Plusieurs députés du Likud ont indiqué vendredi qu’ils ne permettraient plus à la coalition de faire passer de nouvelles mesures du paquet de reformes radicales sans compromis. Deux d’entre eux se sont exprimés ouvertement, et d’autres auraient exprimé des sentiments similaires.
« Il s’agissait d’une semaine d’introspection, une semaine au cours de laquelle nous devions tirer les leçons du passé et de la destruction des Temples », a déclaré le député Eli Dellal, notant le jour de jeûne de Tisha BeAv qui a eu lieu mercredi.
« Dans l’espoir de guérir la terrible fracture de la société israélienne, au vu des nombreux défis et en gardant le bien d’Israël et l’unité du peuple israélien à l’esprit, j’annonce par la présente que je ne soutiendrai que les mesures prises dans le cadre d’un large consensus public. »
Le député Yuli Edelstein, chef de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, a déclaré, dans des extraits d’une interview qui a été diffusée samedi, qu’il ne laisserait plus les membres de la ligne radicale de la coalition détourner l’agenda législatif.
« Il se peut que je me sois un peu endormi alors que j’étais de garde », a déclaré Edelstein à l’émission « Rencontre avec la presse » de la Douzième chaîne, faisant apparemment référence aux modérés du gouvernement.
« Je n’ai pas peur de reconnaître d’avoir fait une erreur. »
Mais, a-t-il ajouté, « cette situation où, à chaque fois qu’un compromis est proposé, un membre de la coalition y oppose son veto ou profère des menaces, est révolue ». « Désormais, je serai consulté sur ce qui est soumis au vote et sur la manière dont cela se passera. Ils se passeront de mon vote, si tel n’est pas le cas », a-t-il ajouté.
Le correspondant politique de la Treizième chaîne a déclaré que le député David Bitan (Likud) devrait également adopter une position similaire. Bitan a été cité par la chaîne comme ayant déclaré cette semaine : « Nous ne permettrons plus à une seule personne de décider. Nous serons impliqués dans les prochaines étapes. »
Bitan aurait ajouté qu’il ne voyait aucune raison de prendre position contre la loi du « caractère raisonnable » – adoptée la semaine dernière – qui limite la capacité des tribunaux à examiner le critère juridique de la « raisonnabilité » des décisions du cabinet et des ministres.
« Ce n’est rien. Le tribunal trouvera le moyen de contourner la notion du ‘caractère raisonnable’ par d’autres normes. Il n’y avait aucune raison de se battre contre. »
Un ministre du Likud anonyme a également déclaré à la Treizième chaîne que le feu vert que le ministre de la Justice Yariv Levin avait reçu de son parti – pour bloquer unilatéralement les propositions de compromis – était passé au rouge. Le ministre a déclaré à la chaîne que d’autres membres du Likud étaient du même avis.
Ynet a également rapporté que la ministre des Renseignements, Gila Gamliel (Likud), a déclaré à ses collaborateurs que Levin avait « vendu le Likud lors des accords de coalition ».
« Aujourd’hui, il reçoit automatiquement le soutien du député [d’extrême-droite Itamar] Ben Gvir et menace régulièrement de faire imploser le gouvernement. Ses menaces à l’encontre de Netanyahu nous obligent à mettre en place un gouvernement de large union. C’est ce qu’il faut faire à l’heure actuelle. »
Le commentateur politique de la Douzième chaîne, Amit Segal, a également estimé qu’au moins quatre députés de la coalition ne soutiendraient pas une législation unilatérale agressive à l’avenir, laissant potentiellement la coalition de 64 sièges en difficulté pour rassembler une majorité pour de telles actions.
« Peut-être que certains ont oublié. Nous, nous n’avons pas oublié – le peuple a choisi la droite », a répondu Ben Gvir vendredi.
Tous les membres du Likud à la Knesset, ainsi que tous les autres membres de la coalition, ont voté lundi en faveur de la loi du « caractère raisonnable », qui interdit le contrôle judiciaire des décisions gouvernementales et ministérielles sur la base de leur « raisonnabilité ».
Netanyahu a clairement indiqué, lors d’interviews accordées aux médias américains jeudi, qu’il avait l’intention d’aller de l’avant avec d’autres éléments du paquet de reformes.
« Je n’ai rien pu obtenir de l’opposition et j’ai donc décidé de procéder à cette correction mineure », a indiqué Netanyahu.
« J’essaierai de parvenir, sinon à un consensus avec l’opposition, l’autre côté de l’allée politique de notre Parlement, du moins à quelque chose qui soit largement accepté par la population », a-t-il ajouté.
« Je suis en réalité plus optimiste aujourd’hui qu’auparavant. Maintenant qu’ils peuvent voir que nous sommes prêts à agir sans eux, que nous avons la majorité, peut-être pourrons-nous agir avec eux. »
La Treizième chaîne a rapporté que Netanyahu avait déclaré à ses collaborateurs qu’il ne prévoyait de faire avancer qu’un seul autre texte de loi avant de mettre le reste du paquet de réformes au placard. Mais le projet de loi qu’il souhaite faire avancer serait celui qui donnerait à la coalition un contrôle quasi-absolu sur la commission de sélection des juges – sans doute le projet de loi le plus ambitieux du programme de refonte.
Netanyahu a déclaré qu’il souhaitait que la coalition adopte le projet de loi lors de la prochaine session parlementaire, mais qu’il était également ouvert à des négociations avec l’opposition dans l’intervalle. Toutefois, si aucun accord n’est conclu, Netanyahu a indiqué que la coalition irait de nouveau de l’avant de manière unilatérale.
Au sein de la coalition, le ministre de la Défense Yoav Gallant est également considéré comme un modéré. Gallant avait lancé l’appel de la dernière chance en faveur d’un compromis sur la première mesure du gouvernement, le projet de loi du « caractère raisonnable », qui a été approuvé par la Knesset lundi.
Les propositions de la coalition ont déclenché des protestations publiques de masse, ainsi que l’opposition du personnel militaire, de chefs d’entreprise, et d’alliés étrangers entre autres.
Yedioth Ahronoth a rapporté vendredi, sans citer de sources, que Gallant envisageait d’essayer d’organiser la formation d’un gouvernement d’unité avec les chefs des partis d’opposition Yaïr Lapid (Yesh Atid) et Benny Gantz (HaMahane HaMamlahti) afin d’atténuer la fracture sociale causée par les projets de refonte judiciaire de la coalition.
Gallant a conclu que Lapid et Gantz devaient être intégrés de toute urgence à la coalition, tandis que le ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, figures controversées du cabinet qui dirigent respectivement les partis d’extrême-droite Otzma Yehudit et HaTzionout HaDatit, devraient être expulsés de la coalition, selon l’article.
Selon l’éditorialiste Nahum Barnea, Gallant est prêt à renoncer à son poste de ministre de la Défense pour qu’un tel arrangement puisse fonctionner.
TIMES OF ISRAEL.