Quelle que soit la manière dont on l’appelle, les Israéliens ont toujours scruté son niveau parce qu’il sert de réservoir d’eau à tout le pays. Quand le niveau était bas tout le monde s’inquiétait du risque de pénurie en eau et de la hauteur du lac disait-on dépendait la bonne ou la mauvaise humeur des Israéliens ?
En 2018, alors que l’Etat d’Israël et la compagnie nationale de l’eau Mekorot maîtrisent le processus de désalinisation de l’eau de mer, ont lancé en 2018 le renflouement du lac de Tibériade, avec de l’eau dessalée puisée dans la Méditerranée. Il aura fallu attendre cinq ans de travaux qui auront coûté un milliard de shekels 267 millions d’euros.
A la date convenue, les vannes ont été ouvertes le 27 décembre 2022 au nord du lac à partir des hauteurs qui le surplombent. L’eau s’est déversée dans le lit d’une rivière artificielle venant remplir le Tzalmon une rivière au nord ouest du lac et qui l’alimente.
Le renflouement du lac de Tibériade renverse la logique : désormais, c’est l’ancien réservoir du pays qui est alimenté via l’aqueduc qu’il alimentait et l’eau coule aussi dans le sens inverse : du sud vers le nord.
La sécurité hydrique d’Israël est désormais assurée et le lac reprend sa fonction de réservoir national en cas d’urgence. Mais c’est aussi le partenariat stratégique avec la Jordanie qui est renforcé. En 2021, la livraison d’eau à la Jordanie a quasiment doublé passant de 55 millions de m3 d’eau à 105 millions et un accord est prévu pour un futur échange de 200 millions de m3 d’eau dessalée contre l’énergie provenant d’un immense champ de panneaux solaires jordanien.
L’eau dessalée ne possède aucun des minéraux qu’on retrouve dans l’eau issue des nappes phréatiques. Avant de se lancer dans la réalisation du projet, Mekorot avait fait un modèle dynamique en 3D de l’introduction de l’eau dessalée, en respectant un temps d’introduction qui permet d’intégrer l’eau à celle du lac au fur et à mesure dans des conditions précises pour ne pas changer les qualités de l’eau du lac. Apparemment « tout baigne ».
Jean-François Strouf
RADIO J.