Editorial (Daniel Rouach). Le Président de l’Etat d’Israël Isaac Herzog est un homme politique que j’ai rencontré de nombreuses fois. C’est lui qui m’a introduit auprès de Shimon Péres dans les années 90. Une rencontre inoubliable à Tel-Aviv en solo.
Par la suite j’ai partagé le même espace de bureau à Ramat Gan (durant de nombreuses années) avec Herzog. Nous avons des amis communs, dont Amos Ron, N°2 de la CCIIF. Ce qui m’a permis de l’inviter à la Chambre de Commerce Israël-France pour des réunions de Gala lors des festivités de Yom Haatsmaout. Ceci dit, les hommes politiques israéliens sont très accessibles. Et Isaac Herzog est assez chaleureux
C’est un homme, qui a gardé un surnom depuis son enfance, « Bougie », qui lui va très bien. Il possède une mémoire extraordinaire. Il m’a toujours donné l’impression d’être une sorte de Rabbin, authentique et moderne, et pourrait porter une Kippa, comme les leaders des partis religieux, sans que cela puisse paraître artificiel.
Isaac Herzog n’a jamais oublié son histoire familiale (Rabbins, héros, courage,…). Un jour Isaac Herzog m’a demandé de l’aider pour son fils qui souhaitait passer des mois d’études à Paris. Je l’ai fait. ll savait que j’enseigne dans une grande école. Son éthique est parfaite. Pas de passe-droits. Il m’a juste demandé d’aider son fils, sans plus.
Isaac Herzog n’hésite jamais à rencontrer des personnes de tous les milieux. Il a un faible pour les habitants des Kibboutzim qui avaient, lorsque je l’ai côtoyé, un droit d’accès permanent et « naturel » à son bureau. Ils avaient tous des vêtements débraillés et se sentaient à la maison dans son bureau (repas dans des boites en plastique et claquettes aux pieds). Herzog est toujours habillé en costume-cravate.
J’ai découvert avec Herzog une version d’un homme marqué par la « Israélitude » (« Sionisme décomplexé et assez brutal »). Son ADN est israélien dans le sens le plus profond. Un « israélisme » sans failles… mais avec une politesse à l’Européenne. Un sabra pur et dur.
Ce que j’ai appris en l’observant : il manage en parallèle un nombre TRES important de dossiers. Son Anglais est parfait. Il parle rarement d’argent en public. Il ne fait jamais référence à Tsahal, même s’il a eu un poste dans une Unité d’élite. Il connait de manière assez intime pratiquement tous les hommes politiques israéliens et leur histoire familiale. Il ne sait pas hurler pour se faire entendre. Sa famille ashkénaze est totalement intégrée dans l’élite israélienne « Ashkérade » (Séfarade et Ashkénaze) qui compte : armée, Université,…
Isaac Herzog, lorsqu’il a fait son récent discours de conciliation en direct à La TV cette semaine, était exactement comme je l’ai connu : authentique. Un homme de bonne volonté qui tente d’éviter une guerre civile dans le pays.
Isaac Herzog : « L’abîme est tout proche. Ceux qui pensent qu’une guerre civile est quelque chose que nous ne pourrions pas atteindre n’ont aucune idée de la réalité ».
Herzog : « J’ai rencontré des milliers de citoyens, les meilleurs fils et filles de l’État. Dans mes pires cauchemars, je n’aurais jamais pensé entendre de tels mots dans leur bouche, même s’ils émanent d’une très petite minorité de personnes. J’ai entendu une rhétorique surprenante. J’ai entendu une haine réelle et profonde. J’ai entendu des gens – de tous les partis – dire que l’idée du sang dans les rues ne les choque plus », a-t-il déclaré. « Nous sommes à la croisée de ce qui pourrait être une crise historique ou un moment constitutionnel décisif. Des changements substantiels doivent être apportés avec bon sens. Nos textes sacrés nous invitent à rechercher la justice et la paix ».
Malheureusement pour Isaac Herzog, depuis bien longtemps sa voix est inaudible. Bibi Netanyahou est un bulldozer. Le style Herzog, sans cris et hurlements, a du mal à passer dans un pays où chacun hurle avec émotion.
Un point à ne pas oublier : Isaac Herzog n’a pas peur. Jamais…
Il va le prouver.
LE PLUS. LA PAGE WIKIPEDIA DE ISAAC HERZOG. « Isaac Herzog (en hébreu : יצחק « בוז’י » הרצוג), parfois surnommé « Bouji » (également écrit « Bougie »), est un homme politique israélien, né le à Tel Aviv. Il est président de l’État d’Israël depuis le .
Petit-fils du grand-rabbin ashkénaze Yitzhak HaLevi Herzog et fils de l’homme politique Chaim Herzog, président de l’État d’Israël pendant dix ans, il est élu député à la Knesset en 2003, sous l’étiquette du Parti travailliste israélien.
Entre 2005 et 2011, il est plusieurs fois ministre dans les gouvernements Sharon, Olmert et Netanyahou. Par la suite, il devient président du Parti travailliste et mène la coalition d’opposition de centre-gauche Union sioniste à la Knesset. Il quitte en 2018 son parti, qui ne l’a pas reconduit à sa tête l’année précédente, pour prendre la présidence de l’Agence juive, organe gouvernemental chargé de l’immigration juive en Israël.
Candidat indépendant, il remporte l’élection présidentielle de 2021 face à Miriam Peretz, issue de la société civile.
LE PLUS. Isaac Herzog est le fils de Chaim Herzog, président de l’État d’Israël de 1983 à 1993, et de son épouse Aura. Son grand-père, Yitzhak HaLevi Herzog, était le grand-rabbin ashkénaze de Palestine mandataire puis d’Israël.
Il effectue son service militaire comme officier dans l’unité 8200 du service des renseignements pendant quatre ans, puis est major de réserve. Il étudie ensuite le droit à l’université de Tel Aviv ainsi qu’à l’université Cornell de New York. Il travaille dans le cabinet d’avocats Herzog, Fox & Neemann, dont son père est l’un des fondateurs, avant de créer son propre cabinet. Il est marié à Michal Afek, avocate de profession avec laquelle il a trois fils.