Le nouvel arsenal de défense israélien », par Raphaël Jerusalmy
Face aux menaces persistantes, l’armée israélienne renforce son avancée technologique avec un développement sans précédent dans les domaines des drones, du laser et de la « defense-tech »


JACK GUEZ / AFP
De la guerre de Kippour en 1973 à celle du 7 octobre 2023, Tsahal a commis des erreurs et passé des caps difficiles. Mais depuis sa création en 1948, Israël n’a essuyé aucune défaite qui porte atteinte à son intégrité territoriale ni à son existence en tant qu’entité nationale et souveraine. Face à des ennemis dont l’objectif est la destruction de l’État juif et l’extermination de ses citoyens, l’armée israélienne n’a pas eu d’autre option que de toujours vaincre et repousser la menace. Les divers conflits qui lui ont été imposés l’ont affermie chaque fois un peu plus, jusqu’à en faire la plus puissante force de défense du Proche-Orient. La réputation de ses troupes n’est plus à faire. Sa supériorité technologique est indiscutable. En plein élan vers le futur, redoublant d’énergie innovatrice, l’industrie israélienne de l’armement est en passe de bâtir une suprématie militaire absolue.
Paradoxalement, la catastrophe du 7 octobre a été la cause d’un fulgurant regain de vitalité dans la recherche et le développement d’équipements inédits capables de relever les nouveaux défis que présentent tant le terrorisme de guérilla urbaine, tel que pratiqué par le Hamas, que le terrorisme d’État, tel qu’exemplifié par l’Iran. Il faut trouver des solutions aussi bien contre les roquettes artisanales que la menace nucléaire, aussi bien contre les missiles balistiques que les cocktails Molotov. Tsahal est la première ligne d’une lutte globale contre les forces du mal, lesquelles constituent aujourd’hui un danger à l’échelle planétaire. Pour y faire face, de plus en plus de nations se tournent actuellement vers Israël.
La frilosité du soutien international, malgré les atrocités commises par ses ennemis, incite les Israéliens à dépendre le moins possible de l’extérieur. Certains pays ont même envisagé de limiter ou d’annuler leur exportation de matériel militaire à destination de l’État juif, lui dénigrant tout simplement le droit de se défendre. L’exemple de l’Ukraine montre à quel point il est risqué de trop compter sur les autres, qu’ils soient européens ou américains. Israël est donc en train de développer ses propres capacités de production au maximum afin de réduire toute dépendance, qu’elle soit alimentaire, énergétique ou militaire. Bien des unités de fabrication qui opéraient à l’étranger, en sous-traitance ou en partenariat, ont été rapatriées sur le sol israélien, créant de multiples nouveaux emplois. D’autres États cherchent à atteindre ce même degré d’autonomie et à produire eux-mêmes leur armement. Après une longue période d’affaiblissement militaire, ils accroissent désormais leur budget de défense nationale de façon conséquente, la France et l’Allemagne en tête. Pour garder néanmoins leur clientèle, les industries de défense israéliennes doivent conserver leur avance technologique et offrir une gamme de produits sans égal. Les solutions de défense anti-aérienne, tels que le Dôme de fer et les missiles Arrow 3, sont le meilleur exemple de cette excellence. Elles sont exportées avec succès à travers le monde. Elles permettent de décourager des attaques d’ennemis tant proches que lointains, contribuant ainsi grandement à la stabilité et à la paix là où elles sont déployées.
Trois champs d’activité sont la prédilection de l’inventivité israélienne : la « defense-tech », le laser, les drones, sans lesquels aucun conflit ne pourra être résolu à l’avenir. La « defense-tech » utilise et convertit les avancées civiles en matière de Cyber et d’Intelligence Artificielle pour les besoins de défense. On peut aujourd’hui détourner un drone ou un missile ennemi sans l’abattre, par brouillage électronique ou magnétique de ses systèmes de navigation GPS. Des choix tactiques judicieux sont obtenus par des algorithmes capables de calculer en temps réel les différentes possibilités qui s’offrent à une force combattante sur le terrain. Le laser est, lui, un changement absolu de la donne, de par son bas coût d’exploitation, sa relative facilité de production, et surtout sa précision à pratiquement 100 %. Il va permettre de déjouer des menaces que ne couvre pas tout à fait la panoplie existante lorsqu’il s’agit de projectiles de petite taille et à courte portée tels que les obus et mortiers, ou même des cerfs-volants incendiaires. Là où, toutefois, Israël acquiert une avance certaine sur ses concurrents, américains inclus, c’est dans la conception de drones de plus en plus sophistiqués. Le dernier en date peut éteindre ses moteurs en vol pour éviter toute détection, atteindre une vitesse plus grande que les drones actuels pour aller frapper directement sa cible avec une marge d’erreur de moins de cinquante centimètres. Il a une autonomie de vol proche de 1500 kilomètres. Et surtout, il est aisé à manipuler. Autrement dit, il peut être télécommandé par des combattants d’infanterie ou des blindés et non pas uniquement par les pilotes spécialement formés de l’artillerie ou de l’armée de l’air. D’ici la fin de l’année 2025, Tsahal déploiera des milliers de drones tactiques utilisables sur le terrain. Chaque bataillon disposera de son propre arsenal, allant de drones pour filmer et surveiller un périmètre donné jusqu’à ceux destinés à frapper des cibles particulièrement difficiles à atteindre par d’autres moyens. Cela réduira de beaucoup la prise de risques des soldats. Pour parvenir à cette capacité de frappe, Israël va produire des dizaines de milliers de drones de différentes sortes. Et les produire en Israël même. Des efforts sans précédent sont fournis pour y arriver le plus vite possible. Le dernier atout du matériel israélien est qu’il a été expérimenté et qu’il a fait ses preuves sur le terrain, lors de réelles situations de combat. Et non pas au cours de simulations. C’est bien sûr un atout qu’Israël regrette d’avoir puisqu’il a été acquis au prix de nombreux combats.
C’est malgré lui que, depuis 1948, l’État d’Israël doit combattre. Ceux qui l’y ont forcé et lui ont parfois infligé de douloureuses pertes l’ont chèrement payé et le paieront plus chèrement encore à l’avenir. Les récentes frappes sur l’Iran et le Yémen n’en sont qu’un avant-goût. Israël déjoue constamment des tirs de drones, roquettes et missiles en direction de son territoire et tient en garde, à lui seul, de multiples factions terroristes et nations hostiles. Tous ces conflits sont d’autant plus désolants et gratuits que les ennemis d’Israël savent qu’ils n’ont aucune chance de l’emporter. Et que Tsahal est plus que jamais invincible.