Si les medias français parlent beaucoup de la période actuelle du ramadan, les Chrétiens pratiquant jeûnent aussi de leur côté, même si cette pratique n’a plus aucune mesure avec celle qui se pratiquait jusqu’après la seconde guerre mondiale. Jusqu’aux années 60, les cloches étaient interdites, et les enfants de chœurs parcouraient les rues avec des crécelles : les cloches étaient parties à Rome, disait la tradition, et revenaient à Pâques, avec des œufs…
Le Carême reprend l’épisode biblique de la traversée du désert de 40 ans par Moïse, et qui a été revécu par Jésus, durant 40 jours et les chrétiens, comme les juifs et les musulmans ont donc un temps de pénitence, de recueillement sur eux, sur leurs fautes, marqué, pour les trois religions, par la pratique du jeune : pour les juifs, c’est notamment Yom Kippour, le jour du grand pardon, où ils doivent observer un jeûne absolu.
Pour les musulmans, le jeûne du Ramadan constitue le quatrième pilier de l’islam et le Carême est pour les chrétiens, depuis les premiers temps, un temps aussi de pénitence où l’on se prépare à Pâques.
Mais il y a au moins deux différences : le Carême est tendu vers un objectif, Pâques, et non le Ramadan. Et surtout le Ramadan est un fait communautaire, la rupture du jeûne se fait ensemble. Mais dès le XVIe siècle, le Carême devient une pratique plus personnelle, plus intérieure, notamment sous l’influence de la Réforme protestante et la période des guerres des religions, les catholiques pouvant voir qui respectaient ou pas le Carême. Il est vrai qu’il y avait à l’époque une forte minorité de protestant, au moins 10 % de la population de la France, et fêter discrètement le Carême est devenu un enjeu de « vivre ensemble » comme on le dirait aujourd’hui.
Les catholiques ont des prescriptions alimentaires pendant cette période, mais qui ont été très diminués depuis 1966, où le pape Paul VI les a simplifiés : l’Église catholique demande de « faire pénitence » chaque vendredi, de s’abstenir de viande les vendredis de Carême, ainsi que de jeûner le mercredi des Cendres et le Vendredi saint. En revanche, l’Église catholique, comme protestante, mettent l’accent sur le renoncement pour le partage : c’est un temps de grande collecte de dons, pour les associations caritatives chrétiennes (opérations bol de riz !). C’est aussi un temps d’introspection, de purification, dans l’attente du jour de Pâques.
À noter que les orthodoxes restent plus sévères, et qu’ils ont le grand Carême, durant cette période, avec interdiction de manger tous les produits animaux, alcools, graisse, etc.. Comme dans les religions orientales, le lien reste chez plus fort entre l’âme et le corps.
Parmi les pratiques du Carême, le jeune reste un marqueur qui se retrouve dans presque toutes les religions. Manger appartient au registre du désir : désir d’aliments, mais aussi de paroles, de gestes échangés, de relations et d’amour : le jeûne religieux est toujours plus ou moins lié au silence, et à l’abstinence sexuelle. L’idée est d’apprendre à connaître et à modérer nos appétits, à travers la modération de l’appétit fondamental : la faim.
Tout est lié, la maladie du corps est aussi la maladie de l’âme, et aujourd’hui, le jeûne revient justement sous une forme sécularisée, non religieuse, dans nos sociétés qui s’aperçoivent qu’il ne faut pas trop séparer le physique du mental au risque de perdre son équilibre. Quant aux religions, on peut citer cette phrase Christian de Chergé, prieur trappiste de Tibhirine : « Jeûne, Carême ou Ramadan, chrétiens, musulmans et juifs, sans doute nous ne courons pas de la même manière, mais le chemin est là qui n’est pas de nous et il est tellement plus grand que la course !
Source : Radio France (résumé Israël Valley)