UN ARTICLE DE GILLES LE NORMAND. Durant cet été est passé inaperçue une modification de loi qui va profondément changer la vie de nombreuses personnes. Il s’agit d’un assouplissement conséquent du traitement des changements de noms, qui va permettre, gratuitement, à ceux qui le souhaitent d’emprunter ou de joindre à son nom de famille, celui du parent qui n’a pas été transmis à la naissance. Cette modification de patronyme permettra à certains à occulter une trace importante d’une histoire familiale douloureuse.
C’est qu’en France, il est difficile de changer de nom. Il faut suivre une procédure compliquée, longue, onéreuse et aléatoire. Ainsi, au début du XXème siècle, les enfants d’Henri Désiré Landru purent adopter un autre nom que celui de leur père, mais plus tard, la demande d’autres Landru, non apparentés aux premiers, fut refusée, la justice estimant que l’affaire était devenue moins exposée sur le plan médiatique.
Pourtant, il y a de nombreuses raisons de changer de patronyme :
- Il y a ceux qui doivent supporter des noms qui les exposent à la moquerie, soit de manière générale (les Ducon, les Soulard, les Cochon …), soit du fait de l’association avec un métier. Victor Hugo a rapporté que vers 1770, les maîtres Corbeau et Renard, procureurs au Châtelet, avaient pu changer leur patronyme en Gorbeau et Prénard.
- Il y a les immigrés qui « francisent » leurs noms pour pouvoir s’intégrer dans la société et même parfois pour survivre, comme cela a été le cas des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Après celle-ci, certains des enfants de ceux qui avaient fait ce choix redemandèrent d’ailleurs à retrouver leur patronyme d’origine. Maintenant, certains Juifs français qui s’installent en Israël ont la possibilité d’adopter un nom d’origine hébraïque, avant d’entamer une nouvelle existence.
Cette réticence à accepter les noms sortant de l’ordinaire ne date pas d’hier. Au XVIIIème siècle, lorsqu’un régiment devait stationner dans une ville, les habitants étaient tenus d’héberger les officiers titulaires d’un billet de logement. Mais ceux qui avaient des noms de consonance étrangère se voyaient souvent refuser l’accès à ces logis. On disait alors qu’ils avaient des « noms à coucher dehors« .
- Il y a les femmes qui adoptent le nom de leur époux et qui, parfois, doivent reprendre leur nom de jeune femme après un divorce.
- Il y a les raisons d’état. Durant la 1ère guerre mondiale, la branche anglaise de la famille noble des Battenberg dut transformer le nom de la dynastie en « Mountbatten », de même que la famille royale dut délaisser le nom de Saxe-Cobourg pour « Windsor » qui n’avait aucune justification historique.
- Et puis, il y a les artistes qui décident d’adopter des pseudonymes sous lesquelles ils estiment mieux pouvoir être reconnus qu’avec leurs véritables noms. On peut en comprendre certains. Ainsi, il est plus facile de devenir une rock star quand on s’appelle Alice Cooper, plutôt que Vincent Furnier, ou de fonder la philosophie spirite en s’appelant Allan Kardec plutôt que Hippolyte Léon Denizard Rivail.
Mais certains n’ont pas le choix. Ainsi, l’acteur britannique connu sous le pseudonyme de Stewart Granger aurait bien aimé être reconnu sous son nom, mais il était déjà pris : James Stewart.
Ces noms d’emprunt d’ailleurs prirent plus d’importance que certains pourtant établis. Le vrai nom de Voltaire était François-Marie Arouet et un jour, il eut une discussion animée avec le prince de Rohan qui lui dit « Arouet ? Voltaire ? Enfin, avez-vous un nom ? », mais il se vit répliquer « Voltaire ! Je commence mon nom et vous finissez le vôtre ».
LE PLUS. EN ISRAËL. En Israël, changer de nom est possible depuis bien longtemps.
La loi de 1956 sur les noms, qui régit la modification du nom d’une personne, ne requiert pas d’affidavit d’une autorité religieuse. Toutefois, la procédure du ministère de l’Intérieur concernant les noms qui ont une signification religieuse supplémentaire exige que le demandeur fournisse une approbation écrite du chef de se communauté ou le rabbin de la synagogue où il prie.
La raison évidente est que la loi juive établit des règles plus restrictives concernant les événements du cycle de vie des Juifs qui sont des prêtres (Cohen) et des lévites.
La loi sur les noms habilite le ministre de l’Intérieur à refuser une demande de changement de nom s’il estime que «le nouveau nom est susceptible d’induire en erreur ou de nuire à la politique publique ou au sentiment public».
SELON LES AUTORITES ISRAELIENNES:
« Le système des noms est extrêmement flexible car Israël est un pays
d’immigrants.
Bon nombre d’arrivants souhaitent changer leur nom. Cette pratique
est très rapide et courante mais le résultat final présente de nombreuses fautes
d’interprétation et de traduction lors du passage de l’hébraïque aux caractères la-
tins ; la langue hébraïque tolère une grande liberté en matière de traduction.
En cas de changement de nom, l’ancien nom est mis entre parenthèses à côté du
nouveau prénom ou nom de famille pendant quelques années (5 à 7).
2. Port du nom dans le cas des conjoints
Norme : La femme reprend le nom de famille de son mari ;
Mais : toutes les possibilités restent ouvertes ; faire suivre le nom de jeune fille de
la femme, porter les deux noms de famille, reprendre le nom de famille de la
femme ou porter les deux noms de famille ; il y a déjà eu des cas où, après le ma-
riage, le couple avait choisi un nom totalement nouveau. Il existe une grande
souplesse dans le port du nom et dès qu’un « teudat bechirat shem » (document
sur le choix de nom) est émis par le Ministère de l’intérieur à la suite du mariage,
le nouveau nom choisi acquière force obligatoire.
3. Port du nom dans le cas des enfants
Les enfants légitimes prennent le nom de famille des parents ;
Pour les enfants illégitimes, le port du nom diffère selon les cas :
Père inconnu : nom de famille de la mère ;
Père connu / enfant reconnu : nom de famille du père, du père et de la mère ou
uniquement de la mère (dépend du choix de la « famille »). La modification du
port du nom est extrêmement flexible.
4. Particularités
Les noms sont écrits en majuscules ;
Les signes diacritiques n’existent pas ;
Le trait d’union n’a aucune signification ;
En Israël, les changements de nom ont souvent lieu, et sur le passeport, l’ancien
nom est mis entre parenthèses à côté du nouveau nom pendant une période pré-
cise (5 à 7 ans) ;
Les particules de filiation n’existent pas