Depuis que les autorités danoises ont annoncé, en janvier 2023, l’acquisition de 19 canons portés Atmos 2000 auprès de l’israélien Elbit Systems, pour remplacer les Caesar 8×8 français envoyés par Copenhague en Ukraine, de nombreuses questions ont émergé autour de cet arbitrage.

Pour le français KNDS, cette décision fit l’effet de gifle donnée en public, tant rien ne laissait présager un tel retournement de situation de la part des autorités et des armées danoises qui, jusqu’ici, semblaient satisfaites de leurs Caesar.

Rapidement, les questions et investigations de la presse danoise, elle aussi intriguée par cet arbitrage brutal, se transformèrent en scandale d’état, obligeant le ministre de la Défense à présenter officiellement ses excuses au Parlement, pour avoir transmis des documents incomplets et pouvant induire en erreur le lecteur.

Reste que, pour KNDS, la pilule était difficile à avaler. De toute évidence, le groupe français envisageait sérieusement de mener l’affaire devant les tribunaux danois. En effet, pour éviter cela, un accord aurait été conclu entre les parties, pour en rester là. Et cet accord ne doit guère être favorable pour les autorités danoises, puisque le contenu de celui-ci, et ses modalités, doivent rester confidentielles.

On pouvait s’interroger sur l’incohérence apparente entre la décision danoise de se tourner vers l’ATMOS 2000, un canon porté qui offre des performances très similaires à celles du Caesar, et les investissements danois qui financent la construction d’une partie des 76 Caesar promis par la France à l’Ukraine d’ici à 2025.

On comprend, à présent, que la participation danoise représente une compensation pour KNDS, afin d’empêcher qu’un procès autour du programme ATMOS n’ait pas lieu. Ainsi, il y a quelques jours seulement, Copenhague confirmait la libération d’une enveloppe de 308 m€, pour la construction d’un nombre indéterminé de canons Caesar MkI destinés aux armées ukrainiennes.

Avec un prix unitaire estimé à 5 m€, cette enveloppe permet donc le financement d’une soixantaine de Caesar MkI, pour les armées ukrainiennes, soit une grande majorité des 76 caesar promis par la France.

Ces 308 m€ représentent également une enveloppe de financement pour plus d’une quarantaine de Caesar 8×8, et s’avèrent même 22,5 % plus élevé que les 252 m€ prévus pour acquérir les 19 Atmos 2000 et les 6 systèmes lance-roquettes multiples PULS israéliens..

On comprend, dans ces conditions, les raisons qui amènent KNDS à lever sa plainte, pour éviter le procès, et permettre à l’industriel « de se concentrer sur sa bonne coopération avec le Danemark en faveur de l’Ukraine« , selon les mots de Gabriel Massoni, le porte-parole de l’industriel, dans une réponse apportée au site d’information danois Altinget.dk.

En revanche, les raisons ayant amené le ministère de la Défense danois et le Forsvarsministeriet anbefalede Folketinget, ou FMI, l’Agence du matériel et des achats littéralement, à tronquer la procédure de remplacement des 19 CAESAR 8×8 envoyés en Ukraine, en faveur des ATMOS 2000, restent pour l’heure, totalement obscures.

Source : Meta Defense (copyright)

 

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