France, Israël, Allemagne, Espagne… les étudiants rajoutent des fautes à leurs devoirs rédigés par l’IA pour tromper leurs professeurs.
Fautes volontaires, tournures maladroites, brouillage via plusieurs intelligences artificielles… Les étudiants redoublent d’ingéniosité pour masquer son usage dans leurs devoirs. Un casse-tête grandissant pour les enseignants.
SELON SLATE. « De plus en plus d’étudiants ont recours à des outils d’intelligence artificielle (IA) comme ChatGPT pour écrire leurs devoirs scolaires. Pour tromper la vigilance de leurs professeurs, certains modifient le texte et y ajoutent des fautes de frappe, d’orthographe ou des tournures maladroites pour rendre crédibles et humaniser leurs copies. D’autres vont plus loin, en donnant des consignes spécifiques à l’IA.
Une étudiante a déclaré sur TikTok qu’elle demandait à l’IA «d’écrire [une dissertation] comme un étudiant de première année qui serait un peu bête», pour rendre le texte moins parfait et donc moins suspect aux yeux des enseignants. Selon le média en ligne Futurism, il arrive aussi que certains fassent retravailler leurs textes dans plusieurs IA différentes, afin de brouiller encore plus les pistes.
Ces techniques montrent à quel point les étudiants s’adaptent rapidement aux nouveaux outils et cherchent toujours à contourner les règles. L’objectif est simple selon Sam Williams, assistant d’enseignement à l’Université de l’Iowa: «Ils utilisent l’IA parce que c’est une solution simple et que c’est un moyen facile pour eux de ne pas perdre de temps à rédiger des dissertations.»
Les enseignants remarquent des différences flagrantes dans le style d’écriture de leurs élèves. Certains devoirs paraissent personnels, quand d’autres semblent soudainement très structurés, employant un vocabulaire inhabituel. Certains professeurs relèvent aussi des erreurs grossières ou des incohérences qui trahissent l’usage de l’IA. Mais son utilisation reste difficile à prouver.
La France pas épargnée.
La situation est alarmante et le personnel enseignant s’inquiète de voir les étudiants privilégier la facilité au détriment de l’apprentissage réel. Ils craignent aussi que les compétences essentielles comme la réflexion, la créativité ou la capacité à argumenter soient négligées, car c’est précisément ce travail que l’IA fait à la place des élèves.
Le phénomène n’est pas limité aux États-Unis. En France, l’utilisation de ChatGPT et d’autres IA génératives connaît aussi un véritable essor, notamment chez les jeunes. Selon Médiamétrie, en janvier 2024, près d’un étudiant sur cinq (20,3%) a déjà utilisé l’intelligence artificielle et en particulier ChatGPT (que ce soit pour un usage scolaire ou personnel).
Cette adoption de l’IA bouleverse les habitudes à l’école et à l’université. Pour les enseignants, cette révolution devient réellement un problème: comment garantir l’authenticité des travaux rendus? Comment encourager les élèves à réfléchir par eux-mêmes et à développer leurs propres idées? Certes, le réflexe d’utiliser l’IA à court terme se comprend: il s’agit d’une solution de facilité… qui fausse cependant tout l’intérêt de l’éducation.
Face à ces changements, les systèmes scolaires vont devoir s’adapter rapidement. Outre l’utilisation de logiciels permettant de dépister l’utilisation de l’IA, les enseignants devront trouver un équilibre entre l’usage positif de ces outils et leur intégration dans le processus d’apprentissage, et la préservation d’un enseignement utile, efficace et juste ».