Les industriels de la défense israéliens sont très intéressés par cette annonce : l’Union européenne envisage de réorienter 93 milliards d’euros vers la défense.
« La sécurité de l’Europe ne peut plus dépendre uniquement des garanties américaines, » aurait déclaré von der Leyen selon l’une des sources


L’Union européenne étudie la possibilité de réaffecter 93 milliards d’euros de fonds de relance post-pandémie non utilisés vers son secteur de la défense. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’efforts plus larges visant à accroître les investissements et les dépenses militaires du bloc, après que l’administration Trump a laissé entendre qu’elle pourrait réduire le soutien sécuritaire américain au continent.
Selon quatre personnes informées des discussions, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a évoqué cette option de financement lors d’une réunion du Parti populaire européen ce mardi. Cette proposition intervient dans un contexte où les besoins de financement supplémentaires de l’UE en matière de défense sont estimés à environ 500 milliards d’euros au cours de la prochaine décennie. « La sécurité de l’Europe ne peut plus dépendre uniquement des garanties américaines, » aurait déclaré von der Leyen selon l’une des sources. « Nous devons investir massivement dans notre propre capacité de défense, et ces fonds déjà approuvés mais non dépensés représentent une opportunité que nous ne pouvons pas ignorer. » Au-delà de la réaffectation des fonds de relance, la Commission européenne examine d’autres pistes de financement. Von der Leyen a notamment mentionné la possibilité de redéployer les fonds de développement régional vers des projets liés à la défense. Elle a également évoqué un « financement européen commun » comme option supplémentaire à l’étude, selon l’une des personnes familières avec le sujet. Cette approche pourrait impliquer l’émission de dette commune pour financer des projets de défense paneuropéens, sur le modèle du plan de relance NextGenerationEU. « La guerre en Ukraine et l’incertitude concernant l’engagement américain futur ont fondamentalement changé la donne, » explique un expert en politique de défense européenne. « L’Europe commence à comprendre qu’elle doit développer une véritable autonomie stratégique, et cela nécessite des investissements sans précédent. » La proposition fait face à plusieurs obstacles. Certains États membres, traditionnellement neutres comme l’Autriche ou l’Irlande, pourraient s’opposer à une militarisation du budget européen.
D’autres, comme la Pologne ou les pays baltes, pourraient s’inquiéter qu’un renforcement de la défense européenne ne vienne affaiblir l’OTAN. De plus, la réaffectation de fonds initialement destinés à la relance économique post-pandémie soulève des questions sur les priorités de l’Union et pourrait rencontrer des résistances de la part des régions qui comptaient sur ces financements. La Commission devrait présenter des propositions plus détaillées lors du prochain Conseil européen, prévu pour mars 2025, où les chefs d’État et de gouvernement discuteront des orientations stratégiques de l’Union pour les années à venir.