Du fait des changements opérés par le gouvernement Trump au sujet de la guerre en Ukraine, quasiment tous les pays européens sont en cours de réarmement. Encore faut-il trouver les moyens de financer ces efforts, car en France les entreprises du secteur de la défense auront besoin « à peu près de 5 milliards d’euros de fonds propres, de capitaux nouveaux » afin de monter en cadence dans le cadre de l’effort national de défense, selon le ministre de l’Economie Eric Lombard.
L’une des idées est de faire appel à l’épargne des Français et la banque publique d’investissement Bpifrance va lancer un nouveau fonds de 450 millions d’euros, dans lequel les Français pourraient investir « sur le long terme ». « Un nouveau fonds va être créé par BPI France et les Français pourront par des tickets de 500 euros placer leur argent. D’autres fonds privés seront mis à disposition pour celles et ceux qui le veulent et ont de l’épargne à long terme. » Il s’agira de sommes bloquées durant au moins 5 ans car elles serviraient aux fonds propres des entreprises, mais le ministre n’a pas précisé quel serait le rendement de tels placements.
Autre expérience : le financement participatif. C’est l’idée d’anciens salariés de groupes de défense et de banques, qui ont décidé de fonder SouvTech Invest, la première plateforme de financement participatif dédiée aux 4500 petites et moyennes entreprises, qui, avec 9 grands groupes d’armement, composent la Base industrielle et technologique de défense (BITD) française et SouvTech Invest est hébergée sur la plateforme Les Entreprêteurs, un spécialiste du crowdfunding, agréé par l’Autorité des marchés financiers (AMF) depuis 2016.
« Nous avons présenté ce projet en juin 2024 lors du salon de l’armement Eurosatory. Nous avons ensuite lancé la phase d’identification des projets, afin de sélectionner ceux qui ont du potentiel. Nous avons déjà reçu 40 dossiers », explique Pierre-Elie Frossard, ancien responsable export au sein du missilier MBDA et cofondateur de la plateforme.
Le ticket minimum est fixé à 500 euros pour un investissement en capital dans une PME ou une start-up, et à 100 euros pour un financement sous forme de prêts. L’argent est bloqué pendant cinq ans. « Nous sommes dans l’univers du capital-risque qui offre une possibilité de multiplier par cinq ou six sa mise de départ, mais aussi d’en perdre tout ou partie. Le financement de produits de dette est moins risqué et est rémunéré à un taux de 8 % à 10 % », précise Pierre-Elie Frossard.
SouvTech Invest affiche l’ambition de proposer de deux à quatre projets par mois aux Français et de lever, à terme, quelque 200 millions de financement participatif. « Cette somme représente 50 % de l’argent qui est levé via le financement participatif des énergies renouvelables en France, sur un total de 2 milliards tous secteurs confondus », souligne Pierre-Elie Frossard.
« La fiscalité est un bon outil pour inciter les Français à investir dans des entreprises labellisées, comme étant critiques pour la souveraineté et la défense du pays », conclut le cofondateur de SouvTech Invest.
Source : Le Figaro & Israël Valley