Une élection nationale, aux enjeux internationaux. Si la campagne présidentielle américaine est scrutée aux États-Unis, elle l’est aussi dans le reste du monde, tant l’élection pourrait faire évoluer la position américaine sur la scène internationale. C’est le cas notamment au Proche-Orient, où l’État israélien poursuit sa guerre dans la bande de Gaza et intensifie ses frappes contre le Hezbollah , au Liban. Or, si ce conflit est loin des préoccupations de la plupart des électeurs américains, il pourrait malgré tout jouer à la marge sur l’issue du vote. On vous résume ce qu’en ont dit les deux candidats à la présidentielle.
Kamala Harris ou Donald Trump, qu’est-ce que cela change ?
Malgré un discours sur le conflit, exprimé différemment par Kamala Harris comme Donald Trump, les deux candidats partagent des positions similaires. Ils assurent ainsi tous deux un soutien à Israël et une volonté de résoudre le conflit en cours. « Nous soutiendrons Israël et chercherons la paix au Moyen-Orient », promet simplement dans son programme le candidat républicain . « La vice-présidente Harris va toujours soutenir le droit d’Israël à se défendre et elle veillera toujours à ce qu’Israël ait la capacité de se défendre », est-il par ailleurs inscrit dans le programme de Kamala Harris.
Celle-ci, à la différence de Donald Trump, évoque également la situation des Palestiniens. Elle promet ainsi de travailler à un plan pour qu’Israël soit en sécurité, que les otages soient libérés, mais aussi que « la souffrance à Gaza cesse et le peuple palestinien [puisse] obtenir son droit à la dignité, à la sécurité, à la liberté et à l’autodétermination ». « Elle va parler de l’inquiétude autour de l’aide humanitaire à Gaza, ce que Donald Trump ne fera pas », estime ainsi auprès de TF1info, Elizabeth Sheppard Sellam, maîtresse de conférence à l’université de Tours.
L’élection de l’un ou de l’autre des candidats ne devrait donc pas changer la position diplomatique américaine. « Il y a traditionnellement aux États-Unis une relation très proche avec Israël, depuis sa création. Cela ne veut pas dire que les États-Unis acceptent tout des Israéliens, il faut être honnête, mais ça veut dire que la relation très forte ne va pas changer du jour au lendemain. Que ce soit démocrates ou républicains, il y a des nuances, mais le soutien indéfectible à Israël prime avant tout », souligne l’universitaire.
Des électeurs au moins pour le parti démocrate.
Par ailleurs, pour Elizabeth Sheppard Sellam, le conflit au Proche-Orient n’est pas un motif de vote pour la plupart des électeurs américains. « Les gens sont très basiques, ils votent par rapport à ce qui les affecte au quotidien. Ils vont voter sur l’économie, ils vont voter sur l’inflation », indique encore l’experte en relations internationales.
Pour autant, le conflit reste très concernant pour certains électeurs et dans certains États. Une partie de la gauche américaine a ainsi regretté que Kamala Harris ne soit pas plus loquace ou active sur ce sujet. Au Michigan , où un grand nombre d’Arabo-Américains résident, la candidate démocrate a tenté de reconquérir un public, normalement acquis aux Démocrates, mais désormais très critique vis-à-vis de l’action de l’administration Biden au Proche-Orient, dont Kamala Harris doit porter le bilan. « Ça peut lui porter préjudice et comme le Michigan est un swing state , cela pose un problème », reconnaît Elizabeth Sheppard Sellam.
La chercheuse remarque par ailleurs que la candidate démocrate pourrait également perdre des électeurs parmi la communauté juive. « Elle est traditionnellement acquise à la cause démocrate, mais il y en a beaucoup qui vont voter Républicains parce qu’ils ont très peur », ajoute la maîtresse de conférence, évoquant les manifestations pro-palestiniennes sur les campus américains , dont certaines ont donné lieu à de l’antisémitisme. « Le manque de réaction a fait peur à la communauté juive américaine et ils vont clairement changer leur vote », estime l’experte.
Si la communauté juive ne représente pas non plus une part importante de la population américaine, la perte de ces voix pourrait malgré tout avoir un impact significatif. Car l’élection est annoncée extrêmement serrée. Les sondages indiquent que les deux candidats sont au coude à coude et l’issue du scrutin pourrait se jouer à quelques voix près. Aucune ne doit manquer pour remporter la Maison-Blanche.
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