Christian Harbulot s’exprime. Et IsraelValley l’écoute. 

Par Giuseppe GaglianoPrésident du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie) 

Début 2025, devant la Commission d’enquête sur la réindustrialisation de la France, Christian Harbulot ne se contente pas de parler : il lance un cri d’alarme qui déchire le voile d’une illusion trop longtemps cultivée. La France est en guerre – une guerre économique sans chars ni tranchées, mais avec des armes bien plus sournoises : l’information, la technologie, les lois extraterritoriales et les dollars. 

Un conflit qui ne connaît ni pause ni véritables alliés.

Christian Harbulot : L’angle mort de la puissance et la mémoire perdue

Christian Harbulot, cerveau de l’École de Guerre Économique, ne tourne pas autour du pot : la France a un trou noir dans sa réflexion, un « point aveugle » qui dure depuis quarante ans. Nous ne savons pas penser l’économie comme une arme de puissance. Ailleurs, c’est une évidence : le Japon Meiji s’est sauvé de la colonisation occidentale par une guerre économique travestie en réformes ; la Corée du Sud, après 1953, a transformé ses ruines en rempart contre le Nord communiste ; la Chine de Deng Xiaoping nous a séduits avec sa « main tendue vers l’Occident », tout en nous vidant les poches de technologies pour nous dépasser – et elle y est parvenue, avec 37 des 47 technologies clés mondiales dans les mains de Pékin en 2025. Et nous ? « Nous n’avons pas voulu constituer une mémoire », déplore Harbulot, et cette amnésie nous laisse nus face à des ennemis sans scrupules.

Son réquisitoire est cinglant : le libéralisme à la française, avec son mélange d’arrogance et de naïveté, nous a convaincus que l’économie était une affaire de marché, pas de survie. Erreur fatale. L’affaire Alstom, où General Electric a raflé un joyau industriel pendant que nous bégayions sur la concurrence loyale, n’est que la partie visible de l’iceberg. Harbulot voit plus loin : il nous manque la capacité de mener un « combat indirect », comme le maîtrisent les Anglo-Saxons, qui orchestrent ONG, fondations et campagnes médiatiques pour plier l’adversaire sans tirer un coup de feu. Il cite les pêcheurs chinois armés – loin des simples chalutiers, ce sont des avant-postes de Pékin qui intimident les rivaux dans les zones économiques exclusives de l’Indo-Pacifique. Et nous ? « Nous opposons le droit », ironise-t-il, mais ce droit ne tient pas face à ceux qui jouent sans règles. Sa proposition est radicale : une « culture officielle de la guerre économique », impulsée par le président de la République et portée jusqu’à la société civile, avec des quinquagénaires et sexagénaires prêts à manifester devant les ambassades de ceux qui nous frappent – qu’il s’agisse des Russes qui déstabilisent nos hôpitaux avec des hackers ou des Américains qui aspirent nos données via le Cloud Act. « Soit, nous combattons, soit nous vendons des gaufres sur une plage », conclut-il. Une provocation, mais aussi un ultimatum : la France doit se réveiller ou disparaître.

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