Israël a besoin d’un Dôme de fer social
Israël compte plus de 20% de pauvres parmi sa population ; ce taux moyen monte à 28% parmi les enfants, 33% des harédim et 38% des familles arabes.
Le rapport 2023 sur la pauvreté et les inégalités que vient de publier la Caisse d’Assurance Nationale ne laisse pas de doute : près de 2 millions d’Israéliens vivaient sous le seuil de la pauvreté soit 20,7% de la population. Israël se trouve à la deuxième place des 38 pays de l’OCDE pour l’ampleur de la pauvreté, seul le Costa Rica fait pire…
Certes, la pauvreté n’est pas un phénomène nouveau en Israël ; en revanche, il s’est aggravé depuis le début des années 2000 avec le vent de libéralisme qui a soufflé sur le pays, et lorsque le filet de protection sociale s’est aminci.
La guerre actuelle a confirmé l’efficacité du Dôme de fer, le système israélien de défense aérienne. L’ampleur de la pauvreté actuelle est aussi une menace existentielle ; un Dôme de fer social devient indispensable pour minimiser l’impact de la guerre sur la société civile.
Guerre des pauvres
Les chiffres de 2023 ne prennent pas en compte les retombées de la guerre sur le portefeuille des Israéliens. En 2024, la pauvreté fera un bond supplémentaire en raison de la guerre qui a affaibli le pouvoir d’achat des Israéliens déjà pauvres et des classes moyennes qui se sont appauvries.
En fait, les zones touchées directement par la guerre (nord et sud d’Israël) sont des régions qui étaient déjà les plus pauvres du pays avant la guerre ; ce qui laisse penser que la pauvreté a fait un nouveau bond depuis le 7 octobre 2023.
Il nous faut donc attendre les chiffres de 2024 mais aussi de 2025 pour mesurer l’impact réel de l’opération « Glaives de fer » sur la pauvreté et les inégalités de revenus.
Une chose est sûre : avec moins de revenus et plus de dépenses, de nombreux Israéliens ont davantage de mal à subvenir à leurs besoins élémentaires.
Moins de revenus
Beaucoup d’Israéliens ont vu leurs revenus chuter fortement durant la guerre, notamment les 150 000 familles déplacées du Sud et du Nord qui ont cessé leur travail durant plusieurs mois.
Des secteurs d’activité entiers tournent au ralenti (comme l’agriculture et le tourisme) ; leur redémarrage prendra du temps, laissant dans le désarroi les familles qui en vivent.
Mobilisés par Tsahal, des travailleurs indépendants ont dû fermer leurs commerces, perdant leurs investissements et sources de revenu. Les salariés ont vu leurs salaires gelés alors que l’inflation tourne autour de 3,5% en 2024, entraînant une perte équivalente de leur pouvoir d’achat.
Certes, l’État a versé des dédommagements aux déplacés et victimes de la guerre ; mais les aides sont lentes et partielles. Sans compter que les critères d’attribution sont parfois sévères et laissent sur le carreau de nombreux professionnels.
Davantage de dépenses
L’élévation du coût de la vie ne s’est pas interrompue durant la guerre, et la valse des étiquettes des supermarchés n’est pas près de s’arrêter. C’est le moment qu’a choisi le ministère de l’Économie pour supprimer l’obligation d’étiqueter le prix des produits sur les étalages des supermarchés !
Les dépenses des ménages ont donc fait un bond en 2024 sous l’effet des hausses de prix de l’alimentation, entretien, électroménager, etc… ; les grandes marques n’ont pas hésité à relever leur prix, sans aucune justification économique et avec pour seul objectif de maximiser leurs profits sur le dos du consommateur.
2025 connaîtra une nouvelle hausse des prix, mais cette-fois-ci à l’initiative du gouvernement. La hausse de la TVA et autres taxes indirectes, ainsi que la hausse des tarifs fixés par l’État (eau, électricité, essence) vont se répercuter directement sur les prix au détail et affecter les catégories sociales déshéritées.
La pauvreté n’est pas une fatalité, elle est surtout le résultat d’une politique économique choisie et des solutions pour y mettre fin existent… À condition de le vouloir et de s’en donner les moyens.
À l’instar d’un Dôme de fer sécuritaire, un Dôme de fer social permettrait de mieux combattre le fléau de la pauvreté.