dysfonctionnement » a permis d’intercepter seulement 24 projectiles sur une centaine tirée simultanément. Pour l’attaque du 7 octobre, le Hamas n’a fait que répéter cette méthode de saturation, mais en l’amplifiant ».
LIBERATION : « Au premier jour, le Hamas a revendiqué avoir tiré près de 5 000 roquettes. C’est très difficile à vérifier, évidemment, au-delà de la propagande. Mais en un seul jour, ils a tiré l’équivalent de l’ensemble de roquettes tirées lors de l’opération militaire du Hamas en 2014. Ça dit bien la montée en gamme capacitaire du Hamas. Il s’agit de frappes de saturation, qui n’ont pas pour objectif de cibler nécessairement les infrastructures critiques. Ça a été le cas avec notamment des missiles guidés. Mais globalement ce sont ce que les Israéliens appellent des «missiles statistiques» : le but était de saturer la défense antiaérienne au moment où les commandos islamistes du Hamas pénétraient en territoire israélien, pour contourner les fortifications, les barrières physiques imposées par les Israéliens aux frontières.
AUTRES FAILLES.
1. FAILLES DANS LE RASSEMBLEMENT ET LE TRAITEMENT DES INFORMATIONS SENSIBLES.
En matière de rassemblement d’informations et d’intelligence il y a selon les spécialistes l’information, blanche, grise et noire. L’information blanche est celle que l’on peut obtenir assez facilement par les réseaux ouverts (Linkedin, Whats up, …), l’information grise s’obtient par les réseaux humains uniquement, et l’information noire est celle qui est ultra-secrète rassemblée par des opérations d’espionnage.
En Israël on valorise l’information blanche qui est rassemblée par des technologies de collectes de données, là où les israéliens sont exceptionnels. Le problèmes est humain.
En effet, qui qui va analyser les données? Les israéliens ont demandé à l’intelligence artificielle d’analyser les données rassemblées. C’est là la faille.
Les hommes s’écartent du processus d’intelligence et laissent la place à la technologie. Une faille majeure : les interprétations des « signaux faibles » est mauvaise. Et des ratés s’ensuivent. Seuls les hommes peuvent être des analystes de haute valeur ajoutée.
FAILLES 2. Sous-estimer les ennemis et les concurrents. Les cas des drones armés.
Dans certains domaines, comme celui des drones militaires, les israéliens se considèrent comme étant les meilleurs. En fait il s’agit d’une auto-intoxication.
Les applications des technologies militaires des drones sont très nombreuses. Les Chinois, Iraniens, Nord Coréens ont absorbé des technologies venant d’Occident, mais ils ont ensuite développé, sur la base des technologies occidentales absorbées, d’autres technologies exceptionnelles. Que les israéliens ne maitrisent pas.
Et les israéliens sont dépassés dans de nombreux domaines d’applications des drones. Mais ils ne le reconnaissent pas obligatoirement. Une sorte d’aveuglement.
Trop tournés vers la vente de savoir-faire à l’étranger pour engranger des bénéfices, les israéliens vendent le maximum de secrets technologiques à des potentiels concurrents.
Et, également, à un moment ils ne voient plus la concurrence de pays considérés jusque là de « deuxième rang technologique ».
FAILLES 3. ISRAEL A CREE UNE TRES FORTE CONCURRENCE ENTRE INGENIEURS DE TSAHAL ET CELLE DU SECTEUR PRIVE HIGHTECH.
Les meilleurs développeurs technologiques de Tsahal des Unités 8200 passent de plus en plus rapidement dans le secteur privé qui paye très bien. Ainsi sur le front humain Israël a crée une faille humaine. Les ingénieurs et experts israéliens sont réputés, mais, les meilleurs, ne sont pas obligatoirement dans Tsahal.
FAILLE 4. LA PLUS IMPORTANTE FAILLE. La défaillance des services de renseignement israéliens.
LE MONDE. « Samy Cohen, politiste : « Les services de renseignement israéliens, réputés tout-puissants, portent leur part de responsabilité. Ils se sont endormis »
La défaillance des services de renseignement israéliens à prévoir et à empêcher l’attaque du Hamas est avant tout la conséquence des choix politiques et stratégiques des dirigeants.
Qui, en Israël, est responsable de ce qui s’apparente à un véritable « 11-Septembre israélien » ? Cette question dominera encore longtemps les débats dans l’Etat hébreu. Elle monopolisera en particulier l’attention des habitants du sud du pays, qui ont payé un très lourd tribut dans cette attaque digne de l’organisation Etat islamique. Une commission d’enquête, si elle est créée, fera toute la lumière le moment venu. Mais quelques grandes failles apparaissent d’ores et déjà clairement.
Que les services de renseignement portent leur part de responsabilité est évident. Ils se sont endormis. Réputés tout-puissants, ils n’avaient plus aucune source d’information au sein du Hamas susceptible de les éclairer sur ce qui s’y tramait manifestement depuis de longs mois. Ils n’ont rien vu venir. Ils ne se sont pas alarmés des préparatifs à ciel ouvert qui impliquaient pourtant de nombreux membres du mouvement.
Mais il n’y a pas que cela. Le renseignement ne fonctionne pas dans un vide : il s’imprègne de l’état d’esprit dominant dans la haute sphère politico-militaire du pays, comme cela s’est passé pendant la guerre du Kippour [1973]. Le renseignement militaire d’alors avait des informations très précises sur l’imminence d’une attaque égyptienne (ce qui n’était pas le cas le 7 octobre), mais ses chefs étaient imprégnés de l’idée dominante selon laquelle toute attaque égyptienne serait brisée par l’aviation et les chars israéliens ».
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LE PLUS. COÜT DE LA GUERRE.
L’expérience passée montre que l’impact de la guerre sur le PIB devrait essentiellement se faire sentir au niveau de la consommation privée et du tourisme, mais la très forte mobilisation des réservistes et l’estimation selon laquelle la guerre durera plusieurs semaines devraient causer des dommages plus directs à l’économie israélienne que les précédents conflits.
Depuis l’assaut surprise du Hamas, samedi, et la déclaration de l’état de guerre par Israël, les actions et obligations israéliennes ont chuté, et de nombreuses entreprises et écoles du pays sont restées fermées, tandis que les compagnies aériennes ont suspendu la plupart des vols à destination de Tel Aviv.
La Banque centrale d’Israël a annoncé cette semaine son intention de vendre jusqu’à 30 milliards de dollars de devises étrangères afin de soutenir le shekel et d’empêcher son effondrement.
Malgré cette annonce, le shekel a baissé de plus de 2 % ces deux derniers jours : il se négocie aujourd’hui autour de 3,95 shekels pour un dollar américain.