Shaï Graucher : Un pont d’amour entre les donateurs américains et les victimes israéliennes
« Même s’ils sont très loin, c’est l’amour qui montre que nous sommes unis, qu’on s’occupe les uns des autres. »

Dans une époque marquée par la division et la souffrance, un homme se distingue par sa capacité à transformer la tragédie en actes de générosité extraordinaires. Shaï Graucher, rabbin et philanthrope, est devenu une figure incontournable de solidarité en Israël depuis les attaques du 7 octobre 2023.
À la tête de l’organisation « Yahad Nenatséhar » (« Ensemble nous gagnerons »), Graucher a récolté des millions de dollars auprès de donateurs américains pour soutenir les victimes du conflit, particulièrement les otages libérés des mains du Hamas après des mois de captivité.
Une mission née dans la tragédie
Le 7 octobre 2023, Graucher se trouvait à Jérusalem avec la famille Michelson, des donateurs américains. Témoins directs de l’horreur qui s’abattait sur Israël, ils ont compris immédiatement que la situation exigeait une réponse extraordinaire.
« Le 7 octobre, ils sont entrés et ils ont voulu nous tuer parce que nous sommes juifs, » explique Graucher à i24NEWS. « Quand tout le monde se battait, après avoir vu tant de soldats blessés, peu nous importait que vous aimiez cette équipe ou une autre, on se battait pour une seule chose. » Dans un pays déjà profondément divisé avant l’attaque, Graucher a vu une opportunité de restaurer l’unité à travers la générosité. Sa mission: apporter « Hessed » (bonté) aux victimes, qu’elles soient des familles d’otages, des veuves, des orphelins ou des soldats blessés.
Des gestes symboliques aux impacts profonds
Les actions de Graucher sont aussi médiatiques que significatives. Récemment, il a fait don d’une BMW blanche à Émilie Damary, une ex-otage libérée après plus d’un an de captivité. Ce n’était pas un simple cadeau matériel, mais un symbole d’espoir et de renaissance. « Ce n’est pas l’iPhone, ce n’est pas la BMW, c’est l’amour des gens, » insiste Graucher. « Même s’ils sont très loin, c’est l’amour qui montre que nous sommes unis, qu’on s’occupe les uns des autres. » L’un des gestes les plus poignants de son organisation a été de faire graver un Sefer Torah (rouleau de la Torah) de couleur orange, en hommage à la famille Bibas. Ce rouleau a été remis à Yarden Bibas en mémoire de son épouse Shiri et de leurs deux enfants, victimes du conflit.
Une foi qui transcende les différences
Au-delà de l’aide matérielle, Graucher a découvert que de nombreux otages se sont raccrochés à la foi pendant leur captivité. « Agam est rentrée le jeudi et elle a écrit sur un bracelet ‘J’ai choisi la foi et je suis revenue à la foi’, » raconte-t-il, évoquant l’ex-otage Agam Berger. Keith Siegel, un autre ancien otage, lui a confié qu’il récitait les bénédictions avant de manger et observait le Shabbat même en captivité. « Entendre tout le monde prier le Shema Israël et parler à Dieu en se rapprochant, c’est quelque chose… Parfois nous ne le croyons pas, mais c’est vrai. »
Un héritage en construction
En 521 jours, l’organisation de Graucher a déjà distribué 91 rouleaux de la Torah à des soldats ou en mémoire des victimes. Mais au-delà des chiffres, c’est la création de liens humains qui constitue sa plus grande réussite. « Sans le 7 octobre, je n’aurais probablement jamais rencontré ces gens, » confie Graucher. « Allez les voir, écoutez leur cœur, on n’a pas besoin de parler. Il y a tant d’amour, de joie, de soutien. C’est extraordinaire. »
Alors que le conflit se poursuit et que des otages demeurent en captivité, Shaï Graucher continue son travail inlassable. Sa mission rappelle que même dans les heures les plus sombres, la générosité et l’unité peuvent faire naître des lueurs d’espoir. « Il nous faut continuer à faire ces projets d’amour et de soutien, » rappelle-t-il, « et tout faire ce que l’on peut par des prières, par de bonnes actions pour que tous les otages rentrent à la maison. »
I24NEWS.