Kadish pour Jean-Pierre Elkabbach qui sera enterré dans un cimetière juif de la région parisienne.

LE SAVIEZ-VOUS? Son judaïsme : L’enfance de Jean-Pierre Elkabbach est marquée par la mort de son père le 3 octobre 1949 (il est lui-même décédé un 3 octobre), lors du Yom Kippour alors qu’il lisait une prière à la grande synagogue d’Oran. Depuis, il est devenu « juif laïc » et lui a fait la promesse de rendre son nom célèbre.

CITATION. « Je n’ai jamais apprécié la dénomination de pied-noir. Je la trouve péjorative même si j’ai toujours l’Algérie dans la peau. Les pieds-noirs n’étaient pas de riches colons, ceux-là ont vite placé leur argent dans les banques suisses. La majorité des pieds-noirs avait un niveau de vie inférieur de 20 % à ceux de la métropole. À Alger, à Constantine, à Oran, ma ville natale, vivaient des Français de conditions modestes, moi parmi eux.

TIMES OF ISRAEL.

Jean-Pierre Elkabbach, 85 ans, a publié fin octobre ses mémoires, nommées Les rives de la mémoire. Dans le cadre de la promotion de l’ouvrage, il était l’invité ce lundi de l’émission les « Grandes gueules du Monde-Orient » sur la chaine i24News.

Durant l’interview, le journaliste s’est plaint de sa caricature dans l’émission « Les Guignols de l’info », à l’époque diffusée sur Canal+, interrompue en 2018, qu’il a jugée antisémite.

« À la fin de mon mandat [à France Télévisions], ‘Les Guignols de l’info’ m’ont attaqué d’une manière que j’estime injuste. La marionnette des ‘Guignols’ ! Je n’ai pas un petit nez… Les oreilles, comme ça… », a déclaré Jean-Pierre Elkabbach, mimant les traits qui lui ont été prêtés par sa marionnette sur Canal+. « On rappelle que c’était le sketch des ‘Guignols’ où vous courriez derrière vos patates », a poursuivi le présentateur, Benjamin Petrover.

Pour l’éditorialiste et ancien président de France Télévisions et Europe 1, c’était « exactement la caricature du Juif qui illustrait les expositions en 40 pour dénoncer le Juif ». « Je n’avais pas tout à fait compris. J’ai pris conscience au fur et à mesure. On m’a traité de voleur de patates, avec la chaîne en or, distribuant de l’argent », a accusé Jean-Pierre Elkabbach. « L’argent, je l’ai donné à des jeunes pour rajeunir l’antenne et combattre TF1 », a-t-il indiqué.

« Attendez, ça veut dire que vous estimez avoir été représenté comme le Juif obsédé par l’argent ? », a questionné le présentateur. « Oui ! Le Juif, avec tout ! L’argent… », a-t-il répondu. « Le physique… Le cliché qu’il y a dans Mein Kampf… Avec le grand nez, les grandes oreilles », est intervenue l’éditorialiste Rachel Khan. « Oui… Et qui essaye de se faufiler dans la société, qui est celui qui influence la société, etc », a répondu Jean-Pierre Elkabbach.

 

LE MONDE. Homme de radio et de télévision, il avait fait de ses interviews, parfois rugueuses, d’hommes et de femmes politiques, des rendez-vous incontournables. Au terme du second mandat du président socialiste, il avait mené une longue série de conversations avec François Mitterrand, malade, débouchant sur un étonnant documentaire. Il est mort, mardi 3 octobre, à l’âge de 86 ans.

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Ceux qui ne sont plus jeunes ont le souvenir d’émissions de télévision des années 1970, menées tambour battant par Jean-Pierre Elkabbach avec son complice – plus placide – Alain Duhamel. Les débats étaient particulièrement corrosifs avec Georges Marchais (1920-1997), alors secrétaire général du Parti communiste français, qui reprochait constamment à Elkabbach de lui couper la parole. L’humoriste Thierry Le Luron (1952-1986) résuma la chose en un « Taisez-vous Elkabbach ! », formule devenue célèbre, au point d’être prise pour titre du livre écrit par Jean-Pierre Elkabbach et son épouse – depuis 1974 –, la romancière Nicole Avril (Flammarion, 1982).

Jean-Pierre Elkabbach, qui est mort, mardi 3 octobre, à l’âge de 86 ans, a occupé le paysage audiovisuel français pendant plus d’un demi-siècle. Il a encouragé nombre de jeunes journalistes, les formant, à sa manière, méditerranéenne, éruptive, passant d’un éloge excessif à des colères disproportionnées pour le moindre retard à réagir ou à joindre la personne à interviewer.

Son goût du pouvoir ne l’a pas toujours rendu très courageux ni fort dans ses convictions. Toutefois son parcours demeure un grand destin de journaliste, avec une passion inentamée pour l’information, une curiosité insatiable, une ténacité et une longévité hors du commun. Mais, comme le disaient ses amis : « S’il arrête, il meurt. »

Incidents fâcheux.

Sa carrière a commencé quand le général de Gaulle était au pouvoir. Il a interrogé tous les présidents de la République qui ont suivi et tous les hommes politiques de première importance. Alors, entre la passion pour la politique et la connivence avec eux, la frontière est parfois ténue. Avec Elkabbach, elle a été à plusieurs reprises un peu trop poreuse.

On lui reprochait aussi d’être de ceux qui sont « faibles avec les forts et forts avec les faibles ». Et de ne pas toujours assumer ses responsabilités. En témoigne un épisode particulièrement fâcheux, en avril 2008, alors qu’il dirigeait Europe 1. Le 21 avril, la station annonce la mort de l’animateur Pascal Sevran, nouvelle démentie aussitôt. Elkabbach a d’emblée parlé d’« erreur collective » avant de reconnaître cette « première grande faute de [sa] carrière ».

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