RADIO J. LUNDI PROCHAIN A 7H05. Chronique de Daniel Rouach.
Une innovation médicale révolutionnaire vient de s’écrire à l’hôpital Sheba de Tel Hashomer. Les chirurgiens ont réalisé avec succès la première transplantation d’un cœur artificiel de nouvelle génération CARMAT chez un homme dans la cinquantaine souffrant d’insuffisance cardiaque sévère touchant les deux ventricules.
Cette intervention chirurgicale exceptionnelle, destinée à servir de pont vers une future greffe de cœur humain, représente un espoir concret de sauvetage et d’amélioration substantielle de la qualité de vie. Une coopération tout a fait exceptionnelle a eu lieu entre des équipes israéliennes et françaises. Nous allons diffuser la dernière version de l’émission lundi matin.
CARMAT. Une révolution technologique. Créée en 2008, la société française Carmat conçoit et fabrique des coeurs artificiels à destination de patients atteints d’insuffisance cardiaque. Après avoir transplanté 70 patients d’un coeur transitoire appelé ‘pont à la transplantation’, Carmat travaille à allonger la durée de vie de ses coeurs pour remplacer les greffes humaines. Un projet ambitieux et bénéfique.
Carmat : « Le dispositif très complexe fait appel à toutes les expertises en ingénierie possible, de la biologie à la mécanique en passant par l’électronique. » On utilise du péricarde bovin, des pompes utilisées dans l’aéronautique, une carte électronique… on fait de la mécanique de haute volée. » Le coeur artificiel est implanté par des chirurgiens ayant suivi une formation spécifique.
Le dispositif fonctionne grâce à une batterie externe reliée par un trou dans l’abdomen, que le patient doit porter avec lui. Un désagrément transitoire pour Stéphane Piat : » Demain, comme c’est le cas des pacemakers qui ont vu leur taille réduite à celle d’une pièce de monnaie, il n’y aura certainement plus de batterie externe. » Une autre bonne nouvelle ? L’absence de traitement médicamenteux, d’anti-rejets, contrairement au greffon humain qui nécessite, selon le dirigeant, » une trentaine de pilules par jour, entrainant moults problèmes d’estomac. » Quant aux battements de ce coeur artificiel, « leur rythme est basé sur le retour sanguin, donc sur l’activité physique, il n’y a pas de stimuli dû aux émotions, au stress ou à l’adrénaline. «
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Contrairement aux dispositifs LVAD existants qui ne soutiennent que le ventricule gauche, le cœur CARMAT remplace intégralement la fonction des deux ventricules cardiaques. Grâce à ses technologies d’autorégulation et son design biomimétique innovant, il reproduit remarquablement le fonctionnement du cœur humain tout en permettant une mobilité élevée.
« Ce cas exigeait une réflexion hors du commun pour trouver la solution thérapeutique optimale », explique le professeur Leonid Sternik, directeur du service de chirurgie cardiaque à Sheba. « L’innovation qui sauve des vies fait partie de l’ADN de Sheba. Il s’agit d’une percée majeure, non seulement pour sauver des vies, mais aussi pour améliorer fondamentalement leur qualité. »
Réponse au déficit d’organes
« Cette transplantation représente une avancée significative pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque terminale, particulièrement face à la pénurie de cœurs disponibles en Israël », souligne le professeur Avi Morgan, directeur chirurgical de l’unité de transplantation cardiaque. Les résultats cliniques internationaux sont encourageants : plus de 100 transplantations Aeson® ont été réalisées en Europe, avec un taux de survie d’environ 90% à six mois chez les patients en état critique. Les études démontrent également une amélioration des fonctions rénales et hépatiques.
Excellence multidisciplinaire
L’unité de transplantation de Sheba, qui a déjà traité plus de 300 patients nécessitant une assistance mécanique cardiaque avancée, mobilise une équipe pluridisciplinaire expérimentée. « Le cœur artificiel CARMAT offre une nouvelle espérance aux patients en insuffisance cardiaque terminale », conclut le professeur Yael Peled, directrice médicale de l’unité. « Il donne du temps, de l’espoir et une chance de vivre en attendant une donation de cœur humain. » Cette prouesse technique confirme le leadership de Sheba dans le traitement des pathologies cardiaques les plus complexes.
