Une startup israélienne sur 10 est dirigée par une femme – l’inégalité entre les sexes persiste.

Selon une étude de l’Autorité israélienne de l’innovation, les femmes occupent 17 % des postes de direction des entreprises technologiques et leur part dans la technologie stagne

 

Illustration : Des présidentes et des femmes PDG d'entreprises technologiques et biomédicales se sont réunies à la Bourse de Tel Aviv pour célébrer la Journée internationale de la femme, le 7 mars 2024. (Autorisation)

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à étudier et travailler dans le domaine des nouvelles technologies, mais seul un dixième des startups israéliennes sont dirigées par des femmes.

Selon une étude de l’Autorité israélienne de l’innovation menée pour la Journée internationale de la femme, le 8 mars, malgré des progrès, les inégalités entre les sexes au sein de l’industrie technologique persistent. La part des femmes PDG de start-ups s’élève à 10,6 %, ce qui est faible par rapport à d’autres centres technologiques mondiaux. Dans la Silicon Valley, à Boston, Sydney, Stockholm ou Los Angeles, le ratio de femmes PDG est supérieur de plus de 50 % à celui d’Israël. Et en Israël, les femmes ne représentent qu’un tiers de la main-d’œuvre technologique, un chiffre constant depuis une trentaine d’années, peut-on lire dans cette étude.

Les inégalités sont encore plus prononcées au niveau des postes de direction : il n’y a en effet eu quasiment aucun changement au niveau de la représentation des femmes à des postes de direction comme du volume des investissements au sein des startups dirigées par des femmes.

Dans les entreprises technologiques israéliennes cotées en bourse, seul un cadre supérieur sur six est une femme et dans la majorité des cas, il s’agit de postes administratifs dans les ressources humaines, le conseil juridique, les ventes ou encore le marketing.

Ces chiffres mettent en évidence le toujours difficole combat des femmes dans le secteur du capital-investissement ou du capital-risque, car les associés de ces entreprises qui prennent les décisions d’investissement sont principalement des hommes.

Dans l’ensemble, les startups dirigées par des femmes n’ont levé que 4,3 % de l’ensemble du capital amassé par les startups ces dernières années, alors qu’elles gèrent environ 10,6 % des startups, affirme l’étude. Dans 40 % des fonds de capital-risque actifs en Israël, aucune femme n’a le rang d’associée.

Lee Moser, cofondatrice et associée générale du fonds de capital-risque israélien Protego Ventures. (Autorisation)

« Il faut de l’assurance pour être la seule femme quelque part, mais je me suis toujours sentie à l’aise dans ce rôle », explique au Times of Israel Lee Moser, l’une des deux fondatrices du fonds israélien de technologie de défense Protego Ventures. « Ce qui compte, c’est l’absence de préjugés, et c’est ce qui, en fin de compte, favorise les femmes. »

« Lorsque nous embauchons, nous considérons la personne et la valeur ajoutée qu’elle va apporter », ajoute-t-elle.

Fondé en décembre dernier par Moser et sa partenaire Lital Leshem, le fonds de capital-risque Protego se consacre à l’investissement dans de jeunes startups israéliennes en croissance spécialisées dans les technologies militaires et de défense. Le fonds disposera bientôt de 150 millions de dollars, ce qui devrait lui permettre de soutenir le développement de 10 à 12 startups, souligne Moser.

« Nous devons encourager les femmes à prendre le risque de créer un fonds, à montrer l’exemple et aider d’autres femmes pour que d’autres suivent », explique Moser. « En la matière, il est possible de faire beaucoup mieux. »

« J’aimerais que davantage de femmes qui investissent dans des fonds se positionnent professionnellement dans le secteur », ajoute-t-elle.

Ces dix dernières années, le nombre d’étudiantes dans les filières technologiques a doublé et le nombre de femmes employées dans le secteur de la Tech a augmenté de 65 %, pour atteindre le chiffre de 130 000.

L’une des tendances notables mises en évidence par cette étude est l’augmentation significative du nombre d’étudiantes passant un baccalauréat du niveau le plus élevé (5 unités) en informatique – leur part a augmenté de plus de 75 % entre 2016 et 2023. Par ailleurs, la représentation des femmes dans les filières technologiques est passée de 24 % en 2012 à 32 % en 2023.

Illustration : Des jeunes femmes haredi membres du programme Adva qui vise à les former dans le secteur de la technologie (Autorisation)

Les résultats de l’étude mettent par ailleurs en évidence des différences géographiques dans la proportion d’étudiantes passant le baccalauréat en informatique de plus haut niveau. Le pourcentage des étudiantes qui réussissent les examens d’informatique de 5 unités à Tel Aviv ou dans le district central est ainsi trois fois plus élevé qu’à Jérusalem, deux fois plus élevé qu’à Jérusalem et environ 50 % plus élevé qu’au nord ou à Haïfa.

« C’est une question d’éducation et aussi de la rapidité avec laquelle nous pouvons donner aux filles à l’école des connaissances en finance et en économie », poursuit Moser. « Cela pourrait aussi permettre aux femmes de prendre davantage de décisions financières au sein du foyer. »

La ministre de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie, Gila Gamliel, reconnait que « malgré des progrès significatifs en matière d’éducation et de formation dans les domaines technologiques, les inégalités restent importantes au niveau des métiers de la gestion, de l’entrepreneuriat ou des investissements et exigent un changement de grande ampleur sous la conduite des autorités, de façon à assurer une représentation plus égale ».

Gamliel souhaiteque le gouvernement promeuve des programmes de formation sur mesure pour encourager les femmes à assumer des fonctions de directions et d’entrepreneuriat et améliorer l’accès à des financements.

« Faire en sorte que la part des femmes progresse dans le secteur de la haute technologie n’est pas seulement une question de justice sociale, c’est aussi un levier économique essentiel pour renforcer la compétitivité d’Israël et rendre le secteur de la haute technologie plus inclusif, diversifié et robuste », explique Gamliel. « C’est un moteur économique essentiel pour augmenter la productivité du travail et maintenir l’avantage concurrentiel d’Israël au sein de l’économie mondiale. »

Le PDG de l’Autorité israélienne de l’innovation, Dror Bin, a demandé aux autorités de développer les programmes de formation et d’éducation dans le sens d’une promotion des femmes à des postes de direction et de l’encouragement de l’entrepreneuriat féminin.

« Seule une initiative globale et constante impliquant le gouvernement et l’industrie pourra apporter un véritable changement », conclut M. Bin.

 

 

Israël est important pour vous…

… alors c’est le moment d’agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont

Partager :