L’ancien président de la Cour suprême, Aharon Barak, a accordé une interview au journaliste français Guillaume de Dieuleveult dans Le Figaro.

Il a réaffirmé l’idée selon laquelle Israël est au bord de la guerre civile en raison des réformes voulues par le gouvernement. Aharon Barak décrit Israël comme un Etat où la séparation des pouvoirs n’existe plus puisque selon lui,  »Le pouvoir exécutif a pris le contrôle du Parlement. Les députés de la coalition font exactement ce que le premier ministre leur demande, pas l’inverse, comme ce devrait être le cas. Donc en fait de séparation des pouvoirs, au lieu de trois branches, il n’en reste que deux : la branche politique, avec l’exécutif et le Parlement contrôlés par le premier ministre, et la branche judiciaire ».

Par ailleurs, d’après lui, petit à petit, le Premier ministre Netanyahou est en train de s’accaparer tous les pouvoirs et veut  »se débarasser de l’actuel procureur, alors qu’il est accusé de corruption ». Pour Barak, Netanyahou cherche ainsi à  »en nommer un nouveau qui pourrait arrêter son procès ».

Interrogé sur la révolution judiciaire qu’il a initiée dans les années 90 en conférant des pouvoirs importants à la Cour suprême, l’ancien juge a répondu que cette évolution était nécessaire et  »équilibrée ». Il estime que jusqu’à maintenant les décisions de la Cour et les nominations des juges étaient toujours  »pondérées ». Il prétend, au contraire, que les changements voulus et votés par la coalition actuelle créent une politisation du système judiciaire et affaiblissent la justice.

Enfin, Aharon Barak explique qu’en Israël, les problèmes se résolvent par des manifestations dans la rue. Il cite les rassemblements contre la réforme judiciaire en 2023 qui, selon lui, ont été à l’origine de son abandon par le gouvernement. Puis il va plus loin:  »Mais, à un moment ou un autre, il y a un risque que la situation nous échappe. La partie opposée aussi va manifester. Or beaucoup de gens ont des armes dans ce pays. Le sang pourrait couler dans les rues : c’est ma crainte. L’instant où vous passez de la manifestation au champ de bataille est très bref. Ensuite, il est trop tard. Nous n’avons pas encore franchi le point de non-retour, nous pouvons nous arrêter, mais je suis très inquiet que nous soyons au bord d’une guerre civile ».

LPH.

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