C’est le prénom le plus bafoué de France : ceux qui en sont affublés réussissent en moyenne moins bien à l’école, voient les offres d’emploi leur passer sous le nez et s’attirent toutes sortes de sarcasmes les rares fois où ils parviennent à s’élever dans les hautes sphères.
Aujourd’hui, tous ces infortunés, les Kévin de France, enregistrent une rare victoire alors que pas un mais deux de leurs homonymes ont décroché des postes au Parlement. Une première dans l’histoire de France. En Israël bien peu de citoyens Français juifs qui ont fait leur Alyah se nomment Kevin. Est-ce par hasard?
SELON COURRIER INTERNATIONAL : “Les Kévin tiennent-ils enfin leur revanche ?” s’interrogeait le magazine Le Point il y a quelques jours, après l’élection de Kévin Pfeffer, 31 ans, et de Kévin Mauvieux, 30 ans, à l’Assemblée nationale. Ce prénom, parmi les plus populaires entre 1989 et 1994, soulignait l’hebdomadaire, est devenu une source de moqueries pour les 176 815 hommes qui l’ont reçu en baptême.
“C’est quoi ce nom ?”
Le pic des Kévin a été atteint en 1991 avec un record de 13 330 nouveau-nés ainsi prénommés en France. L’auteur de l’article est lui-même un Kévin – Badeau de son patronyme. “Je suis un Kévin typique*”, explique-t-il sur un ton enjoué. Comme la plupart de ses homonymes, il est issu des classes populaires et a grandi à Sarcelles, modeste banlieue du nord de Paris, où “il n’était pas rare d’avoir deux Kévin dans la même classe”.
Mais cela change après qu’il s’installe dans la capitale pour commencer sa carrière de journaliste. “Il est rare de trouver un Kévin dans les milieux intellectuels parisiens, reconnaît-il. J’ai rencontré des gens très surpris par mon prénom ou qui me demandaient : ‘C’est quoi, ce nom ?’ Évidemment, ça n’a rien d’amusant, mais je ne vais pas me poser en victime.”
Pfeffer et Mauvieux viennent eux aussi de milieux modestes. Tous les deux sont des représentants du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, un parti dont les électeurs sont majoritairement issus des classes populaires.