Yaacov Agam, né en 1928 à Rishon LeZion, en Israël, est considéré comme l’un des pionniers et maîtres incontestés de l’art cinétique. Ce courant artistique, né dans les années 1950, se distingue par l’introduction du mouvement réel ou suggéré dans les œuvres, ainsi que par la volonté d’impliquer le spectateur dans une expérience dynamique et évolutive. Agam s’est imposé comme une figure de proue de cette démarche en développant une esthétique singulière mêlant géométrie, couleur, lumière et interactivité.

Issu d’un milieu profondément spirituel, fils d’un rabbin, Agam a toujours été influencé par la dimension mystique et symbolique de la tradition juive, qu’il a su intégrer à une réflexion artistique profondément ancrée dans la modernité. Après des études à l’Académie des beaux-arts de Jérusalem, il s’installe à Paris en 1951 où il fréquente l’École des Beaux-Arts et entre en contact avec les avant-gardes européennes, notamment l’art abstrait, le Bauhaus et les recherches sur la perception visuelle.

Agam rejette l’art figé, le tableau contemplatif. À la place, il propose un art en mouvement, un art à vivre. Ses œuvres ne prennent sens que dans l’interaction avec le spectateur, dont la position, le déplacement et l’attention modifient continuellement la perception. Il développe ainsi une esthétique de la transformation, de la multiplicité des points de vue, qui place le spectateur au centre du processus artistique. À travers ses reliefs polymorphes, ses œuvres lenticulaires ou ses sculptures monumentales, Agam crée un dialogue permanent entre l’objet, l’espace et le regard.

Parmi ses œuvres les plus célèbres, on peut citer la fontaine Agam sur l’esplanade de La Défense à Paris, véritable symphonie de formes et de couleurs en perpétuel changement, ou encore la façade du Dan Hotel à Tel Aviv, composée de bandes multicolores qui transforment l’architecture en œuvre d’art. À New York, l’entrée du centre de l’éducation juive sur la 92e rue est également ornée d’une fresque signée Agam, emblème d’un art universel et accessible.

En 2017, le Musée Agam a ouvert ses portes à Rishon LeZion, ville natale de l’artiste, constituant un hommage vivant à son œuvre et à sa vision. Ce musée, unique en son genre, est entièrement conçu autour de l’idée d’expérience immersive : chaque salle, chaque œuvre invite le visiteur à interagir, à se déplacer, à percevoir autrement. Loin d’un lieu de contemplation passive, le musée devient un espace vivant, en perpétuelle mutation, à l’image même de la philosophie d’Agam.

Au-delà de sa production plastique, Agam s’est également illustré dans des réflexions théoriques sur l’art et la perception. Il a notamment défendu l’idée d’un art spirituel, porteur de valeurs, capable de transcender le visible et d’ouvrir l’esprit à d’autres dimensions de compréhension. Pour lui, l’art cinétique n’est pas seulement une esthétique : c’est une éthique, un mode de relation au monde, une invitation au changement permanent et à la pluralité des perspectives.

Aujourd’hui encore, à plus de 95 ans, Yaacov Agam continue d’inspirer de nombreux artistes, architectes et designers à travers le monde. Son œuvre, à la croisée des chemins entre tradition et modernité, science et spiritualité, art et participation, constitue une contribution majeure à l’histoire de l’art contemporain et un témoignage vibrant de l’ingéniosité créative israélienne.

 

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