IsraelValley a sélectionné un article tout a fait intéressant. « France-Israël : puisque le foot est politique ».
Par Mathieu Rollinger, à Saint-Denis
Ce France-Israël restera moins mémorable pour la qualité du football proposé que pour tout ce qu’il a cristallisé autour : une société fragmentée par un conflit qui a trop duré. Récit d’une soirée vécues entre deux scènes mais zéro ambiance.
Quel bruit sont capables d’offrir 16 611 spectateurs dans un stade pouvant en accueillir le quintuple ? Suffisamment pour huer avec la même intensité l’hymne israélien, l’entrée en jeu du néo-marseillais Adrien Rabiot ou la piètre prestation de Bleus. Suffisamment aussi pour pousser aux quatre coins des tribunes des chants en soutien aux otages en captivité depuis le 7 octobre 2023 ou à l’encontre du Hamas. Une échauffourée a bien éclaté au niveau de la porte N peu avant la pause, dans un des secteurs où les supporters étaient (étrangement) mélangés, mais c’est tout ce qui aura secoué ce France-Israël qui avait suscité tant de craintes. Quelque part tant mieux, mais ce climat d’anxiété dans un stade aux allures de bunker ne devrait jamais être un cadre pour une rencontre de football.
Le chemin vers le stade sera aussi celui vers la déprime. Au lieu des habituels afflux de supporters peinturlurés et animations bon enfant, les artères de Saint-Denis sont plongées dans un silence réservé aux nuits d’automne, que seules les cohortes de fourgons de CRS viennent troubler.
Derrière les cordons de sécurité, après les palpations, certains ont tenté l’aventure, quitte à fermer les yeux sur la situation. « C’est dommage de mélanger sport et politique comme ça, on est venu voir un match de foot, dit Anthony, venu de Lille avec son chapeau tricolore. Je pense que les joueurs israéliens ne sont pour rien dans ce qui se passe actuellement. »
Ce rendez-vous a finalement surtout été honoré par les supporters d’Israël. Si quelques dizaines ont été placées en parcage par l’entremise de l’État hébreu, la communauté juive de France a déployé des centaines de drapeaux à l’Étoile de David dans les autres tribunes. Jonathan et Johanna sont venus en famille et ont caché le leur sous le manteau, le temps du trajet. « On veut voir un beau match prendre du plaisir. En tant que supporter de Paris j’espère voir Kolo Muani marquer un but » dit le père, relayé par sa femme : « On a déjà fait Israël-Japon pendant les JO à Nantes et ça s’était super bien passé. Les enfants voulaient cette fois découvrir le Stade de France. J’ai un frère qui est en Israël qui a très peur pour nous, malgré tout ce qui se passera passe là-bas, nos parents flippnt mais je refuse de ne pas faire quelque chose parce qu’on est juif. Si les gens veulent manifester, c’est leur droit, mais il ne faut pas tout mélanger : c’est censé être un moment de plaisir, pas d’angoisse. »
C’est sûrement pour exorciser cette angoisse que Dan s’est vêtu de la tête aux pieds aux couleurs israéliennes. « On est surtout là pour montrer qu’on n’a pas peur, clame-t-il au milieu de ses potes. On vient de Sarcelles on a pris le RER on ne s’est pas caché et on a eu aucun problème. Je suis déjà hyper contents que ce ne soit pas à huis clos, ça montre que la France ne baisse pas la tête. »
EXTRAITS UNIQUEMENT. Par Mathieu Rollinger, à Saint-Denis
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