REVUE DE PRESSE. LES ECHOS : « Israël : Netanyahou défie l’Etat de droit en imposant une nomination controversée.
Benyamin Netanyahou a imposé un proche à la tête du Shin Beth, le service israélien de sécurité intérieure, en défiant le veto mis par la procureure générale et la Cour suprême à cette nomination entachée par un « conflit d’intérêts ».
Par Pascal Brunel : « Benyamin Netanyahou a porté un sérieux coup à l’Etat de droit en accentuant une dérive autoritaire en cours. A la tête d’un pays, qui se présente comme la seule démocratie du Moyen-Orient, le chef du gouvernement a, pour la première fois depuis la création d’Israël, sérieusement remis en cause l’équilibre des pouvoirs. Il a nommé le général David Zini, au poste clé de chef du Shin Beth, le service chargé notamment de la lutte antiterroriste ».
LE PLUS. La nomination de David Zini au Shin Bet suscite la polémique, la conseillère juridique conteste.
L’opposition et les juristes ont appelé le général à refuser ce poste obtenu « illégalement »


La nomination du général David Zini à la direction du Shin Bet (service de sécurité intérieure), annoncée jeudi par Benjamin Netanyahou, a provoqué un tollé politique et juridique. Plusieurs personnalités ont appelé le militaire à décliner cette fonction obtenue dans des conditions jugées irrégulières. La conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav-Miara, a indiqué après l’annonce que cette nomination n’était pas conforme aux procédures légales. Elle doit présenter cette semaine ses directives sur la procédure à suivre pour valider une nomination régulière.
Le chef de l’opposition Yair Lapid a dénoncé un « conflit d’intérêts sérieux concernant la nomination du chef du Shabak en raison du scandale Qatargate dans lequel ses proches ont reçu de l’argent d’un pays arabe qui soutient le terrorisme ». Il a exhorté Zini à « annoncer qu’il ne peut accepter cette nomination jusqu’à ce que la Cour suprême statue sur cette affaire ». Gadi Eisenkot, député d’Unité nationale, a publié une lettre ouverte appelant Zini à « être un leader et informer le Premier ministre que la chose juste à faire est d’attendre l’interprétation du procureur général concernant la décision de la Cour suprême, puis permettre la sélection d’un candidat plus expérimenté pour temps de guerre ».
Selon la Cour suprême, Netanyahou s’est retrouvé en conflit d’intérêts substantiel en raison de deux enquêtes en cours : l’affaire des fuites vers le journal Bild et le « Qatar-Gate ». Le président de la Cour suprême Yitzhak Amit a souligné qu’il était évident que « Netanyahou a un intérêt personnel dans les résultats de ces procédures ».
Le Premier ministre a établi ses propres conditions pour résoudre le conflit d’intérêts : Zini ne participera pas à l’enquête « Qatar-Gate » qui concerne trois de ses proches conseillers.Concernant le processus de sélection, des sources juridiques ont rapporté que Zini a rencontré Netanyahou lors d’un entretien dans sa voiture où sa nomination a été décidée. Le chef d’état-major Eyal Zamir, supérieur hiérarchique direct de Zini, n’a été informé de cette décision que quelques minutes avant son annonce publique et n’a pas participé au processus de sélection.
La commission Gronis, chargée d’approuver l’intégrité des candidats aux postes sensibles, ne peut actuellement se réunir faute de composition complète. Malgré ces obstacles, l’entourage de Netanyahou a affirmé qu’il restait « très déterminé » et ne voyait « rien qui puisse arrêter cette nomination ».