À Cannes, un film israélien électrochoc.

Le film Yes à voir le jour, et retentit particulièrement au Festival de Cannes.

À Cannes, un film israélien électrochoc contre « l'aveuglement » israélien sur Gaza

Le réalisateur et écrivain israélien Nadav Lapid.

Sur une colline face à Gaza, un couple s’embrasse, indifférent aux bombardements au loin. Avec Yes, fresque radicale présentée à Cannes, le cinéaste israélien Nadav Lapid dit vouloir envoyer un « électrochoc ». « L’aveuglement en Israël est malheureusement une maladie assez collective », affirme le réalisateur de 50 ans, qui avait déjà disséqué les maux de son pays dans Synonymes, Ours d’or à Berlin en 2019, ou Le genou d’Ahed (2021).

Dans Yes, présenté à la Quinzaine des cinéastes, il dépeint une société qui choisit de « fermer les yeux » sur la guerre à Gaza et ses morts. « Ce qui s’est passé le 7-Octobre, le niveau d’horreur et de cruauté, a tout placé à un niveau biblique », développe-t-il.

 

Pendant près de 2h30 de chaos, son film suit un musicien dénommé Y que les autorités chargent de réécrire l’hymne national israélien pour en faire un morceau de propagande appelant à éradiquer les Palestiniens. Y accepte.

« Détourner le regard »

Le cinéaste a dû surmonter quantité d’obstacles avant de lancer le tournage, qui s’est fait en « mode guérilla », en même temps que se déroulait l’offensive israélienne à Gaza.  Ce sont finalement des producteurs français qui ont permis de faire exister le long-métrage, lequel a aussi bénéficié d’une aide d’un fonds public israélien indépendant malgré sa tonalité acide.

 

On y voit Y et sa femme (Shaï Goldman) continuer à nourrir leur bébé en jetant un regard distrait sur leur portable où des notifications annoncent de nouveaux bombardements meurtriers à Gaza. Ou une petite foule réunie sur un toit d’immeuble pour se lancer dans une chorégraphie joyeuse alors que résonne le bruit des avions de chasse.

« Pour être capable de détourner le regard, il y a la solution de l’hystérie, de danser, de chanter, de crier. Je pense que le film regarde l’obscénité sans s’en réjouir », détaille le cinéaste.

Yes sera visible mi-septembre dans les salles françaises mais aucun distributeur n’a pour l’heure accepté d’en assurer la diffusion dans les cinémas israéliens. « Si je n’avais pas à l’intérieur de moi l’ambition, l’espoir, l’orgueil et le fantasme de secouer pour que ça change, je ne l’aurais pas fait », dit Nadav Lapid. « Je pense que la société a besoin d’un choc électrique et j’espère que ce film en sera un. »

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