Israël, une société tournée vers l’enfant.
Alors qu’au Japon la natalité est en chute libre, en Israël le taux de fécondité est de trois enfants par femme – un record dans l’OCDE. Le correspondant du journal “Asahi Shimbun” observe avec un certain enthousiasme les caractéristiques qui rendent la société israélienne si disposée à avoir des familles nombreuses.
Une femme monte dans un tramway bondé en tenant fermement des deux mains une poussette à deux places, qui transporte ce qui semble être des jumeaux. Elle empêche les gens de descendre et roule sur les chaussures de plusieurs passagers, qui font la grimace. Mais loin de se laisser impressionner, elle se fraie un passage à travers la foule. Une fois sa place assurée, elle pousse un soupir.
Cette scène serait-elle possible à Tokyo ? La mère se confondrait probablement en excuses, la tête dans les épaules, et des passagers l’interpelleraient d’un “Eh, faites attention ! Pliez votre poussette !”
Mais nous ne sommes pas à Tokyo, ni même au Japon. Nous sommes en Israël, au Moyen-Orient. Ici, on ne voit pas de parents contraints de s’excuser. Ici, personne ne s’offusque si des enfants font du vacarme dans les restaurants. Ici, l’enfant est roi.
Trois enfants, la normalité en Israël.
Avec un taux de fécondité de 3 en 2021 selon le Bureau central des statistiques israélien, le pays fait figure d’exception parmi les membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui réunit 38 pays développés. Les études réalisées en 2020 par l’OCDE en matière de natalité permettent d’établir un classement : Israël arrivait en tête avec 2,90, suivi du Mexique, avec 2,08, et de la France, qui, avec 1,79, est considérée comme un “modèle de réussite” en matière de lutte contre la baisse de la natalité. Le Japon, en proie au vieillissement de sa population, n’est qu’à 1,33. [Le seuil de renouvellement des générations, en dessous duquel la population décroît, est fixé à 2,1 enfants par femme.]
Alors que nombre de pays développés souffrent d’une baisse de la natalité, comment se fait-il qu’Israël soit si fécond ?
“Si vous n’avez pas d’enfant, on vous demande pourquoi. Si vous avez un enfant, on vous demande : ‘À quand le deuxième ?’ Et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous ayez trois enfants ou plus, ce qui est considéré comme ‘normal’ ici.”
C’est ce que m’explique Keren Gil, 44 ans, employée d’une société pharmaceutique qui vit dans la banlieue de Tel-Aviv, la capitale économique du pays. Elle et son mari, Yaron, 45 ans, agent immobilier, élèvent trois enfants : deux garçons, de 15 et 12 ans, et une fille de 7 ans.
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