Analyse | « Le Festival Infâme (LFI) », par Raphaël Jerusalmy


Le Festival de Cannes est devenu une tribune où des célébrités du cinéma exploitent leur notoriété sur le conflit israélo-palestinien, questionnant l’équilibre entre expression artistique et éthique

Raphaël Jerusalmy
Raphaël JerusalmyAncien officier du renseignement militaire israélien, Auteur d' »Evacuation » chez Acte Sud
L'actrice française et présidente du jury du 78e festival de Cannes Juliette Binoche, le 13 mai 2025
L’actrice française et présidente du jury du 78e festival de Cannes Juliette Binoche, le 13 mai 2025 Valery HACHE / AFP

Les élucubrations anti-israéliennes qui polluent le festival de Cannes et l’Eurovision, bien que le plus souvent risibles et grotesques, sont avant tout d’ordre criminel. Lorsqu’un écolier juif est tabassé ou poignardé par de jeunes excités, cela ne résulte pas que de la propagande salafiste, mais bien des mensonges fielleux proférés par les égéries de la haine et de la justification des violences terroristes, telles que Juliette Binoche et toute sa clique de saltimbanques mal embouchés qui croient que de se pavaner sur une scène ou un écran les accrédite à se poser en sermonneurs et en juges de l’humanité.

Commençons toutefois par le côté tocard et saugrenu de cet islamo-gauchisme à la sauce show-biz. La tenue vestimentaire de cette vestale de cinoche pour le gala d’ouverture, d’un côté une épaule dénudée, de l’autre une moitié de voile islamique, est emblématique de la duplicité de son wokisme caviar. J’imagine le dégoût que cette tenue cause à une jeune Iranienne forcée de se couvrir. J’imagine aussi ce qu’il adviendrait d’une femme qui arpenterait les rues de Gaza ainsi vêtue. C’est aux dépens de celles qu’elle prétend défendre qu’une vieille cloche du cinéma obtient de parader sous les feux de la rampe.

Sous la couche glamour du festival, beaucoup de politique, de magouilles, de bassesses dues au fait que le cinéma hollywoodien est en crise. La qualité générale des films produits est désolante. La médiocrité et l’inculture y sont encouragées. Le sentimentalisme à deux sous, la bonne conscience larmoyante, la fausse moralité, font ménage avec une atroce banalisation de la violence tant et si bien que le 07 octobre ne choque pas plus qu’une séquence de film d’action où le sang gicle de partout. Cette violence gratuite et barbare que les stars du septième art répandent dans les salles est la même que celle qu’ils promotionnent dans leurs harangues pro-palestiniennes, virulentes et brutales. Dans les deux cas, sans se soucier aucunement de l’influence qu’elle aura sur les esprits.

Fatima Hassouna, la journaliste honorée lors de l’ouverture du festival de Cannes 2025, a filmé des scènes dramatisées à souhait qui ont fait l’affaire du Hamas pour les besoins de sa propagande. Le Hamas que cette jeune femme ne condamnera à aucun moment pour les souffrances et atrocités commises sur la population de Gaza, à commencer par les tortures et exécutions sommaires d’opposants au régime. Le Hamas dont elle ne montre pas une seule fois comment il force femmes et enfants à lui servir de boucliers humains, ni comment il investit écoles et hôpitaux d’où mener ses attaques. Le Hamas qui détourne l’aide humanitaire, bastonne et mutile par balle, en pleine rue, ceux qui tentent de l’en empêcher. Un journaliste ne peut opérer dans Gaza sans se soumettre à la censure du Hamas. Sauf s’il est courageux. Tawfiq Abu Jarad, reporter de la radio palestinienne Saout al-Hourryia, a subi un interrogatoire brutal pour avoir tenté de couvrir la vérité. Un autre Gazaoui, Ibrahim Muhareb, photographe free-lance, a été violemment agressé et blessé par des policiers en civil du Hamas pour avoir filmé l’hôpital Nasser de Khan Younis, servant de QG camouflé à des terroristes semant la terreur parmi les malades et le personnel médical. Mohamed Abou Aoun, de la chaîne de télévision Awda, a été lui aussi interpellé par des agents de la sécurité alors qu’il interviewait une femme de Deïr el-Balah qui dénonçait la tyrannie du Hamas. Emmené de force, il a été battu jusqu’au sang. Mais c’est Fatima Hassouna, tuée lors d’un bombardement, que l’on met à l’honneur, en accusant faussement Tsahal de l’avoir ciblée intentionnellement.

Quel cynisme, mesdames et messieurs les organisateurs, que d’avoir associé sa mémoire à votre festival lors d’une mascarade célinienne digne des Bagatelles pour un Massacre. Honte à Iris Knobloch, la présidente du festival, pour avoir oublié les paroles de sa propre mère, Charlotte, rescapée de la Shoah, qui déclarait il y a peu : « La pensée et le discours antisémites trouvent de nouveau une voix et sont de nouveau présentables ». Car ils sont malheureusement légion, ces visages présentables de la haine, ces Ardisson, ces Binoche, ces Macron qui n’ont plus que la diatribe antisioniste pour se donner une contenance et faire parler d’eux. Pitoyables et dangereux, bien plus dangereux qu’une petite frappe des cités, ils sont à l’image de cette terroriste de l’intox déguisée en journaliste qu’ils honorent : des terroristes de salon déguisés en mécènes, en artistes, en hommes d’État, tout à fait conscients de la portée de leurs paroles. Et des conséquences qu’elles auront pour les enfants juifs.

Alors, vive le couple Tarantino qui a dévalé les marches du festival de Cannes avec le ruban jaune épinglé en évidence. Et vive la candidate israélienne de l’Eurovision, Yuval Raphael, elle, une véritable héroïne et la courageuse rescapée d’un tout autre festival…

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