Depuis son ouverture officielle en septembre 2024, le Bureau du Québec à Tel-Aviv s’est affairé à nouer des liens dans l’industrie de la cybersécurité là-bas – un secteur intimement lié aux services de renseignements israéliens, ayant la réputation de vendre des technologies « testées en zone de guerre ». En mars 2025, la conférence Cybertech Global à Tel-Aviv rassemblait des acteurs de la technologie et de la cybersécurité en Israël, dont des entreprises et des officiels israéliens. L’intrus, dans la longue liste de start-ups et d’investisseurs de la tech : une délégation du Québec, représentée par les nouveaux employés du Bureau du Québec à Tel-Aviv.
Le Bureau du Québec ne cache pas ses intentions de courtiser les start-ups en Israël. Sur son site web, son unique publication est un document rédigé en anglais à l’intention d’entreprises israéliennes, présentant le secteur québécois de la cybersécurité et dont la première page avance : « Vos ambitions, notre soutien ».
« Le Québec est une destination de choix pour les entreprises israéliennes spécialisées dans les technologies de l’information et la cybersécurité », affirme-t-on. La province y est décrite comme étant « un partenaire clé pour les entreprises qui souhaitent se développer et innover », en offrant notamment des crédits d’impôt, des subventions, une main-d’œuvre moins coûteuse et des taux d’imposition préférentiels comparativement à ceux d’Israël.
S’il n’est pas prévu que le Bureau du Québec à Tel-Aviv assure une représentation lors de la prochaine édition de la conférence, en janvier, « une participation à une édition subséquente n’est pas exclue », affirme le MRFI.
L’ensemble des start-ups répertoriées dans la liste affichée sur le site web de la conférence sont établies en Israël et ont été fondées par des Israéliens, dont une grande partie ont précédemment travaillé en cyber-renseignement au sein de l’armée israélienne.
Cependant, la proximité entre le secteur de la cybersécurité et l’armée en Israël pourrait exposer des utilisateurs de logiciels à des risques de piratage, de surveillance ou de vol de données, possiblement, au bénéfice du renseignement israélien.
Parmi la liste des entreprises invitées à la conférence Cybertech à Tel-Aviv en 2025, 22 start-ups dont les fondateur·trices ou des employé·es indiquaient avoir œuvré au sein des forces armées israéliennes dans le domaine du renseignement et de la cybersécurité, sur leur page LinkedIn ou leurs biographies publiques.
Plusieurs précisaient avoir fait partie de l’Unité 8200. Cet organe de renseignement militaire est derrière divers types d’opérations impliquant notamment l’extraction de données.
Mais le ministère des Relations internationales du Québec ne semble pas voir de problème à faire affaire dans le milieu.
« Le gouvernement israélien appuie le développement de son écosystème de start-ups, notamment en misant sur la recherche et l’innovation », affirme le ministère. « L’écosystème de cybersécurité israélien traite de sujets et d’enjeux qui sont étroitement interreliés aux réalités et aux besoins du Québec, comme la protection des données sensibles. »
Au-delà de ses visées en matière de cybersécurité, le Bureau du Québec à Tel-Aviv a également tenu des rencontres avec des entreprises israéliennes dans les secteurs de l’innovation médicale et de l’agriculture.
Cependant, plusieurs groupes militants se sont opposés à l’ouverture d’un Bureau du Québec à Tel-Aviv, demandant à ce que le gouvernement provincial suspende ses liens de coopération avec le pays, et dénonçant le génocide à Gaza ainsi que la colonisation et l’apartheid en Cisjordanie.
Source : Pivot Quebec (résumé Israël Valley)