Les exportations israéliennes battent un record pour la deuxième année consécutive avec un total de 12,5 milliards de dollars en 2022. C’est une croissance constante depuis 20 ans des ventes d’équipement de défense qui ont été pratiquement multipliées par six depuis deux décennies. Ces exportations sont évidemment étroitement encadrées par le ministère de la Défense et on voit que la technologie israélienne est de plus en plus recherchée.
En 2022, deux domaines se sont taillé la part du lion : les drones, qui ont représenté 25% des contrats et les systèmes de défense antiaérienne et antimissile qui ont compté pour 19%. On comprend évidemment l’intérêt pour les développements israéliens d’abord conçus pour la défense locale, mais qui deviennent aussi des atouts dans les formes de conflit qui se développent dans le monde. On voit d’ailleurs l’évolution des marchés où la région Asie-Pacifique représente 30% des exportations, mais où l’Europe arrive en 2e position avec 29% et surtout les pays signataires des « Accords d’Abraham » qui comptent déjà pour 24% des commandes.
Et comme on l’attendait, le ministère allemand de la Défense et le Bundestag ont approuvé mercredi l’acquisition du dispositif israélien Arrow-3 de défense antimissile. Cela fera de l’Allemagne le premier pays à se doter du système israélien, opérationnel depuis 2017. L’Allemagne, qui regarde du côté de l’Ukraine et surtout de la Russie et qui a un besoin vital de renforcer et de moderniser ses défenses contre de possibles tirs de missiles russes. D’autant que le système Arrow-3 pourra aussi couvrir une partie des pays voisins, notamment par ses capacités de surveillance et de traque, mais aussi d’interception, puisqu’il a une portée de 2.400 kilomètres. C’est en tout cas un contrat colossal pour l’industrie aérospatiale israélienne qui va dépasser les 4 milliards de dollars. La dernière étape qui manque encore, c’est l’aval de Washington, car si le Arrow-3 a été conçu et développé par Israël, il est fabriqué aux Etats-Unis.
Les nouvelles menaces qui se développent sur les nouvelles zones de conflit se traduisent aussi en innovations israéliennes. Et on peut parler de première mondiale, puisqu’Israël a présenté au Salon du Bourget, le premier intercepteur de missile hypersonique. C’est le « SkySonic », développé par la société Rafael et spécifiquement conçu contre les missiles se déplaçant à plusieurs fois la vitesse du son. Une arme que les Russes affirment détenir depuis 2018 et qu’ils auraient déjà utilisée contre l’Ukraine. L’Iran assure également avoir développé un missile hypersonique, le « Fattah », mais qui serait en fait un missile balistique avec des capacités de manœuvre améliorées. En tout cas, cette menace a suffi aux responsables de la défense israélienne pour commencer à travailler à une réponse. Et cela fait trois ans – donc deux ans avant l’invasion russe en Ukraine – que les ingénieurs de Rafael planchent sur le développement de leur intercepteur, qui est donc déjà très avancé. Pour l’instant, seule l’armée américaine a eu le droit de voir le projet, qui doit d’ailleurs prochainement entamer la phase des vols d’essai. Le « SkySonic » serait capable d’intercepter tous les types de missiles hypersoniques, alors que la Russie affirme qu’il n’existe actuellement aucune arme capable de les abattre. La société Rafael a déjà vu ses carnets de commande dépasser les 11 milliards de dollars depuis le début de la guerre en Ukraine. Son prototype d’intercepteur de missile hypersonique devrait intéresser beaucoup de monde au Salon du Bourget.
RADIO J.
Pascale Zonszain