Quelles sont les grandes lignes du budget 2025, qui doit être voté prochainement à la Knesset?
On va démarrer 2025 sans budget. A priori, le vote se tiendra fin janvier. Cela montre combien le gouvernement se soucie peu des questions économiques.
Le projet actuel vise à faire retomber le déficit public à 4% en 2025. Il s’agit essentiellement de continuer à couper les dépenses, et de relever les impôts, notamment les impôts indirects comme la TVA, la taxe d’habitation…
Les retraites devraient être dévalorisées. Il y a beaucoup d’objectifs, mais ce sont des promesses un peu vaines. Les politiques de privatisation continuent, même en pleine guerre. La poste et le port d’Ashdod sont en cours de rachat par des entreprises privées. Cette philosophie libérale n’est pas forcément ajustée en temps de guerre, qui nécessiterait plus d’intervention de l’État pour relancer l’activité, les investissements.
Le budget 2025 est un budget d’attente, qui ne prévoit rien pour l’après-guerre. Le gouvernement n’a pas de perspective de fin, c’est très grave pour l’économie, et ce sont les Israéliens qui en paient le prix. Le PIB par habitant a diminué de 3% alors que tous les prix ont augmenté, et que les impôts s’apprêtent à être relevés. Les classes moyennes vont s’appauvrir, et les pauvres devenir encore plus pauvres, creusant les inégalités d’un pays qui fonctionne déjà à deux vitesses, avec près d’un quart de la population qui vit sous le seuil de pauvreté.
Comment réagissent les Israéliens face à cette perspective de hausse des impôts?
L’Israélien comprend qu’une guerre longue a un coût. Il est prêt à mettre de sa poche. Le problème du coût de la vie n’est pour l’instant pas la priorité, dans le débat public, par rapport à la fin de la guerre et au retour des otages. La préoccupation sécuritaire reste prioritaire. Les gouvernements de droite ont toujours réussi à convaincre leur électorat défavorisé qu’il faut une défense forte pour une économie forte, et que cela demande des sacrifices. Ainsi, la consommation intérieure est le seul indicateur économique qui n’est pas au rouge. Les Israéliens veulent garder un semblant de normalité et maintiennent leurs niveaux de consommation. Les grands monopoles, comme la compagnie aérienne El Al, en profitent pour augmenter leurs prix. Pour les classes moyennes plutôt à gauche, le coût de la vie pourrait devenir un motif de départ.
JACQUES BENDELAC.
TRIBUNE DE GENEVE.