Israël : l’économie en pleine guerre

Raphaël Melka

La ville israélienne de Tel-Aviv (photo d’illustration).

Malgré la guerre, l’économie israélienne se porte à merveille. Les deux principaux indices israéliens, le Tel-Aviv 35 (TA 35) et le Tel-Aviv 125, qui rassemblent respectivement les 35 et 125 entreprises israéliennes cotées les plus valorisées, s’apprécient de 18 % depuis le début de l’année, portés par les secteurs de la défense, la finance et la construction. Cette hausse presque continue, malgré les soubresauts des guerres menées par Israël dans la région, s’élève même à +76 % depuis le début de celles-ci en octobre 2023.

L’incertitude, ennemie des marchés financiers, s’atténue dans la région grâce à la supériorité stratégique et tactique de l’État hébreu sur son principal rival régional, l’Iran. Jusqu’à récemment, les investisseurs associaient les titres israéliens à un risque élevé en cas de conflit : ils portaient en eux le prix d’une éventuelle défaite d’Israël. Aujourd’hui, ce risque est perçu comme beaucoup plus faible.

« L’Iran est en train de perdre la guerre, ça fait monter les marchés. L’économie d’Israël sera encore plus stable à l’avenir », anticipe Daniel Rouach, professeur émérite à l’ESCP. Une victoire sur l’Iran ouvrirait pour Israël la porte des dividendes de la paix.

8,8 % du PIB consacrés à la défense

De plus, la guerre n’a pas perturbé l’activité économique du pays. Les opérations contre l’Iran sont avant tout le fait des services secrets et de l’aviation, ce qui nécessite moins de troupes qu’une opération terrestre. Les missiles lancés par l’Iran sur Israël – comme celui tombé sur les bureaux de Microsoft à Beer-Sheva vendredi matin – obligent les actifs à s’adapter, mais pas à s’arrêter : « C’est comme avec le Covid, les gens travaillent à distance, depuis les abris antimissiles », explique le Franco-Israélien. L’économie peut donc continuer à fonctionner presque normalement.

La hausse des marchés financiers est aussi due à des causes davantage structurelles : Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM, attribue la hausse des indices israéliens, à la « forte composante défense » de l’économie du pays. 8,8 % du PIB israélien sont consacrés à la défense, ce qui en fait (en points de PIB) le deuxième du monde. « Les investisseurs jouent sur le fait que les entreprises de défense vont bénéficier de commandes publiques sur le très très long terme », développe l’expert.

Le monde se réarme, les entreprises européennes et américaines de défense voient également leurs cours augmenter depuis le début de l’année. Mais la hausse des indices israéliens ne se résume pas à la montée en puissance de la défense, elle est aussi, selon Christopher Dembik, celle d’un pays pourvu d’« opportunités, d’un écosystème d’innovation qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Ce n’est pas une hausse spéculative ou court-termiste. Il y a un vrai engouement à long terme pour Israël ».

Une embellie qui pourrait durer pour la « start-up nation », d’autant plus que les éventuelles sanctions européennes contre Israël, qui étaient dans les tuyaux de la Commission européenne, semblent désamorcées depuis le lancement de l’offensive contre l’Iran au début du mois.

LA TRIBUNE.

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