Radio J à 7H05 le lundi en direct. Une émission d’Ilana Ferhadian.

 

Chronique de Daniel Rouach.

INTRODUCTION. Le salon du Bourget a fermé hier. Pour les israéliens ce Salon n’aura pas été le meilleur. Rien n’a été divulgué sur les contrats signés au Bourget, mais la déception, visible sur les visages des israéliens, était bien là.

Nous savons que d’excellents vendeurs d’armes israéliens ont pu être empêchés de se rendre à Paris en raison de la guerre et de la fermeture des frontières (l’aéroport Ben Gourion est fermé).

Le monde de la défense est un univers à part, et les avis à l’emporte pièce n’ont pas de sens. Ecrire des posts enflammés sur instagram fait partie du monde actuel, mais malheureusement ils n’expliquent que rarement la réalité.

Contrairement à ce qui est dit et écrit, Français et Israéliens travaillent dans le domaine aéronautique, spatial, et défense de manière étroite. Mais cela fait partie du « Secret-Défense ». 

SALON DU BOURGET. L’ambassadeur israélien en France, Joshua Zarka, a dénoncé de manière véhémente « une certaine hypocrisie autour de l’exclusion des industries d’armement israéliennes du Salon du Bourget ». Il a parfaitement raison!

Mais il faut rajouter aussi que les israéliens ne sont pas des Saints. Tous les coups sont bons car les israéliens, très pro-américains, sont disposés à détruire, sans aucun regret, les positions françaises dans des pays qui étaient auparavant des pays où la France était très forte.

Yair Lapid, Chef de l’opposition, a raillé la décision de la France. Il a fait une déclaration que ne restera pas marquée comme une phrase très puissante dans l’histoire des relations bi-nationales : « Puisqu’ils ne nous ont pas permis de les montrer, les possibilités et les capacités de la défense israélienne sont démontrées à Téhéran et le monde entier les voit. Donc, si certains veulent cacher nos capacités, maintenant ils savent ».

Un clash, ouvert et violent, France-Israël, a eu lieu au Salon du Bourget pour 7 raisons:

1. Les israéliens ont fait comme d’habitude au Salon du Bourget. Ils présentent des armes qui permettent de gagner des guerres.

Cette année le contexte est très différent : la guerre de Gaza et ses milliers de morts ont marqué les esprits. Et le Gouvernement français reste très divisé sur la bonne position à prendre au Moyen-Orient.

Les Autorités françaises ont toujours laissé un flou qu’on pouvait comprendre comme « oui » et « non » aux exposants israéliens.

2. Les batailles entre pays pour des ventes d’armement militaire sont de plus en plus fortes. Les français ne voulaient pas faire de cadeaux aux israéliens. Et vice-versa.

Selon des analystes : « On constate que l’événement aéronautique le plus important du monde a de sacrées allures de salon de l’armement. Il faut dire qu’en plus de la filière aéronautique, l’espace se militarise radicalement et devient dual. Il y est moins question de conquête spatiale que d’engins spatiaux à vocation militaire ».

3. Intox? Les Autorités israéliennes savaient très bien que la France pouvait dire « non » à la dernière minute aux exposants israéliens. 

Depuis des semaines les israéliens et français se sont disputés autour de ce salon. Et des armes à présenter au public… où pas.

4. Les équipes d’avocats qui ont aidé les israéliens en France pour dépasser les conflits au Salon du Bourget sont excellentes mais les décisions finales ont toujours eu lieu en Israël.

Et les avocats français n’ont pas eu un rôle capital au final des négociations. Des enjeux politiques ont bien façonné les décisions au Bourget.

5. Les Autorités françaises ont dévoilé des cartes maitresses (semi-fermeture des stands et des expositions cachées par des toiles noires) en dernière minute et ceci a  déstabilisé la défense israélienne qui n’avait pas vu venir le coup. 

6. La position anti-israélienne de nombreux industriels Français est bien plus forte que ce que pense en général les industriels du secteur militaire israélien.

Des contrats énormes ont été soufflés aux français en Allemagne, Maroc, Pologne, Inde… Un sentiment de revanche existe du côté français. 

7. Pourquoi des firmes israéliennes ont pu présenter leurs produits sans difficultés, alors que d’autres non? Les israéliens sont allé au Bourget d’une manière désunie.

IMPORTANT. Il faut savoir que des firmes comme Rafael, Elbit… ont des unités de produits civils. Elles auraient pu, sans difficulté, valoriser les produits civils.Par exemple des drones qui servent au repérage des feux de forêts.

Elles ont fait un autre choix : présenter des armes. 

A NOTER. Le syndrome anti-Israël a bien frappé au Bourget. Une guerre médiatique a entouré ce salon. L’Ultra-Gauche a  été très agressive avec les organisateurs du Salon  et des manifestations anti-armes ont bien eu lieu. Rien à voir avec Israël!

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A. Cet article n’engage que son auteur. Il ne représente en aucune manière la position de la CCFI. Il s’agit d’un éditorial. Des suites juridiques auront lieu après le Salon. Le texte ci-dessous se veut être une analyse et ne représente ni la position israélienne, ni française.

B. L’auteur de cet éditorial connait très bien cet univers militaire et civil du Salon du Bourget qu’il a sillonné de très nombreuses fois. Son expertise se situe dans le monde des transferts de technologie. Pendant 8 ans il a sillonné les entités de Airbus en Europe pour donner des cours et conférences.

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