Un train qui défile, un élan qui passe… Il n’en faut pas plus pour faire de la bonne télévision. C’est ce qu’ont compris les audiovisuels publics scandinaves, en faisant le pari audacieux de la “slow TV”, un genre télévisuel contemplatif où le silence fait de l’audience.
Imaginez France Télévisions où la TV israélienne diffusant chaque année la migration des cigognes blanches en direct et en continu – sans musique, sans commentaire et pendant plusieurs semaines. L’idée paraît fade, inconcevable dans un monde de clashs, de buzz et d’information en continu.
En 2019, pourtant, la télévision publique suédoise a tenté le pari audacieux d’une émission identique. À une nuance près qu’elle ne met pas en scène de cigognes, mais des orignaux – ces imposants cervidés, les plus grands du monde. La Suède en abrite quelque 300 000, faisant d’elle le territoire à la plus forte densité d’élans du continent.
Selon l’hebdomadaire belge Moustique, la slow TV serait née en 2009, en Norvège, “avec la diffusion intégrale, minute par minute, d’un voyage en train de sept heures à travers le sud du pays”. Mais pour d’autres, ses origines remontent à 1964, avec Sleep, le premier long-métrage du pop artiste américain Andy Warhol. Pendant cinq heures et vingt et une minutes, il filme son amant, le poète John Giorno, plongé dans un sommeil profond. Une œuvre radicale, sans narration ni action, qui préfigure l’esthétique contemplative de la slow TV.
COURRIER INTERNATIONAL. ARTICLE ADAPTE POUR ISRAELVALLEY.