EDITORIAL. Notre message aux ennemis d’Israël, par Ariel Schmidberg.
Les immenses manifestations prouvent qu’Israël, la seule véritable démocratie de la région, est une démocratie forte et qu’elle le restera
Permettez-moi d’être optimiste. Alors que la fumée dans les rues d’Israël va lentement commencer à se dissiper et que la fureur orageuse des manifestations de masse va se calmer, il est temps de rappeler, à tous ceux qui en ont douté, qu’Israël est fort, et peut-être même plus fort que jamais.
Que tous les ennemis d’Israël le sachent : Hassan Nasrallah et les soldats du Hezbollah au Liban, Yahya Yesanwar et les agents du Hamas à Gaza, le Jihad islamique palestinien, le chef spirituel de l’Iran et son président, la Fosse aux lions à Jénine, et même les derniers des terroristes qui agissent comme des « loups solitaires » : l’énorme puissance d’Israël n’a pas été ébranlée, même d’un millimètre.
Alors, faites-vous une faveur et ne testez pas la force de Tsahal. Sachez que les pilotes qui ont annoncé que, si la réforme judiciaire était adoptée, ne répondraient pas à l’appel de l’armée, monteront dans le cockpit dès qu’une menace réelle pèsera sur Israël. Et que les réservistes qui ont menacé de ne pas rejoindre leur unité si la réforme est adoptée seront les premiers à faire la queue au nord ou au sud pour protéger les frontières de l’État. Ne testez pas l’armée israélienne.
Le petit État d’Israël est unique en son genre. C’est un miracle, rien de moins. Il est le résultat d’une détermination jamais vue, de vieux rêves et d’un grand amour. Alors que, dans les rues de Paris, la police a pu frapper des manifestants à coups de matraque, en Israël, une enquête indépendante est ouverte après qu’un policier a utilisé une grenade assourdissante lors de l’une des manifestations. Alors que dans d’autres pays de la région, des guerres civiles éclatent et que les gens s’entretuent, en Israël, des centaines de milliers de personnes manifestent pendant 12 semaines avec pour seules armes le drapeau du pays, une pancarte – généralement écrite à la main – et un sifflet.
Le gouvernement israélien a fait une grave erreur de calcul. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre de la Justice Yariv Levin ont mal évalué (et c’est un euphémisme) la réaction de l’opinion publique aux mesures législatives qu’ils ont promues, et ils ont certainement mal évalué la force de la réaction de l’opinion publique au limogeage du ministre de la Défense Yoav Galant après qu’il ait appelé à suspendre les mesures législatives. Il ne s’agit pas seulement d’une erreur de calcul, c’est bien plus que cela.
L’une des forces de l’État d’Israël est sa capacité à se relever rapidement, par exemple après une attaque terroriste ou une guerre. Malheureusement, la réalité israélienne pousse les résidents dans cette voie. Il est donc vrai que la fracture dans la société israélienne est aujourd’hui profonde, peut-être même plus profonde que jamais. Il est difficile de dire si cette fracture se résorbera en quelques jours, quelques semaines, voire quelques mois ou quelques années. Mais – et c’est un énorme « mais » – elle finira par se refermer.
On peut soutenir les manifestants ou ne pas être d’accord avec eux, on peut soutenir la réforme judiciaire, sa substance et leur motif, et on peut aussi s’y opposer – mais on ne peut pas ignorer ce qui s’est passé ici en l’espace de 12 semaines, juste avant les jours saints de Yom HaShoah (Jour de la Shoah), Yom Hazikaron (Jour du souvenir des soldats tués et des victimes du terrorisme), et du 75e jour de l’indépendance d’Israël. Les immenses manifestations prouvent qu’Israël, la seule véritable démocratie de la région, est une démocratie forte et qu’elle le restera.
Nous sommes tous frères. Même si nous nous battons, même si nous sommes en colère, même si nous ne nous parlons pas. Et face à toute menace extérieure, immédiatement et sans hésitation, nous serons plus unis que jamais.
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