Moyen-Orient. Comment l’avion de Dassault est devenu incontournable.

Par |2025-01-08T08:22:54+01:008 Jan 2025|Catégories : DEFENSE|

Le Rafale, petits secrets d’un grand succès : comment l’avion de Dassault est devenu incontournable.

Economie. Lancé au début des années 1980, l’avion de combat de Dassault Aviation a tout traversé, hésitations politiques, difficultés techniques, échecs commerciaux… jusqu’aux succès de ces dernières années.

Un Rafale prêt à s'envoler à la base de l'Otan de Siauliai, en Lituanie, le 17 décembre 2024

Un Rafale prêt à s’envoler à la base de l’Otan de Siauliai, en Lituanie, le 17 décembre 2024

afp.com/PETRAS MALUKAS

Regard de pétrole. Mâchoire serrée. Les épaules larges rentrées dans un cou de taureau. Le 16 février 2015, Abdel Fattah-al-Sissi, le président égyptien, annonce le bombardement de plusieurs sites d’entraînement et d’arsenaux de la branche libyenne du groupe Etat islamique situés en bordure de la frontière égyptienne. La réponse musclée à une vidéo diffusée quelques jours plus tôt par l’EI montrant la décapitation de 21 Egyptiens d’origine copte. Au même moment, dans les salons d’apparat du palais d’el-Orouba au Caire, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères français, et Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, retiennent leur souffle. Les derniers détails de l’accord ont certes été vissés lors d’une rencontre, quelques semaines auparavant, entre François Hollande et al-Sissi à Riyad, en Arabie saoudite, à l’occasion des funérailles du roi Abdallah. Mais dans ce type de contrat, tout peut capoter à la dernière minute.

Eric Trappier le sait bien, lui qui a subi tellement de revers commerciaux. Mais cette fois-ci sera la bonne. Quelques heures après avoir lâché ses bombes sur la Libye, le président al-Sissi paraphe en grande pompe avec les deux Français le contrat entérinant la fourniture à l’Egypte de 24 Rafale. Une vente historique, la première pour l’avion de combat tricolore. Un « deal » à 5,2 milliards d’euros qui comprend également la livraison d’une frégate multimission Fremm, fabriquée par la DCNS, et la vente de missiles air-air Mica et de croisière Scalp, produits par MBDA. Chacun des membres de « l’équipe de France » a joué sa partition. L’Elysée, le Quai d’Orsay, la direction générale de l’Armement (DGA) et l’avionneur. Jusqu’aux banques françaises qui vont prêter la moitié de la somme à l’Egypte et la Coface – donc l’Etat français – qui garantira la totalité de l’emprunt.

La conclusion de cinq mois de discussions intenses, un temps record pour un contrat de cet ordre. Quasiment vingt ans que la France et son champion industriel attendaient ce moment. A l’automne 2014, le maréchal al-Sissi avait informé Le Drian : il lui faut des Rafale. Cette fois, il n’achètera pas américain. « Où est le contrat ? » lance-t-il à Eric Trappier la première fois que les deux hommes se rencontrent. Le président égyptien veut faire voler ses avions pour l’inauguration de la seconde voie du canal de Suez à l’été 2015. Alors, il faut aller vite. Pour Dassault Aviation, les planètes sont enfin alignées. Le contexte géopolitique a changé. L’Egypte a compris que l’assurance américaine était à géométrie variable.

Après tout, Washington n’a pas levé le petit doigt quand Hosni Moubarak a été renversé, laissant les clés du pays à Mohamed Morsi et aux Frères musulmans jusqu’au coup d’Etat d’al-Sissi à l’été 2013. « Barack Obama a finalement été le meilleur ambassadeur du Rafale », ironise le général de corps aérien Bruno Clermont. S’ajoutent aussi tous les à-côtés promis par la France, l’appui technique, la formation des pilotes… Et puis le facteur humain. « Avec le président égyptien, le courant est bien passé, même si la négociation a été rude », confie aujourd’hui le PDG de l’avionneur.

« Le succès du Rafale fait du bien ».

Ce premier contrat va en débloquer beaucoup d’autres dans la foulée : en 2015, Dassault signe avec le Qatar la livraison de 24 avions, 36 pour l‘Inde en 2016, de nouveau 12 pour le Qatar en 2017… Auxquels s’ajoutent les 80 Rafale vendus en 2021 aux Emirats arabes unis

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