Une lettre signée par 280 économistes israéliens a dénoncé le budget du gouvernement, voté à la Knesset, et qui comprend une augmentation significative du financement du secteur ultra-orthodoxe (haredi) et sioniste-religieux, a rapporté dimanche le magazine économique Globes, et notamment l’attribution d’une partie de ce budget à des structures scolaires qui n’enseignent pas les matières profanes.

« Nous avertissons que les transferts de fonds dans le cadre des accords de coalition, tels qu’ils sont reflétés dans le prochain budget qui sera voté cette semaine, entraîneraient des dommages importants et à long terme pour l’économie d’Israël et son avenir en tant que pays prospère. Cela est dû à l’augmentation sans précédent des ressources allouées aux établissements d’enseignement haredi non officiels, sans qu’elles soient subordonnées à une supervision obligatoire et à des études de base complètes, ainsi qu’à l’augmentation de l’aide financière aux étudiants des yeshivas (écoles talmudiques) », ont écrit les économistes, après que le gouvernement a augmenté les fonds destinés aux ultra-orthodoxes de plus d’un milliard de shekels pour atteindre 13,6 milliards de shekels (sur deux ans) sur un budget global de 480 milliards.

Parmi les signataires de la lettre figurent l’ancien directeur général du ministère des finances, le professeur Avi Ben-Bassat, l’ancien gouverneur adjoint de la Banque d’Israël, le professeur Avia Spivak, le professeur Eitan Sheshinski et l’ancien président du Conseil économique national, le professeur Eugene Kandel.

Selon la lettre, ces mesures priveront les enfants ultra-orthodoxes scolarisés de la possibilité d’acquérir les compétences de base essentielles à leur intégration en tant que diplômés sur le marché du travail dans une économie avancée, et réduiront l’incitation des diplômés à s’intégrer sur ce marché.

« Malheureusement, non seulement le gouvernement israélien ne s’attaque pas à ce problème grave, mais il choisit des mesures qui l’exacerbent et qui font basculer l’avenir de l’économie israélienne dans le tiers-monde. Le gouvernement israélien doit revenir à la raison et reconsidérer l’allocation des fonds de la coalition qui sont maintenant accordés pour des considérations politiques à court terme, mais qui transformeront à long terme Israël d’un pays progressiste et prospère en un pays arriéré où une grande partie de la population n’a pas les compétences de base pour la vie au 21ème siècle », soutient la lettre.

Selon les économistes, aujourd’hui déjà, près de 25 % des enfants en âge scolaire sont nés dans des familles ultra-orthodoxes, et cette proportion devrait doubler d’ici à 2050.

« Nous nous accordons à dire que la capacité de ces enfants à s’intégrer dans le marché du travail à l’avenir, à gagner décemment leur vie et à payer des impôts, est une question cruciale pour l’avenir de l’économie israélienne. La recherche montre que les enfants qui n’étudient pas pleinement les matières fondamentales auront beaucoup de mal à surmonter leurs difficultés au cours de leur vie professionnelle à l’âge adulte. Le niveau moyen des connaissances des élèves israéliens en mathématiques, en sciences et en lecture est inférieur à celui de l’ensemble des pays développés. Le gouvernement devrait considérablement améliorer le système éducatif israélien dans son ensemble », poursuit la missive.

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