Le niveau de vie d’un Italien en Italie est désormais équivalent à celui d’un Français vivant en France et s’est rapproché de celui d’un Allemand vivant en Allemagne.
Un hiver démographique en Italie
Premier réflexe, quand il s’agit d’un chiffre issu d’un rapport entre deux valeurs : vérifier le numérateur (le PIB) et le dénominateur (la population). C’est incontestable, l’une des explications de l’augmentation du PIB par habitant en Italie est démographique. Entre 2020 et 2024, le pays a perdu plus de 670 000 habitants, quand l’Allemagne et, plus encore, la France, voyaient la leur augmenter. La situation se résumerait ainsi : si la richesse par habitant y a bondi, ce n’est pas parce que la croissance y est plus forte, c’est parce que la natalité y est plus faible. Ils sont moins nombreux à se partager la richesse, le rattrapage italien est donc en trompe-l’œil.
Une économie italienne plus performante
Ce n’est pas faux, l’hiver démographique italien participe bien au redressement du ratio. Mais ! Mais il faut aussi regarder du côté du PIB. En prenant comme point de départ le dernier trimestre 2019, soit avant le déclenchement de la crise Covid, l’économie italienne croît plus vite que la France et l’Allemagne. Plus révélateur : en rapportant la création de valeur à la population en âge de travailler (les 20-64 ans), une mesure de l’efficacité globale d’une économie, la surperformance italienne est encore plus marquée. La France est distancée, voire décroche. Le rattrapage de l’Italie vis-à-vis de la France ne tient pas uniquement à une démographie en berne, mais aussi à une économie italienne plus performante, qui renvoie la France à ses propres défaillances.
Trois témoins. Le solde commercial : archi-déficitaire pour l’Hexagone, amplement excédentaire de l’autre côté des Alpes, hors parenthèse Covid. Cette différence ne tient pas à un quelconque enfoncement des importations en Italie, mais bien aux dynamiques de leurs exportations, devenues supérieures en valeurs à celles de la France.
Des déficits préoccupants
Autre chiffre qui fâche : le déficit public. Hors de contrôle ou presque en France, où aucun consensus politique ne se dégage sur la manière de le réduire, il est revenu à 3,4% en Italie l’année dernière et devrait passer sous la barre des 3% en 2026, selon les prévisions de la Commission européenne, qui ne voit, en revanche, aucune amélioration se dessiner pour l’Hexagone. Plus durs seront les ajustements à venir.
Il y a enfin ce que nous disent les marchés à travers l’évolution des taux souverains à 10 ans. L’écart entre les taux italiens et français est au plus bas depuis 20 ans, et l’Italie pourrait payer moins cher sous peu. La France s’est faite rattraper par l’Italie en 2025. Elle sera débordée en 2026.
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