Le IIe arrondissement de la capitale, jadis fief historique du textile, est devenu une pépinière géante de start-up, dans un quartier où se croisent geeks, bobos. De nombreux israéliens ont eu l’occasion de se rendre dans ce lieu magique.
Silicon Sentier est un quartier d’affaires de la capitale, délimité par la rue du Sentier, le boulevard Sébastopol, le boulevard Poissonnière et la rue de Réaumur dans le 2ème arrondissement de Paris. Désigné comme la “Silicon Valley” française, le quartier du Sentier a toujours été un lieu de concentration d’activités commerciales. Depuis le XVIIème siècle, des amendements royaux ont encouragé l’essor de certaines professions artisanales dans le quartier. S’y sont succédés menuisiers, doreurs, marchands de tissus et de prêt-à-porter. .
LES ECHOS : « La chaleur moite se fait particulièrement pesante dans les rues de Paris en cette fin de mois de juin. Depuis le passage du Caire, les livreurs du Sentier, diable à bout de bras, déambulent moins lestement qu’à l’habitude, presque essoufflés. Face à eux, une poignée de jeunes hipsters s’aèrent les synapses devant Numa, un accélérateur de start-up. Ce microcarrefour, niché près du siège de PriceMinister, le site de commerce en ligne, et de la Maison du Bitcoin (la monnaie électronique), illustre la transformation profonde du quartier, longtemps porté par l’activité textile et marqué par la prostitution.
En l’espace de quelques années, il s’est métamorphosé. Les étroites ruelles qui relient le boulevard de Bonne-Nouvelle au nord, la rue Saint-Denis à l’est, la rue Réaumur au sud et la rue Montmartre à l’ouest dessinent désormais le quadrilatère magique de la French Tech. Elles abritent autant de sièges sociaux, d’incubateurs et d’espaces de coworking que d’ateliers de confection ou de boutiques de vente de vêtements en gros. Néoentrepreneurs, codeurs, grands groupes avides de se brancher à l’écosystème numérique, tous veulent s’y installer.
La mue s’est amorcée au tournant du siècle. Trois amis de Polytechnique créent alors l’association Silicon Sentier. Ils souhaitent fédérer un secteur naissant, non sans un certain succès. Las, quelques mois plus tard, la bulle Internet explose et la plupart des entrepreneurs qui se sont ancrés dans le quartier le désertent après la faillite de leur entreprise.
Pendant plusieurs années, le projet toussote. Mais, comme se le rappelle Marie-Vorgan Le Barzic, cofondatrice et PDG de Numa, la volonté n’a jamais failli: «Nous pensions qu’il fallait rassembler les personnes qui entreprenaient encore dans ce secteur plutôt que de les laisser chez elles.» La Cantine, un espace entièrement dédié au travail collaboratif, voit le jour en 2008 à l’initiative de Silicon Sentier. La structure s’installe dans le passage des Panoramas et convainc la soixantaine d’entreprises qui paient pour un accès au wifi de l’ouvrir afin d’en faire bénéficier un maximum de gens. Le quartier a alors les meilleures connexions de Paris: le réseau Internet haut débit s’est d’abord construit autour du Palais Brongniart, temple de la Bourse autour duquel les opérateurs télécoms ont posé les premières autoroutes de fibre optique ».